Valérie Pécresse : "Je suis favorable à une augmentation du smic net" information fournie par Boursorama 13/04/2017 à 17:38
Valérie Pécresse est chargée de la diffusion et de la mise en oeuvre du programme de François Fillon. Elle était sur le plateau d’Écorama le 13 avril pour défendre les propositions du candidat Les Républicains à la présidentielle. La présidente de la région Île-de-France, interviewée par David Jacquot et Cyrille Lachèvre de "L'Opinion", est notamment revenue sur certaines des mesures économiques de l'ancien Premier ministre.
Il y a un plan d’économie de 100 milliards d’euros chez François Fillon. Pourtant, on l’a vu reculer devant les maires de France, en disant que les économies qu'il demanderait aux communes ne seraient plus de 20 milliards mais de 7 milliards sur le quinquennat.
Valérie Pécresse : Je pense qu’il faut mettre un système de bonus-malus pour permettre les économies des collectivités locales. Actuellement, quand vous faites des économies vous n’êtes jamais remerciés. Je prends l’exemple de Vélizy-Villacoublay, c’est une ville qui avait des taux d’impôts très bas. On leur a dit, vous avez de la marge fiscale donc on va vous baisser vos dotations de fonctionnement pour que vous augmentiez vos impôts à la moyenne. Donc, on reproche même aux collectivités d’avoir de la modération fiscale.
Mais déjà reculer sur cette mesure en n'exigeant des maires plus qu’un tiers des efforts demandés initialement, ce n’est pas de mauvais augure pour la suite ?
Valérie Pécresse : Je pense que les petites mairies ont un rôle social extrêmement important et qu’il faut les garder parce qu’elles sont le ciment de notre cohésion sociale.
En revanche, j’essaierais, et je vais le faire en Île-de-France dans les mois qui viennent, de promouvoir la fusion des grosses communes. Si on fusionne, par exemple, Issy et Boulogne, on aura une collectivité qui fera de vraies économies d’échelle. Donc il faut aller vers la création de villes nouvelles là où il y a déjà beaucoup d’urbanité.
Il faut que lorsqu'il abandonne une compétence, un échelon local ne puisse plus l’exercer. Les départements n’ont plus la compétence du développement économique, il faut qu’ils arrêtent d’en faire. Si on spécialise les collectivités, il faut qu’elles se tiennent à cette spécialisation.
Pour les retraites, vous souhaitez faire passer l’âge de départ de 62 à 65 ans, mais il y a un flou au niveau du calendrier. Cela devait se faire sur le quinquennat, maintenant on se demande s’il ne faudra pas un peu plus de temps.
Valérie Pécresse : Le calendrier sera fonction du besoin de financement du système, donc on ne sait pas encore. Et vous savez bien que les besoins du système dépendent aussi de la croissance.
François Fillon a intérêt à faire toutes les réformes les plus emblématiques durant les trois premiers mois. C’est-à-dire, la réforme du chômage, la réforme des retraites, de la Sécurité sociale, de l’État. Il faut les lancer vite, à la canadienne parce que ce sont des réformes qui donnent leurs fruits au bout de 2-3 ans.
Dès qu’elles commencent à avoir un impact, on peut créer un environnement pro-entreprise pour attirer les investisseurs du monde entier, d’autant qu’on a une occasion extraordinaire, le Brexit. J’ai déjà 30 entreprises londoniennes qui ont contacté mon guichet unique, choose paris region, pour revenir en France.
Si François Fillon est élu demain et s'il y a un petit peu de baisse des impôts, avec 30% d’impôts sur le capital au lieu d’avoir des taux marginaux à 50 voire 60% par exemple, et que l'on dit à ces investisseurs, qu’à terme, l’impôt sur les sociétés sera à 25%, je vous assure qu’on créera des centaines de milliers d’emplois. Si on les crée, on équilibre la Sécurité sociale, on remboursera mieux les soins, et on n’est pas obligé de travailler tout de suite jusqu’à 65 ans.
Dans le programme de François Fillon, il y a une hausse de 2 points de la TVA pour combler les déficits. Est-ce que ce n’est pas brider la croissance, la freiner à court terme comme on l’a vu par le passé, alors que la consommation reste un des moteurs de l'activité en France ?
Valérie Pécresse : Cette hausse de la TVA à 20% n’est pas là pour combler les déficits, elle doit permettre de baisser les charges. C’est une TVA sociale et elle portera sur des produits qui sont largement importés, à hauteur de 40%. Elle va donc faire augmenter le prix de ces produits et rendre de la compétitivité aux entreprises françaises qui, elles, auront bénéficié d'une baisse de charges.
Quand j’étais ministre du Budget, j’avais défendu cette mesure devant l’Assemblée nationale (mesure finalement adoptée avant d’être supprimée sous le quinquennat Hollande), on avait des projections qui disaient que, quand on augmente la TVA, les entreprises, à cause du mécanisme de la concurrence, ne répercutent finalement que la moitié sur la hausse prix et le reste sur la productivité. Donc en réalité, si on augmente de 2% la TVA, les prix n’augmenteront que de 1%.Il n’y a pas de meilleur moment qu'aujourd'hui pour le faire. L’inflation est d’environ 0,8%, ça ne sera donc pas quelques chose de très douloureux.
Par ailleurs, la baisse des charges va se traduire par une hausse des salaires à hauteur de 700 euros par an pour un couple qui travaille. J’aurais préféré qu’on aille encore plus loin, parce que je pense que le smic net devrait être plus important. Il faudrait que l’on baisse les charges salariales pour augmenter le smic net sans alourdir les charges côté entreprise.
Il faut augmenter le revenu du travail, je le vois dans ma région, quand on se lève le matin pour faire des métiers pénibles, qu’on fait 2 h de transport pour au final gagner 1.100 euros net, alors que les revenus d’assistance sont quand même en France relativement proches de ce minimum de salaire net ce n’est pas juste.
Donc je suis favorable à l’augmentation du smic mais pour y arriver, il faut baisser les charges sur les salaires, rééquilibrer l’assurance chômage ou les cotisations retraites. Ce qui est important c’est d’expliquer aux français qu’avec leurs salaires ils paient la sécurité sociale et que si on réforme le chômage, les régimes sociaux, eux à la fin, en auront plus sur la fiche de paie et personne n’explique ce mécanisme.