3 QUESTIONS À-La BCE ferait bien de baisser ses taux en décembre - Neuberger Berman information fournie par Reuters 30/10/2025 à 19:36
Patrick Barbe, responsable de la gestion obligataire euro chez Neuberger Berman, estime que la Banque centrale européenne (BCE) devrait reprendre sa baisse des taux en décembre, invoquant une augmentation moindre des salaires, la détente commerciale avec les États-Unis et l'appréciation de l'euro, tandis que la croissance de la zone euro pourrait ne pas être suffisamment solide.
La BCE a laissé jeudi son taux de dépôt à 2,0%, prolongeant ainsi le statu quo depuis la dernière baisse du loyer de l'argent en juin, et n'a donné aucune indication sur ses futures décisions, alors même que les investisseurs continuent de parier sur une dernière réduction dans les mois à venir.
1) Comme prévu, la BCE a annoncé une nouvelle pause et n'a pas donné d'indications sur sa décision de décembre, même si le message est que les risques pesant sur la croissance semblent s'être atténués. Qu'attendez-vous de la prochaine réunion de la BCE ?
Concernant l'évolution de l'inflation, la BCE a noté une plus faible hausse des salaires dorénavant, les impacts à venir de l'accord tarifaire avec les Etats-Unis et de la hausse de la devise euro, ce qui valide les remarques ces dernières semaines des membres "dovish" de la banque centrale.
Nous constatons de plus une pression sur les prix liée aux importations venant d'Asie dans un contexte de demande qui ne rebondit pas.
Or pour justifier sa pause actuelle la BCE dit aujourd'hui anticiper un rebond de la consommation. Comme nous ne le prévoyons pas cette année, nous pensons qu'elle devrait reprendre sa baisse des taux de 0,25% en décembre.
2/ Les données économiques publiées ce jeudi par Eurostat montrent que l'économie de la zone euro reste solide, tandis que la croissance du PIB en France, deuxième économie du bloc, a dépassé les attentes malgré les récentes turbulences politiques. Cela pourrait-il entraver une nouvelle baisse des taux ?
Nous ne le pensons pas. Le PIB de la zone euro a été de +0,2% sur le troisième trimestre après +0,1% au deuxième trimestre mais avec un cumul sur les deux trimestres négatif en Allemagne et Italie. Cela n'est pas très solide d'autant que les bons chiffres de la France proviennent du stockage au deuxième trimestre et de la baisse des importations et la hausse des exportations au troisième trimestre.
On ne peut parler que de stabilisation dans l'industrie en zone euro. De plus, les banques ont légèrement tendu les conditions de crédit au troisième trimestre et les défauts continuent à un rythme élevé en France.
3/ Christine Lagarde s'est montrée prudente en matière d'inflation et a cité les risques liés au contexte commercial encore instable et à l'augmentation des dépenses militaires et d'infrastructure comme facteurs de risque pour les prix. Mais les effets de la hausse des dépenses sur la croissance en Allemagne tardent à se faire sentir, l'économie reste stagnante. Qu'est-ce qui pèsera le plus à court terme ?
Les projets d'infrastructure prennent du temps pour être réalisés comme le montre l'implémentation du plan actuel de transition énergétique. Les dépenses militaires pourraient consister à acheter des armes en bonne partie en dehors d'Europe dans un premier temps. Nous pensons que la guerre commerciale, l'évolution des marchés d'actions anticipant les effets du boom de l'intelligence artificielle (IA) et l'instabilité politique, comme en France, auront plus d'impact sur l'activité ou l'inflation.
(Propos recueillis par Diana Mandiá, édité par Kate Entringer)