A Paris, l'un des derniers vidéoclubs lutte pour sa survie
information fournie par Reuters 19/09/2025 à 13:35

par Noemie Olive et Benoit Van Overstraeten

Les magasins de location de DVD, tels que JM Video, institution parisienne pour les cinéphiles, luttent pour leur survie face à la concurrence croissante des plateformes de streaming et de vidéos à la demande.

Ce n'est pourtant pas le choix qui manque. JM Video dispose d'une bibliothèque de plus de 50.000 films, bien plus que les quelque 5.000 titres proposés à tout moment sur Netflix NFLX.O et que les catalogues de tous les grands acteurs du streaming réunis.

"C'est un des seuls lieux de Paris où il y a vraiment un fonds cinématographique (...) on peut trouver ce qui ne se trouve nulle part ailleurs", se réjouit Virginie Breton, une cinéphile qui loue des DVD à JM Video plusieurs fois par semaine.

Ces locations ne suffisent cependant pas à JM Video, confronté aux prix élevés de l'immobilier parisien et la diminution de la clientèle, pour assurer sa survie face à la concurrence des services de streaming.

Fondé en 1982, JM Video était autrefois l'un des quelque 5.000 magasins de location de vidéos encore présents dans l'Hexagone à la fin du siècle dernier, bien avant l'apparition de plateformes telles qu'Amazon Prime, Disney+, HBO Max, ou Paramount+.

Aujourd'hui, la France ne compte plus qu'une dizaine de vidéoclubs, dont deux à Paris. JM Video, où les DVD s'étalent sur des étagères allant du sol au plafond, reste à ce jour un point de ralliement pour les cinéphiles et est notamment visité par Brad Pitt lorsque l'acteur américain est en visite dans la capitale.

Mais malgré cette notoriété, le gérant de JM Video, Théo Bancilhon, dit avoir du mal à payer le loyer du magasin et les salaires de ses trois employés.

Ce mois-ci, le magasin a lancé un appel aux dons, récoltant environ 26.000 euros auprès de plus d'un millier de donateurs en moins de deux semaines. Théo Bancilhon estime avoir besoin de 35.000 euros pour assurer l'avenir immédiat de son magasin et de 65.000 euros pour être serein à long terme.

Le gérant croit fermement au concept de la location de DVD, notant que les jeunes en particulier sont intéressés par les formats de haute qualité.

"Nous sommes une espèce de phare dans la nuit, un lieu un peu iconoclaste, qui va l'encontre des nouvelles manières de consommer une certaine culture", indique-t-il.

"C'est bien, déjà symboliquement, pour les gens de savoir qu'on existe, de savoir qu'une autre manière d'appréhender le cinéma est possible, en retrouvant un contact humain, en se faisant conseiller, en étant dans un rapport autre que celui structuré par les algorithmes".

(Reportage Noemie Olive et Benoit Van Overstraeten ; version française Etienne Breban ; édité par Augustin Turpin)