Vers un "nouvel âge d'or": à Tokyo, Trump conquis par la Première ministre Takaichi information fournie par AFP 28/10/2025 à 17:12
Promesse d'un "nouvel âge d'or", accord sur les terres rares et échanges très chaleureux: la Première ministre japonaise Sanae Takaichi a soigné mardi sa première rencontre avec Donald Trump, lequel lui a assuré que Washington était le plus solide des alliés de Tokyo.
Le Japon est la deuxième étape de la tournée du président américain en Asie, après la Malaisie et avant la Corée du Sud, où aura lieu jeudi sa rencontre la plus attendue du voyage, avec son homologue chinois Xi Jinping, censée sceller un compromis commercial entre les deux puissances.
La journée était un test diplomatique à forts enjeux pour Sanae Takaichi, première femme à gouverner le Japon et en poste depuis seulement une semaine.
Elle disposait cependant d'un atout : sa proximité avec l'ancien Premier ministre japonais Shinzo Abe, son mentor, assassiné en 2022, et dont Donald Trump était devenu proche pendant son premier mandat.
La dirigeante japonaise a remercié mardi Donald Trump pour son "amitié durable" avec Shinzo Abe. "J'ai été très impressionnée et inspirée par vous", a-t-elle aussi lancé au président américain.
Mme Takaichi a également indiqué vouloir ouvrir "un nouvel âge d'or" des relations nippo-américaines, alors que Tokyo fait face à la montée en puissance militaire de son voisin chinois.
"Je tiens à vous assurer que ce sera une relation privilégiée. Sachez que (...) si vous avez besoin de quoi que ce soit, si je peux aider, nous serons là. Nous sommes un allié au plus haut niveau", l'a rassuré M. Trump.
Selon la Maison Blanche, Mme Takaichi a indiqué son intention de recommander le dirigeant américain pour le prix Nobel de la paix. C'est une revendication récurrente de M. Trump, qui assure avoir mis fin à plusieurs conflits dans le monde --rôle relativisé par des experts. Le prix 2025 a été décerné à la cheffe de l'opposition vénézuélienne Maria Corina Machado.
Egalement pour mettre le président de 79 ans dans les meilleures dispositions, Mme Takaichi lui a offert un club de golf ayant appartenu à Shinzo Abe, une balle de golf plaquée or et un sac de golf signé par un champion nippon.
Pour sa part, Donald Trump a rencontré mardi des familles de Japonais enlevés par la Corée du Nord, sujet extrêmement sensible dans l'archipel.
-Dépenses militaires-
Signe de leur proximité, les deux pays ont signé mardi un accord-cadre pour "sécuriser" leurs approvisionnements de terres rares et minéraux critiques, via une étroite coopération et des soutiens financiers.
Et ce peu après que Pékin a adopté des restrictions drastiques sur ses exportations de ces matériaux essentiels pour les industries de pointe, sur lesquels la Chine exerce un quasi-monopole.
En matière de défense, M. Trump, adepte du donnant-donnant, exige que les alliés des Etats-Unis musclent leurs propres dépenses militaires pour continuer à bénéficier de la protection américaine - en particulier le Japon, où quelque 60.000 militaires américains sont stationnés.
Le président américain s'est d'ailleurs rendu mardi à bord du porte-avions USS George Washington, au large de Tokyo, en compagnie de Mme Takaichi.
M. Trump, monté sur scène en brandissant le poing sous les acclamations, a déclaré avoir approuvé la livraison du premier lot de missiles aux Forces d'autodéfense japonaises pour leurs avions de chasse américains F-35.
Mme Takaichi a de son côté déclaré que le Japon s'engageait à "renforcer fondamentalement" ses capacités militaires, face à un environnement sécuritaire "grave et sans précédent".
Dès vendredi, elle avait annoncé que Tokyo porterait à 2% du PIB son budget de défense dès l'exercice fiscal actuel, avec deux ans d'avance.
-Investissements-
Le commerce a dominé également cette rencontre.
Le Japon et les Etats-Unis ont déjà trouvé cet été un compromis commercial, mais certains points restent en suspens.
Washington a abaissé mi-septembre à 15% les droits de douane totaux sur les automobiles japonaises, jugés encore trop élevés par les constructeurs.
Autre sujet de discussion: la forme que prendront les 550 milliards de dollars d'investissements nippons sur le sol américain, promis par Tokyo dans le cadre de l'accord de juillet.
Les deux pays ont approuvé mardi une liste énumérant des entreprises "envisageant" des investissements en lien avec un groupe américain, avec la part belle faite à l'énergie --dont jusqu'à 200 milliards de dollars conjugués pour des réacteurs nucléaires de Westinghouse et GE Vernova.
Tokyo et Washington ont par ailleurs signé un protocole d'accord sur la construction navale, secteur où les Etats-Unis entendent rattraper leur retard sur la Chine.
Après Tokyo, Donald Trump se rend mercredi en Corée du Sud, où il rencontrera le président chinois Xi Jinping, en marge d'un sommet des pays de l'Asie Pacifique (Apec).