Actions américaines ou actions européennes : quelles perspectives ?
information fournie par Café de la Bourse 16/06/2025 à 10:15

boussole bourse (Crédits: Unsplash)

Après une forte année boursière en 2024, les investisseurs évoluent dans un environnement complexe marqué par des tensions géopolitiques, des transitions économiques majeures et des fondamentaux de marché divergents en 2025.

Alors que les marchés actions américains ont longtemps dominé, l'Europe revient au centre de l'attention, incitant de nombreux investisseurs à repenser l'allocation de leurs portefeuilles. Après tout, cette année est le troisième meilleur début d'année en Bourse pour l'Europe par rapport aux États-Unis depuis plus d'un demi-siècle.

Faut-il se positionner sur les opportunités émergentes du marché européen ou sur la solidité structurelle du marché américain en 2025 ?

Marché américain : un marché robuste avec des valorisations élevées

Alors que les investisseurs tentent de déterminer l'impact de la politique de Donald Trump sur l'économie américaine et mondiale, les États-Unis ont été boudés par les investisseurs durant la première partie de 2025 :

Points forts du marché américain :

  • Économie robuste : L'économie américaine demeure un moteur mondial incontestable. Sa résilience et sa capacité d'adaptation lui permettent de maintenir un dynamisme exceptionnel, la positionnant comme l'une des plus performantes et influentes à l'échelle planétaire. Cette force économique est un atout majeur pour les investisseurs et la stabilité des marchés.
  • Grandes marques internationales rentables : Les États-Unis sont le berceau de nombreuses entreprises leaders mondiaux, notamment dans les secteurs de la technologie et de la consommation. Ces entreprises génèrent des revenus importants et profitent d'une croissance significative qui bénéficie directement au marché boursier et à l'économie en général. Elles sont souvent à la pointe des avancées qui façonnent notre quotidien.
  • Profil démographique porteur : Sur le long terme, les États-Unis bénéficient d'un profil démographique particulièrement prometteur. La croissance continue de leur population, soutenue à la fois par la natalité et l'immigration, garantit une demande interne solide et croissante. Cette dynamique démographique est un facteur essentiel de soutien à la consommation, à l'investissement et à la croissance économique durable du pays.

Risques du marché américain :

  • Valorisations élevées : Le S&P 500 se négocie à un ratio cours/bénéfices (P/E) de 25, contre 16 pour l'Europe. Ce niveau est non seulement supérieur à la moyenne historique américaine (19 % au-dessus de sa moyenne sur 15 ans d'après la société d'investissement Schroders), mais aussi bien au-dessus des standards internationaux.
  • Risque géopolitique : Les tensions commerciales entre les États-Unis et le monde continuent de faire la une alors que le président Trump impose une série de taxes à l'importation sur les produits étrangers.
  • Risque de concentration élevé : Le marché américain est fortement dépendant de la performance d'un petit nombre de géants de l'IA et du secteur de la technologie (souvent appelés les « Sept Magnifiques »). Toute baisse ou réajustement dans ce secteur pourrait ainsi fortement affecter l'ensemble du marché.
  • Concentration étrangère et risque de change : Les investisseurs étrangers détiennent environ 20 % des actions américaines. L'incertitude politique et la volatilité des marchés semblent inciter à une réallocation des portefeuilles vers des marchés internationaux.

Marché européen : un marché sous-évalué et en redressement ?

Il y a quelques mois, l'Europe semblait en retrait. Aujourd'hui, elle attire de nouveau l'attention des investisseurs :

Points forts du marché européen :

  • Surperformance en 2025 : L'indice MSCI Europe progresse de plus 16 % depuis le début de l'année, contre plus de 0,60 % pour le S&P 500 (données au 27 mai). L'Espagne (+22 %) et l'Allemagne (+21 %) enregistrent des performances particulièrement fortes en Europe.
  • Valorisations attractives : Les actions européennes restent nettement moins chères que les américaines même après la hausse récente du marché. Par ailleurs, le rendement moyen des dividendes en Europe est supérieur de 200 points de base à celui des États-Unis, ce qui constitue un avantage pour les investisseurs à la recherche de revenus réguliers.
  • Diversification sectorielle : Le marché européen est plus exposé aux secteurs industriels (18 %) et financiers (24 %), à la différence du biais technologique américain. Le S&P 500 est principalement exposé aux secteurs de la technologie (32 %) et des services financiers (14 %), deux moteurs essentiels de la croissance récente.
  • Redéploiement stratégique : Face aux défis géopolitiques et énergétiques, l'Europe adopte une stratégie de réindustrialisation et de renforcement de ses capacités de défense, accompagnée d'un important soutien budgétaire. L'Allemagne prévoit, par exemple, un plan de relance de 500 milliards d'euros sur 12 ans, essentiellement orienté vers les infrastructures.

Risques du marché européen :

  • Dépendance énergétique : Le coût de l'énergie reste élevé, en particulier pour l'industrie. Même si l'Europe investit massivement dans les énergies renouvelables, une baisse durable des prix dépendra en partie de la résolution du conflit en Ukraine et de la diversification de ses approvisionnements.
  • Incertitudes politiques : Le manque de coordination budgétaire et les divergences politiques entre États membres peuvent freiner les réformes structurelles.
  • Risque géopolitique : Les tensions commerciales avec les Etats-Unis s'intensifient. Le mois dernier, le président Trump a annoncé des droits de douane de 20 % sur la plupart des produits de l'UE avant de les ramener à 10 % pour laisser le temps aux négociations. Il a ensuite parlé de droits de douane de 50 % sur les biens européens dès le 9 juillet, suscitant des inquiétudes sur l'accès au marché américain pour de nombreuses entreprises internationales.
  • Historique de sous-performance boursière : Depuis 2018, l'Europe n'a surpassé les États-Unis qu'une seule fois (en 2022). La confiance reste donc fragile sans preuve de gains durables.

Vers une allocation équilibrée pour un résultat optimal ?

Avis des experts

De nombreux gérants d'actifs, dont Schroders et JP Morgan, soulignent que la question n'est pas de choisir entre l'Europe et les États-Unis, mais de rechercher un équilibre pour une exposition aux deux marchés.

L'histoire montre que le leadership des marchés actions  a alterné par cycles. Entre 1970 et le début de la crise financière mondiale, les périodes où les actions américaines sur-performent ont duré en moyenne 8 ans, suivies de phases de sur-performance du reste du monde pour un peu moins de 4 ans.

En 2025, une exposition équilibrée entre les deux zones semble donc plus judicieuse. Pour la première fois, depuis longtemps, les actions européennes profitent d'une attention stratégique renforcée.

L'Europe combine aujourd'hui plusieurs facteurs favorables : valorisations attractives, amélioration des perspectives économiques, soutien fiscal et potentiel de revalorisation des secteurs sous-évalués. Cependant, les États-Unis conservent un rôle central dans les portefeuilles, bien que les incertitudes politiques et les valorisations élevées invitent à la prudence.

Les secteurs défensifs, tels que la santé et les télécoms, pourraient présenter un potentiel de croissance, soutenu par des fusions et des changements réglementaires. Les valeurs liées à la défense et aux infrastructures suscitent également un fort intérêt dans un contexte géopolitique plus incertain.

Stratégies complémentaires :

  • Pour les profils axés sur la croissance : Le marché américain offre une exposition continue à des entreprises de haute technologie et d'innovation.
  • Pour les profils orientés valeur et rendement : L'Europe apparaît comme une alternative avec des valorisations plus raisonnables et des secteurs cycliques en redressement.