Advicenne : le marché américain en ligne de mire information fournie par Biotech Finances 24/09/2019 à 19:31
La biotech nîmoise a dévoilé des comptes semestriels marqués par un creusement des pertes opérationnelles qui passent de 4 à 6,7M€ par rapport au premier semestre de l'an passé, tandis que la trésorerie nette recule de 33 à 21,8M€, à fin juin. Un montant qui n'inclut pas cependant le prêt de 20 M€ que la Banque Européenne d'Investissement (BEI) a accordé mi-juillet, à la société. Advicenne a puisé dans ses réserves pour financer les essais cliniques menés avec son médicament phare, ADV7103, dans l'acidose tubulaire rénale dystale (ATRD) aux États-Unis – étude ARENA pour laquelle le recrutement des patients a commencé - et dans la cystinurie en Europe, ainsi qu'au cout préparatifs du lancement commercial d'ADV7103 en Europe dans l'ATRD.
Spécialisée en néphrologie, Advicenne a développé, à partir d'une technologie de formulation à libération prolongée, un candidat-médicament combinant deux principes actifs, le citrate de potassium anhydre et le bicarbonate de potassium. Destiné aux patients souffrant d'ATRD ou de cystinurie, deux pathologies rénales nécessitant un traitement chronique lourd, ce produit se substitue aux préparations pharmaceutiques hospitalières, dont il se distingue par une moindre fréquence de prises, son absence de goût et sa facilité d'administration.
La société a limité la casse en bourse, depuis deux ans, mais faute d'une actualité soutenue et de volumes importants, elle a aussi peiné à retenir l'attention des investisseurs. Malgré des résultats de phase III positifs en main, lorsqu'elle est entrée en bourse fin 2017, les lenteurs de l'agence européenne du médicaments (EMA) et des soucis de manufacturing nt pesé sur sa dynamique. Elle a dû laisser s'écouler 15 mois avant de déposer, enfin, en mars, le dossier d'enregistrement d'ADV7103 auprès de l'agence.
AMM européenne pour fin 2020
Les dirigeants tablent désormais sur une AMM européenne pour fin 2020. À cet horizon, ou peut-être début 2021, ils auront également les résultats de l'étude américaine ARENA-2. Quelques mois plus tard, ce seront ceux de l'étude pivotale (II/III) qui vient de démarrer, en Europe, dans la cystinurie. Un flux d'actualités plus soutenu se prépare donc pour la société, dont la situation financière est par ailleurs très confortable, avec plus de 24 mois d'autonomie. De quoi lui donner des ailes, alors que ses dirigeants devront trancher dans les tous prochains mois sur une question stratégique : Advicenne doit-elle chercher un partenaire pour le marché américain ou s'y implanter directement ?
«Une telle stratégie présente toujours des risques, mais le cas d'Advicenne est particulier, car la société a déjà une trame pour bâtir une stratégie commerciale», estime Jamila El Bougrini, analyste chez Gilbert Dupont. La biotech dispose en effet d'une force de vente en France avec deux produits, indiqués dans l'épilepsie, qu'elle commercialise sous licence : Likozam et Levidcen et qui ont généré 757.000 € au 1er semestre 2019 (+73%). «Lorsque, d'ici trois ans, Advicenne sera en position de commercialiser un premier produit outre-Atlantique, elle pourra en principe s'appuyer en Europe sur des revenus d'ADV7103, auxquels s'ajouteront les redevances de Primex sur les ventes d'ADV6209.» Une équation différente de celle d'une biotech classique et une prise de risque plus acceptable ? Les dirigeants rendront leur verdict l'an prochain.
Propos recueillis par Biotech Finances - «Biotech Finances est un média spécialisé sur l'écosystème francophone des biotechs et des medtechs»