Allemagne-Audition de Merkel devant une commission d'enquête sur l'affaire Wirecard information fournie par Reuters 23/04/2021 à 10:31
par John O'Donnell et Christian Kraemer
FRANCFORT, 23 avril (Reuters) - La chancelière allemande, Angela Merkel, doit témoigner ce vendredi devant la commission d'enquête parlementaire chargée de faire toute la lumière sur la société de paiement Wirecard, dont l'effondrement a provoqué un scandale retentissant.
Angela Merkel devra notamment expliquer pourquoi elle a vanté les mérites de l'ancien fleuron allemand de la technologie quelques mois à peine avant son dépôt de bilan, après la découverte d'un trou de 1,9 milliard d'euros dans ses comptes
Le témoignage de la chancelière sera le point d'orgue d'une enquête publique sur une affaire qui a entaché la réputation de rigueur de l'Allemagne, révélé des liens entre les milieux politiques et ceux des affaires et provoqué des démissions en cascade ainsi que des poursuites devant les tribunaux.
Pour sa défense, le gouvernement d'Angela Merkel a déjà déclaré que la chancelière ignorait tout des irrégularités comptables de Wirecard, dont la capitalisation boursière a atteint jusqu'à 28 milliards de dollars (23 milliards d'euros), moins de deux ans après son admission à la Bourse de Francfort.
Les parlementaires accusent le gouvernement allemand d'avoir fermé sciemment les yeux sur la situation comptable de Wirecard jusqu'à son effondrement l'an dernier.
Ils souhaitent connaître les motifs qui ont poussé Angela Merkel à évoquer le rachat prévu par Wirecard d'une entreprise chinoise lors d'une visite d'Etat en septembre 2019. Un haut responsable du gouvernement s'était également engagé à cette époque à soutenir davantage l'ex-fleuron de la "fintech" allemande.
"La chancelière a fait pression en faveur de Wirecard auprès de l'homme le plus puissant de Chine", a déclaré Fabio De Masi, l'un des parlementaires à la tête de cette commission d'enquête. Il se demande pourquoi la chancelière a accordé une telle faveur au groupe.
Pour Stephan Klaus Ohme, de Transparency International, la débâcle de Wirecard a montré les failles du modèle de "laissez faire" allemand à l'égard de l'industrie.
"En Allemagne, on doit s'en tenir aux règles, mais si on en contrevient, il ne se passe rien. Les sanctions sont ridicules", a-t-il déclaré.
(Paul Carrel et Tom Sims; version française Claude Chendjou, édité par Jean-Michel Bélot)