Von der Leyen appelle l'Europe à "se battre pour sa place" dans un monde "hostile" information fournie par AFP 10/09/2025 à 16:13
L'Europe doit "se battre pour sa place" au milieu d'un monde "hostile" et d'une "tempête" géopolitique qui va durer, a martelé mercredi la présidente de la Commission Ursula von der Leyen devant les eurodéputés, affichant son soutien à la Pologne après l'interception de drones russes.
La cheffe de l'exécutif européen a opté pour un ton résolument offensif à Strasbourg, dans un discours d'une heure et demie consacré à ses priorités politiques et à la nécessité de changements profonds face au "nouvel ordre mondial".
Elle a d'abord fustigé une "violation dangereuse" et sans précédent de l'espace aérien polonais par la Russie, après l'interception de drones entrés au cours d'une attaque russe contre l'Ukraine voisine.
"L'Europe défendra chaque centimètre carré de son territoire", a lancé la dirigeante allemande.
Ursula von der Leyen a appelé le Vieux continent à muscler encore son effort de défense, afin de se doter "de moyens stratégiques indépendants".
En soutien à l'Ukraine, elle a indiqué que l'UE allait utiliser les intérêts des avoirs russes gelés pour accorder un nouveau "prêt de réparation" à Kiev, mais sans toucher directement à ces actifs eux-mêmes.
Elle a également promis prochainement un sommet "pour le retour des enfants ukrainiens" enlevés par la Russie.
L'UE prépare un 19e paquet de sanctions contre Moscou, qui pourrait aussi cibler certains pays achetant des hydrocarbures russes.
- "Carcan de l'unanimité" -
En matière diplomatique, Ursula von der Leyen était également très attendue sur le Moyen-Orient, au lendemain de raids israéliens au Qatar visant des responsables du mouvement islamiste palestinien Hamas.
La gauche est arrivée vêtue de rouge dans l'hémicycle pour dénoncer la guerre à Gaza et l'inaction européenne.
"Allons-nous attendre qu'il ne reste plus rien de Gaza pour agir ?", s'est indigné le chef des écologistes Bas Eickhout.
Ursula von der Leyen a haussé le ton contre le gouvernement israélien en proposant des sanctions contre les "ministres extrémistes" et "une suspension partielle de l'accord d'association (UE-Israël) sur les questions liées au commerce".
Israël a aussitôt reproché à la cheffe de l'exécutif européen d'envoyer "un mauvais message, qui renforce le Hamas".
Les mesures proposées mercredi seront toutefois très difficiles à faire adopter par des Etats membres profondément divisés sur le sujet.
Au sein de l'UE, "nous ne pouvons pas nous permettre d'être paralysés", a tenté de conjurer la présidente de la Commission.
Au passage, elle a plaidé pour une réforme institutionnelle, un serpent de mer de l'Union européenne.
Afin de surmonter ses divisions, l'UE devrait se débarrasser du "carcan de l'unanimité" en matière de politique étrangère et passer à la majorité qualifiée, a-t-elle soutenu.
- "Imaginez le chaos" -
Confrontée à la colère des eurodéputés, elle a ensuite défendu bec et ongles l'accord commercial scellé fin juillet avec les Etats-Unis de Donald Trump, une "stabilité cruciale" dans "le chaos" géopolitique actuel.
La présidente de la Commission est critiquée de toutes parts pour cet accord sur les taxes douanières, vécu par beaucoup comme une "humiliation".
"Je comprends les premières réactions", mais "pensez aux répercussions d'une guerre commerciale totale avec les États-Unis. Imaginez le chaos", a-t-elle lancé aux parlementaires.
Elle a aussi assuré que l'Europe resterait intransigeante sur sa législation environnementale et numérique, que Donald Trump a encore fustigée vendredi après que la Commission a infligé une lourde amende à Google.
L'Europe "semble faible" et "nous sommes en train de perdre" le soutien des citoyens, a mis en garde la cheffe du groupe centriste Valérie Hayer, qui dénonce un "très mauvais deal" avec Trump.
Les eurodéputés devront se prononcer dans les mois qui viennent sur la baisse des taxes européennes sur les produits américains. La droite votera pour, mais les centristes entretiennent le suspense et les sociaux-démocrates menacent de voter contre.
A l'extrême droite, Jordan Bardella (Patriotes) a indiqué avoir recueilli les voix nécessaires pour déposer une motion de censure contre Mme von der Leyen, qui pourrait être débattue dans les semaines qui viennent. La gauche radicale entend faire de même de son côté.
Mais ces deux initiatives sont vouées à l'échec, puisque la droite, les centristes et les sociaux-démocrates n'ont pas l'intention de renverser la patronne de l'exécutif européen.