Le projet Scaf est amené à remplacer les Rafale français et les Eurofighter allemands et espagnols d'ici 2040.
Une maquette d'un avion de combat Scaf, à Paris, le 22 janvier 2023. ( AFP / LUDOVIC MARIN )
Dassault s'est "complètement disqualifié en tant que partenaire fiable" en Europe, a tranché le puissant syndicat de l'industrie allemande, IG Metall, qui a prévenu le gouvernement allemand ne "plus faire confiance" au constructeur français au sujet du programme d'avion de combat européen SCAF, dans un courrier que l' AFP a pu consulter mercredi 10 décembre.
"Nous ne faisons plus confiance à Dassault" , ont déclaré le vice-président d'IG Metall, Jürgen Kerner, et le président du comité d'entreprise d'Airbus Defense & Space, Thomas Pretzl, dans un courrier adressé lundi aux ministres allemands de la défense, Boris Pistorius et des Finances, Lars Klingbeil.
L'avionneur français, maître d'œuvre du programme, s'est selon eux "complètement disqualifié en tant que partenaire fiable au sein de l'Europe en cette période de menace aiguë" .
L'enjeu est le projet de développement du Scaf, amené à remplacer les Rafale français et les Eurofighter allemands et espagnols d'ici 2040 , dans un contexte de réarmement européen face aux tensions accrues avec la Russie.
En septembre, le PDG de Dassault Aviation Éric Trappier avait déclaré que le groupe français, fabricant du Rafale, était capable de développer cet avion de sixième génération "tout seul" , et avait réclamé une révision de la gouvernance paritaire à trois (avec Allemagne et Espagne) du projet.
Tensions persistantes
"Dassault n'a jusqu'à présent pas renoncé à exiger la prise en charge intégrale du développement de l'avion de combat", ajoute le courrier d'IG Metall. "Nous aimons travailler avec des entreprises françaises", assure IG Metall, "mais pas avec Dassault".
Ce courrier a été envoyé alors qu'une réunion des trois ministres de la Défense, l'Allemand Boris Pistorius, la Française Catherine Vautrin et l'Espagnole Margarita Robles, est prévue vendredi à Berlin. Le sujet de la rencontre n'est pas précisé.
Le groupe Airbus est également engagé, aussi au nom d'industriels allemands et espagnols. Mercredi, son président exécutif, Guillaume Faury, a appelé industriels et gouvernements européens à faire des efforts pour mieux coopérer. Il a déclaré regretter la poursuite d' un "différend assez significatif" avec Dassault "sur la façon de conduire le développement de l'avion".
Côté syndicats français, le syndicat patronal des industries métallurgiques (UIMM), présidée par Éric Trappier, a exprimé mercredi son "étonnement" face à la déclaration d'IG Metall, qui souhaite d'après elle "évincer un fleuron technologique français de l'aviation militaire du projet européen d'avion de combat" . "Les entreprises de l'industrie française ne sauraient accepter une telle position visant à écarter les intérêts industriels de la France de ce projet stratégique", a ajouté l'UIMM dans un communiqué.
Lors d'une visite à Madrid en septembre, le chancelier allemand Friedrich Merz a déclaré que l'Allemagne et l'Espagne voulaient "essayer d'arriver à une solution d'ici fin 2025" sur le Scaf. "Nous partageons le même avis : la situation actuelle n'est pas satisfaisante. Nous n'avançons pas dans ce projet", a déclaré le chancelier allemand aux côtés de son homologue espagnol à Madrid.
Lancé en 2017 par Berlin et Paris, rejoints plus tard par Madrid, le Scaf, le plus grand projet de défense en Europe censé renforcer l'autonomie stratégique du continent, n'avance plus en raison des tensions entre Dassault et Airbus.
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