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Avenir du Rafale, Ukraine, Europe de la Défense : le PDG de Dassault Aviation se livre
information fournie par Boursorama avec Media Services 30/01/2025 à 18:11

Dans un long entretien accordé au quotidien Les Echos , Eric Trappier dresse les perspectives de son groupe dont il salue la robustesse malgré sa taille modeste face aux géants étrangers de l'aéronautique.

Eric Trappier, à Paris, le 16 mai 2024 ( AFP / STEPHANE DE SAKUTIN )

Eric Trappier, à Paris, le 16 mai 2024 ( AFP / STEPHANE DE SAKUTIN )

"Une forêt de fougères est moins résistante qu'un chêne tout seul". Interrogé sur la place de Dassault Aviation parmi les poids-lourds de l'aéronautique, Eric Trappier a loué le savoir-faire de son groupe, faisant l'éloge des capacités du pays en matière de défense.

"La France maîtrise toutes les technologies. Nous savons faire des avions de combat et les armes qu'ils portent. Nous savons faire des sous-marins, des porte-avions, des armes nucléaires", énumère t-il ainsi dans une interview au journal Les Echos , publiée jeudi 30 janvier. Mentionnant l'engagement du général de Gaulle dans les années 50 pour tourner le pays vers la souveraineté, Eric Trappier juge que la question de la défense est aujourd'hui toujours politique "mais pas technologique, car notre pays a appris à faire avec des moyens financiers plus limités" , avec des "partenaires stratégiques" comme Thales ou Safran qui permettent de rivaliser avec les mastodontes américains. "Nous sommes 10 fois plus petits qu'un Lockheed Martin mais nous faisons voler 3.000 avions dans 90 pays", fait-il valoir.

Dans son viseur à long terme : le développement du Scaf, le chasseur européen du futur. Face à ce projet, Eric Trappier estime que Dassault ne doit pas se perdre dans ce défi mené entre acteurs européens. "L'important c'est d'avoir des compétences, un savoir-faire, une colonne vertébrale. On peut ensuite s'ouvrir à des partenariats mais il ne faut pas renoncer à sa colonne vertébrale. Si nous ne travaillons pas seuls sur le SCAF, le chasseur européen du futur, ce n'est pas parce que nous n'aurions pas su le faire seul mais c'est parce que les Etats nous ont demandé d'essayer de travailler à plusieurs", commente t-il.

Standard F5 : le Rafale "nouvelle génération" arrive

D'ici là, le Rafale poursuit lui ses évolutions avec de nouvelles perspectives commerciales. Avec la commande des 12 avions par la Serbie, Dassault comptabilise désormais 507 Rafale commandés, dont 273 à l'export.

"Nous sommes à plus de 500 commandes et cela va continuer parce que le Rafale est un avion polyvalent qui n'a cessé d'évoluer et de se moderniser et cela va continuer", anticipe ainsi Eric Trappier.

Le fleuron de Dassault va passer au standard F5, une version modernisée du chasseur qui comportera nouveau radar et système de guerre électronique, nouveaux capteurs optroniques et intégration du missile nucléaire ASN4G. Le Rafale F5 pourra aussi et surtout être appuyé par un drône furtif de combat aérien, amené à accompagner le chasseur dans ses opérations à l'horizon 2030.

Ce développement est conforté selon lui par les observations du théatre ukrainien. "Aujourd'hui, les drones s'imposent mais ils ne vont pas remplacer les avions de chasse pilotés par des humains qui seront encore là dans 10, 20, 30, 40, 50 ans. La machine peut aider l'homme à calculer mais rien ne remplace la perception de l'homme au coeur d'une zone de combat", juge t-il.

Entre les opérations de modernisation du Rafale et le développement du chasseur européen du futur, "on est sur du long terme", rappelle ainsi Eric Trappier. "D'ici là, la carrière du Rafale va donc se poursuivre" .

"On ferait mieux de bannir le mot même de taxonomie"

Pendant qu'un autre poids-lourd du paysage entrepreneurial français, Bernard Arnault s'est fait remarquer par son coup de gueule sur la fiscalité et la surtaxe aux entreprises en vue pour le budget 2025 , Eric Trappier a pour sa part affiché ses réserves face à ce qu'il voit comme un retour en arrière. "Aujourd'hui, parce que le contexte budgétaire est tendu, on veut revenir en arrière en réaugmentant la fiscalité des entreprises et en baissant les allégements de charges. Ce n'est pas comme cela que l'on va réindustrialiser le pays", note t-il.

A l'échelle continentale, le PDG de Dassault Aviation se montre sévère sur la volonté réelle des instances européennes pour l'industrie. Dans son viseur : les "boulets aux pieds" de la CSRD, C3D, et la "taxonomie" de Bruxelles, "censée dire quels sont les mauvais secteurs qu'il faut punir". En creux : le financement des industries de la défense, et des banques qui restent encore frileuses. Début janvier, le directeur général de la Caisse des dépots avait invité les établissements bancaires à revoir leurs doctrines de financement de l'industrie de défense pour y flécher davantage de capitaux. Les établissements bancaires sont "parfois (...) restés à mon avis sur des schémas anciens où il y a une doctrine ESG (sur les enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernement d'entreprise, ndlr)" qui bannit les entreprises du secteur de la défense, avait ainsi estimé Olivier Sichel.

Eric Trappier abonde en ce sens : "On ferait mieux de bannir le mot même de taxonomie qui au nom d'une finance dite durable incite surtout les fonds à ne pas soutenir certains fabricants européens . On nous parle d'une prise de conscience à la Commission et d'un projet de directive dite Omnibus ayant pour vocation de renforcer notre compétitivité en simplifiant certaines choses. J'espère que ce sera plus un TGV qu'un Omnibus car il faut aller vite", ironise t-il.

Fonctions élargies depuis le début de l'année

Outre son poste de PDG de Dassault Aviation, Eric Trappier a pris début janvier la présidence du groupe industriel Marcel Dassault (GIMD), en remplacement de Charles Edelstenne, pilier historique de l'empire familial.

Agé de 64 ans, Eric Trappier a effectué toute sa carrière au sein de Dassault Aviation, dont il est devenu patron en 2013. Ayant tout au long de sa carrière promu les ventes de Mirage à l'étranger, son principal fait d'armes à la tête de l'avionneur est d'avoir fait du Rafale un succès à l'export, une condition pour l'équilibre économique de l'entreprise. En service depuis 2004, l'avion de combat a attendu jusqu'en 2015 avant de trouver preneur à l'étranger. Eric Trappier est par ailleurs président de l'Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM), la puissante fédération patronale du secteur.

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6 commentaires

  • 02 mars 00:02

    Le réveil pour une défense des européens non pro russe c'est maintenant ! Faut pas être très malin pour compter uniquement sur les autres pour se défendre ! Entre les caméras de toutes les tesla et le F35 inutilisable sans clé US on risque de finir comme les indiens d'Amérique !


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