USA-Trump réclame une enquête sur les liens entre Epstein et Clinton information fournie par Reuters 14/11/2025 à 21:09
(Actualisé avec département de la Justice)
par Andy Sullivan
Le département américain de la Justice va enquêter sur les liens que Jeffrey Epstein aurait entretenus avec la banque JP Morgan et des personnalités démocrates, dont l'ancien président Bill Clinton, à la demande expresse de Donald Trump.
L'Attorney General Pam Bondi a annoncé vendredi que Jay Clayton, procureur fédéral à Manhattan et ancien président de la Securities and Exchange Commission, l'autorité américaine des marchés, conduirait les investigations.
La requête du président américain est intervenue deux jours après la divulgation par une commission du Congrès de milliers de documents qui ont soulevé de nouvelles questions sur les relations entre Donald Trump et l'ancien financier, retrouvé pendu dans sa cellule en 2019 avant son procès pour trafic sexuel de mineures.
Les membres démocrates de la commission de supervision de la Chambre des représentants citent notamment un courriel datant de 2019 adressé à l'écrivain Michael Wolff, dans lequel, selon eux, Jeffrey Epstein "déclare explicitement que Donald Trump 'savait à propos des filles'".
"Trump essaie clairement et désespérément de détourner l'attention de sa propre présence dans les emails d'Epstein", a estimé Alan Rozenshtein, professeur de droit à l'Université du Minnesota et ancien juriste au département de la Justice.
Outre Bill Clinton, qui a fréquenté Jeffrey Epstein au début des années 2000, Donald Trump a demandé au département de la Justice d'enquêter sur l'ancien secrétaire au Trésor Larry Summers et sur le fondateur du réseau social LinkedIn Reid Hoffman, grand donateur du Parti démocrate.
"Epstein était un démocrate et il est le problème des démocrates, pas celui des républicains!" a affirmé le président américain sur son réseau Truth Social. "Ne gaspillez pas votre temps avec Trump. J'ai un pays à gouverner!" a-t-il ajouté.
"ACTES ODIEUX"
Ni Bill Clinton, ni Larry Summers, ni Reid Hoffman n'ont répondu dans l'immédiat à une demande de commentaire. Les trois hommes, dont les noms sont mentionnés dans les quelque 20.000 documents relatifs à l'affaire publiés mercredi par la commission de supervision, ont déjà exprimé leurs regrets d'avoir côtoyé Jeffrey Epstein mais toujours nié avoir eu connaissance des délits sexuels dont il était accusé. Aucun élément probant n'a jusqu'à présent mis en évidence une quelconque implication de ces trois personnalités démocrates dans des affaires de trafic sexuel.
"Nous regrettons toute association que nous avons pu avoir avec cet homme mais nous ne l'avons pas aidé à commettre ses actes odieux. Nous avons mis fin à nos relations avec lui des années avant son arrestation pour trafic sexuel", a pour sa part répondu JP Morgan dans un communiqué par email.
La banque, dont Jeffrey Epstein a été le client entre 1998 et 2013, a versé 290 millions de dollars en 2023 à certaines victimes de Jeffrey Epstein pour mettre fin à des accusations selon lesquelles elle aurait ignoré des alertes en interne sur les soupçons visant le financier.
Avant sa condamnation en 2008 pour sollicitation et proxénétisme à l'égard d'une mineure, Jeffrey Epstein a travaillé et noué de nombreuses relations avec une longue liste de personnalités, dont l'ancien prince Andrew, qui a perdu son titre royal en raison de ses liens avérés avec le financier.
Donald Trump et Jeffrey Epstein étaient quant à eux amis durant les années 1990 et 2000.
Le président américain a constamment et vigoureusement démenti toute connaissance des crimes attribués à l'ancien financier mais l'affaire continue de l'embarrasser au fil de la publication régulière de documents sur leur relation et alors que son propre camp soupçonne son gouvernement de dissimuler des informations.
Il a refusé de répondre aux questions des journalistes ces derniers jours au sujet des dernières révélations du Congrès.
La Chambre des représentants devrait voter la semaine prochaine sur un texte de loi qui obligerait le département de la Justice à rendre publics tous les documents qu'il détient au sujet de Jeffrey Epstein. On s'attend à ce que le texte soit adopté, malgré les efforts déployés ces dernières semaines par le président républicain de la Chambre, Mike Johnson, pour bloquer le vote. Le texte devrait cependant encore être approuvé par le Sénat pour contraindre le ministère à agir.
Selon un sondage Reuters/Ipsos mené le mois dernier, neuf républicains sur dix continuent d'approuver l'action de Donald Trump à la Maison blanche mais seulement quatre sur dix disent approuver sa gestion du dossier Epstein.
(Jean-Stéphane Brosse pour la version française, édité par Sophie Louet)