Allemagne-Les partis dévoilent leurs programmes avant les législatives anticipées information fournie par Reuters 17/12/2024 à 12:02
par Andreas Rinke et Matthias Williams
Les principaux partis politiques allemands dévoilent mardi leurs programmes en vue des élections législatives anticipées du 23 février, offrant des visions concurrentes pour sortir la plus grande économie d'Europe du marasme économique tout en luttant contre une poussée de l'extrême droite.
Les Allemands se rendront aux urnes après que la coalition au pouvoir a éclaté le mois dernier, le chancelier Olaf Scholz ayant décidé de limoger son ministre des Finances, Christian Lindner, après des semaines de déchirements sur les orientations économiques et budgétaires d'un gouvernement devenu largement impopulaire.
Comme escompté, Olaf Scholz a perdu lundi la confiance du Bundestag, la chambre des députés, ouvrant la voie à des élections anticipées.
Le scrutin se déroule à un moment difficile pour l'Allemagne. Son économie devrait se contracter pour la deuxième année consécutive et des géants industriels comme Volkswagen
VOWG_p.DE sont en difficultés. Le pays connaît aussi un durcissement de ton considérable à l'égard des migrants.
Les détails des programmes électoraux des partis ont déjà été en grande partie divulgués avec pour principaux points d'attention l'économie, la protection sociale, l'immigration et la guerre en Ukraine.
Le candidat conservateur Friedrich Merz et son parti, l'Union chrétienne-démocrate (CDU), souhaitent réduire l'impôt sur le revenu et la fiscalité sur les sociétés, ainsi que les prix de l'électricité, afin de relancer l'économie.
Tout en se montrant ouvert à une réforme modérée, Friedrich Merz a pour l'heure affirmé sa volonté de conserver le "frein à l'endettement", un plafond de dépenses publiques inscrit dans la Constitution. Cet outil a été introduit après la crise financière de 2009 mais ses détracteurs affirment qu'il entrave la croissance en limitant les emprunts et les investissements.
Les sociaux-démocrates (SPD) d'Olaf Scholz veulent réformer ce frein à l'endettement.
Luttant pour reprendre l'initiative, le SPD a également proposé d'encourager les investissements privés et de moderniser les infrastructures grâce à un fonds hors budget de 100 milliards d'euros. Il prévoit d'introduire une prime "Made in Germany" pour stimuler l'investissement.
DIVISIONS SUR L'UKRAINE
Sous le mandat d'Olaf Scholz, l'Allemagne a augmenté ses dépenses en matière de défense et est devenue le deuxième plus grand soutien militaire de l'Ukraine, après les États-Unis.
Friedrich Merz (CDU) souhaiterait aller plus loin en équipant Kyiv de missiles Taurus, une mesure dont Olaf Scholz craint qu'elle n'entraîne l'Allemagne dans une confrontation directe avec la Russie.
De son côté, le parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD), actuellement en deuxième position après les conservateurs dans les sondages d'opinion, souhaite mettre fin aux livraisons d'armes à l'Ukraine et renouer les liens avec Moscou.
L'immigration est un autre sujet pressant.
L'Allemagne, qui avait mené une politique favorable à l'accueil des réfugiés syriens et autres lors de la crise des migrants de 2015, a depuis durci sa position et réintroduit cette année les contrôles aux frontières.
Friedrich Merz a fait pression pour que les migrants soient refoulés aux frontières de l'Allemagne et souhaite qu'un pays tiers traite les demandes d'asile.
(Rédigé par Matthias Williams ; version française Mara Vîlcu, édité par Blandine Hénault)