Après l'assassinat de son frère, Amine Kessaci appelle à "la révolte face au narcotrafic" information fournie par AFP 19/11/2025 à 21:37
"Levons-nous ensemble": au lendemain des obsèques de son frère Mehdi à Marseille, Amine Kessaci a appelé mercredi à ce que "la révolte face au narcotrafic soit durable" espérant que "des milliers" de personnes participeront samedi à une marche blanche pour dire "stop".
Le maire divers gauche de Marseille, Benoît Payan, a lui appelé ses administrés à y participer: "N'ayez pas peur", a-t-il dit, assurant que les narcotrafiquants, "cette mafia", "ne nous feront pas taire", dans une interview à l'AFP.
Amine Kessaci, 22 ans, ne s'était pas exprimé depuis l'assassinat il y a une semaine de son petit frère de 20 ans, abattu par deux hommes à moto en plein jour, à quelques mètres de l'Hôtel du département des Bouches-du-Rhône.
"Hier j'ai enterré mon frère", a indiqué dans une tribune publiée par Le Monde mercredi le jeune militant écologiste qui lutte depuis plusieurs années contre le narcobanditisme. "Mon coeur n'est que blessure. La douleur m'éparpille. Mais elle n'effrite pas ma lucidité".
Lors des obsèques de Mehdi, encadrées d'un important dispositif policier, Amine Kessaci, menacé depuis des mois, portait un gilet pare-balles, a indiqué une source policière à l'AFP.
"Voici ce que font les trafiquants: ils tentent d'annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l'oeuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il dénoncé.
"Il ne s'agit pas d'un crime d'avertissement, il s'agit d'un crime, un crime politique, un crime de lâches qui ont assassiné un jeune innocent" qui n'avait aucun lien avec le narcotrafic, a estimé M. Kessaci sur France 2. Tout en ajoutant être aujourd'hui traversé par "un sentiment de culpabilité et non pas un sentiment de peur".
L'association qu'il a fondée, Conscience, pour venir en aide aux familles de victimes de narchomicides, a appelé à les rejoindre pour "une marche blanche silencieuse" pour soutenir la famille samedi à 15H00 au rond-point où son frère a été assassiné.
"Le message, il est simple: c'est que plus on est à porter cette voix, et moins on devra avoir peur. Aujourd'hui, on est quelques centaines à porter ce combat, à se mobiliser. Mais mobilisons-nous davantage et ça garantira la protection de tout le monde", a affirmé M. Kessaci espérant que "plus de 100.000 personnes" se mobiliseront samedi.
- "Calvaire" -
"La réponse qui doit être apportée, d'abord, c'est une forme d'unité nationale. C'est aussi dire à ces gens qui ont commis cet assassinat que nous n'avons pas peur d'eux, qu'ils ne nous font pas peur, que nous leur mènerons la guerre et que nous la gagnerons sur tous les fronts", a assuré Benoît Payan.
Les patrons du PS Olivier Faure et des Verts Marine Tondelier ont déjà annoncé leur participation.
Amine Kessaci a été obligé par la police de quitter Marseille en août et vit depuis sous protection policière.
"C'est un calvaire qu'il a traversé seul, peu de gens étaient au courant. Beaucoup de militants ont compris en même temps que l’assassinat de son frère l'ampleur des menaces dont il faisait l’objet", a raconté Mme Tondelier à l'AFP.
Près d'une semaine après l'assassinat de Mehdi Kessaci, la lutte contre le narcotrafic et ses manquements, domine le débat public.
Le ministre de l'Intérieur, Laurent Nuñez, et son homologue de la Justice, Gérald Darmanin, se rendront d'ailleurs jeudi à Marseille, sur demande du chef de l'Etat, notamment pour participer à une réunion de travail sur la criminalité organisée en présence des autorités judiciaires et des forces de sécurité intérieure marseillaises. Ils rencontreront également la famille Kessaci en début d'après-midi.
Le président Emmanuel Macron a fustigé mercredi les "bourgeois des centres-villes" qui financent "parfois" le narcotrafic, selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon.
Le président avait appelé mardi à "amplifier" la lutte contre le narcotrafic en adoptant la même approche que pour "le terrorisme", à l'issue d'une réunion d'urgence à l'Elysée sur le sujet.
Le garde des Sceaux Gérald Darmanin a annoncé mercredi sur X avoir réclamé aux Emirats l'extradition d'"une quinzaine" de narcotrafiquants présumés "particulièrement signalés" recherchés par la France. Des figures de premier plan du narcotrafic en France se sont installées à Dubaï, où elles se sont parfois constitué d'importants patrimoines immobiliers.