3 QUESTIONS À-La BCE a raison de persister dans le statu quo - Uzès Gestion information fournie par Reuters 11/09/2025 à 18:57
Alexandre Perricard, directeur général d'Uzès Gestion, estime auprès de Reuters que la Banque centrale européenne (BCE) a raison de laisser ses taux inchangés et de se montrer prudente sur leur trajectoire à court terme car le processus de désinflation en zone euro est terminé.
Il ajoute ne pas envisager une baisse des taux directeurs d'ici la fin de l'année.
La BCE a laissé jeudi son taux de dépôt à 2,0%, prolongeant la pause dans son cycle d'assouplissement monétaire depuis la dernière baisse du loyer de l'argent en juin.
1./Le statu quo décidé par la BCE sur les taux n'est pas une surprise mais il intervient après la signature d'un accord sur les droits de douane entre Washington et Bruxelles dont on ne mesure pas encore l'impact. La BCE a-t-elle raison de rester prudente?
Je partage l'avis du Conseil des gouverneurs qui a estimé que les taux directeurs se situaient aujourd'hui à un niveau idoine. La présidente de la BCE, Christine Lagarde, a précisé que 'le processus de désinflation est terminé en zone euro', ce qui, dans un premier temps, a eu pour effet d'exercer une pression haussière sur les taux en zone euro. Le marché a pensé que la porte était fermée à toute baisse de taux dans un avenir proche. Néanmoins, la présidente a nuancé son propos en précisant qu'il fallait analyser ce processus de désinflation à la lumière des niveaux extrêmement élevés qu'avaient pu atteindre l'inflation à la suite de la crise liée à la pandémie du COVID-19.
D'une manière générale, la BCE estime que la balance des risques pesant sur la croissance est plus équilibrée. Après avoir fait preuve de résilience au 1er semestre 2025 (en particulier au premier trimestre), l'activité économique continue de profiter d'un momentum positif soutenu par la consommation domestique et les investissements gouvernementaux.
2./Dans ce contexte, une baisse des taux de la BCE d'ici la fin de l'année est-elle à exclure?
La probabilité d'une baisse supplémentaire des taux directeurs cette année nous paraît très faible à ce stade. Nous l'envisageons plutôt pour 2026 en fonction de l'évolution des données économiques. Globalement, le processus d'assouplissement monétaire est vraisemblablement terminé. Nous entrons dans une nouvelle séquence de stabilité des taux directeurs.
3./Christine Lagarde a dit en conférence de presse que l'instrument de protection de la transmission (IPT) n'avait pas été abordé alors que la France connaît des tensions politiques et que certains redoutent une attaque sur la dette française. Quel commentaire cela vous inspire-t-il?
Concernant le risque croissant d'instabilité politique, notamment en France, la présidente de la BCE s'est contentée de souligner que les marchés obligataires fonctionnaient normalement, sans problématique particulière de liquidités. En aucun cas, l'utilisation de l'Instrument de Protection de la Transmission de la politique monétaire n'a été abordée par le Conseil des gouverneurs. Rien à ce stade n'aurait justifié d'envisager un recours à cette "arme utile".
(Propos recueillis par Claude Chendjou)