Aides publiques, plans sociaux, recherche... : Sanofi passe sur le grill de la commission d'enquête du Sénat
information fournie par Boursorama avec Media Services 27/03/2025 à 09:09

Les sénateurs ont interrogé le groupe pharmaceutique sur les aides publiques touchées, mais aussi sur les réductions de postes et les dividendes versés aux actionnaires.

( AFP / LUDOVIC MARIN )

Sénateurs et cadres dirigeants de Sanofi ont eu des échanges tendus mercredi 26 mars dans le cadre de la commission d'enquête du Sénat sur l'utilisation des aides publiques versées aux entreprises.

"On n'est pas là pour se faire endormir , mais pour parler de l'efficience des aides publiques", dont a bénéficié Sanofi en France, s'est agacé Olivier Rietmann, président de cette commission, lors de l'audition de quatre responsables du laboratoire pharmaceutique français. Le sénateur (LR) de Haute-Saône s'est dit "hyper étonné qu'aucun" de ces quatre dirigeants "ne soit capable de donner les résultats de Sanofi France sur les dernières années", alors qu'à plusieurs reprises, le laboratoire a semblé réticent ou lent à répondre sur certains points.

En 2023, Sanofi a touché 108 millions d'euros de crédit d'impôt recherche en France, "soit moins de 5% de nos dépenses en R&D (recherche et développement, NDLR) sur l'année", ainsi que 17,7 millions d'euros de crédit mécénat et crédit d'impôt famille, a listé Charles Wolf, directeur France et directeur général vaccins France de Sanofi.

Il a ajouté, "en exonération et allégement de cotisations, 7,4 millions d'euros, c'est-à-dire à peu près 0,4% de [la] masse salariale [du groupe] en France, auxquels s'ajoutent les bonus apprentissage pour 12,2 millions d'euros" pour environ 1.800 apprentis. "Et enfin, 5 millions d'euros d'aide de Bpifrance, de l'ADEME, des régions et des collectivités", a-t-il complété.

Quatre plans sociaux en dix ans

"La question, c'est qu'en même temps qu'on vous a donné plus d'un milliard d'euros pour le crédit d'impôt recherche sur une dizaine d'années, les effectifs ont fondu de 3.500 suppressions en R&D", a pointé le rapporteur communiste Fabien Gay. "On ne comprend pas trop ce chiffre" , a rétorqué la directrice financière de Sanofi France, Agnès Perré, faisant état d'une "réduction d'environ un millier d'emplois dans la recherche et développement" en France sur dix ans, sans licenciement.

Quatre plans sociaux ont été engagés en dix ans par Sanofi dans la R&D, en 2014, 2019, 2021 et 2024 avec l'annonce de 330 suppressions de postes en France, principalement à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne). "Oui, il y a des transformations. Oui, nous devons moderniser. Oui, parfois, nous déménageons d'un site à l'autre, mais nous ne fermons pas de site", a déclaré Charles Wolf, en rappelant que Sanofi dépense 2,5 milliards d'euros tous les ans dans la R&D en France.

30 ans d'augmentation des dividendes

Le groupe, dont le bénéfice net annuel a atteint 5,74 milliards d'euros l'an dernier, propose à ses actionnaires un dividende de 3,92 euros par action au titre de cet exercice 2024, marquant 30 années d'augmentation consécutive.

Au sujet de la relation entre ce niveau des dividendes et celui des aides publiques, Charles Wolf a relevé que l'entreprise se situe "dans la moyenne de l'industrie pharmaceutique" concernant le pourcentage de dividendes.

"On a bien compris que pour vous, il n'y a pas forcément de relation entre le niveau des dividendes, le fait de licencier, le fait de toucher des aides publiques. C'est complètement distinct", a conclu Olivier Rietmann au bout de près de deux heures d'audition.

Mais "si je regarde l'ensemble des aides que vous avez touchées et l'ensemble des dividendes, je me dis qu' il y a une bonne partie des aides que vous avez touchées qui sont parties en dividendes" , a-t-il poursuivi.

"On a l'impression que c'est fromage, dessert et digestif. Et à la fin, c'est les salariés qui sont la variable d'injustice", a ironisé Fabien Gay.