Xi, Poutine et Kim réunis à Pékin pour un défilé militaire en forme de défiance envers l'Occident
information fournie par Reuters 03/09/2025 à 04:19

(Actualisé tout du long)

par Laurie Chen

Xi Jinping a prévenu mercredi que le monde faisait face à un choix entre la paix et la guerre, alors que Pékin organisait un défilé militaire d'une ampleur sans précédent auquel assistaient le président russe Vladimir Poutine et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, réunis aux côtés du président chinois.

Marquant le 80e anniversaire de la fin de la Deuxième Guerre mondiale avec la capitulation du Japon, cette parade militaire a été utilisée par la Chine pour mettre en exergue sa puissance accrue et son poids géopolitique, Xi Jinping voulant faire de Pékin le gardien d'un nouvel ordre international affranchi de l'influence américaine.

C'est entouré de Vladimir Poutine et de Kim Jong-un, considérés comme des parias en Occident du fait de la guerre en Ukraine et des ambitions nucléaires de Pyongyang, que le président chinois, très souriant, a parcouru le tapis rouge le menant à l'estrade surplombant la place Tiananmen.

Le fastueux défilé célébrant le "Jour de la Victoire" se tenait dans un contexte de tensions entre Washington et ses alliés traditionnels nées de la politique de l'"Amérique d'abord" du président américain Donald Trump.

"L'humanité se retrouve aujourd'hui face à un choix entre la paix ou la guerre, le dialogue ou la confrontation, le gagnant-gagnant ou le perdant-perdant", a déclaré Xi Jinping depuis l'estrade, devant plus de 50.000 spectateurs réunis en tribunes.

Le peuple chinois, a-t-il ajouté, "se tient fermement du bon côté de l'histoire".

Au même moment, à Washington, Donald Trump a demandé à Xi Jinping de transmettre ses "salutations les plus chaleureuses" à Vladimir Poutine et à Kim Jong-un, reprochant via son réseau social Truth aux trois dirigeants de "comploter contre les Etats-Unis".

Plus tôt mardi, le président américain avait dit ne pas considérer la parade organisée à Pékin comme un défi pour les Etats-Unis, soulignant sa "très bonne relation" avec Xi Jinping. "La Chine a davantage besoin de nous que nous n'avons besoin d'elle", a-t-il dit à des journalistes à la Maison blanche.

"L'ARMÉE INDÉNIABLEMENT DERRIÈRE XI"

Avant de prononcer son discours inaugural, Xi Jinping a salué plus d'une vingtaine de responsables étrangers invités à Pékin pour l'occasion, répétant - en anglais - "ravi de vous rencontrer" et "bienvenue en Chine". Le président indonésien Prabowo Subianto, qui fait face à un vaste mouvement de contestation dans son pays, était présent.

Plusieurs dizaines de milliers de soldats ont défilé sur la place Tiananmen, tandis que des avions de chasse, des drones, des systèmes de missile de défense et des armes hypersoniques devaient être exhibés.

Les principaux axes routiers et les écoles de Pékin ont été fermés en vue de la parade qui devait durer 70 minutes, l'épilogue de plusieurs semaines de préparatifs sécuritaires et de répétitions nocturnes.

Xi Jinping a décrit la Deuxième Guerre mondiale comme un tournant majeur dans la "grande régénération de la nation chinoise", Pékin ayant surmonté l'humiliation de l'invasion menée par le Japon pour devenir une puissance économique.

Il était attendu que le président chinois souligne la victoire de la Chine et de l'Union soviétique face au fascisme ainsi que le rôle de Pékin pour protéger l'ordre international d'après-guerre.

Plus tôt cette semaine, lors d'un sommet régional, Xi Jinping a dévoilé sa vision d'un nouvel ordre mondial, appelant à l'unité face à l'"hégémonisme et la politique de pouvoir", une pique à peine voilée à l'encontre de Donald Trump et de la politique de droits de douane du président américain visant aussi bien les alliés que les rivaux de Washington.

Vladimir Poutine a profité de sa visite en Chine pour renforcer les accords énergétiques entre Moscou et Pékin, tandis que Kim Jong-un, qui participait là à son premier événement multilatéral majeur, entendait obtenir un soutien implicite pour les programmes nucléaire et balistique de Pyongyang.

C'est la première fois en 66 ans qu'un dirigeant nord-coréen assiste à un défilé militaire en Chine.

Pour Xi Jinping, la parade est l'occasion d'"afficher à quel point l'armée est clairement et indéniablement derrière lui", a commenté Wen-Ti Sung, membre du think tank Atlantic Council.

(Laurie Chen; version française Jean Terzian)