USA-Le redécoupage électoral en Californie renforce les espoirs démocrates pour 2026 information fournie par Reuters 05/11/2025 à 12:14
par Nolan D. McCaskill
Les démocrates se dirigent vers les élections de mi-mandat aux Etats-Unis avec une réelle chance de reconquérir la Chambre des représentants à la suite de succès illustrant des visions très différentes du parti, qui tente de s'imposer à nouveau à Washington face au camp du président républicain Donald Trump.
Leur victoire la plus cruciale est venue de Californie, dont les électeurs ont autorisé mardi les parlementaires à procéder à un redécoupage de la carte électorale susceptible de rapporter au Parti démocrate jusqu'à cinq nouveaux sièges, ce qui compense une mesure comparable au Texas au profit des républicains et pourrait influencer l'issue des "midterms" de novembre 2026.
Les républicains prévoient de cibler le nouveau maire de New York Zohran Mamdani, socialiste et porteur d'un programme résolument progressiste, en tentant de le présenter comme le visage des démocrates lors des élections de mi-mandat, qui décideront du contrôle du Congrès lors des deux dernières années du mandat de Donald Trump.
Mais deux autres personnalités plus modérées du Parti démocrate, Abigail Spanberger et Mikie Sherrill, ont elles aussi été propulsées sur la scène nationale en remportant nettement, mardi, les élections aux postes de gouverneurs en Virginie et dans le New Jersey.
Les scrutins les plus médiatisés se sont cependant déroulés dans des régions à tendance démocrate, dont le rôle dans les élections qui détermineront le contrôle du Congrès sera limité.
"Je ne pense pas que l'on puisse se baser sur les résultats de ce soir pour avoir une idée précise du déroulement du prochain cycle électoral", a déclaré Antjuan Seawright, stratège démocrate basé en Caroline du Sud.
"Il est donc essentiel de continuer à motiver, informer et mobiliser les électeurs qui se sont déplacés ce soir afin de les maintenir dans le camp démocrate", a-t-il ajouté.
MODÉRÉS ET EXTRÊME GAUCHE
Les républicains détiennent une majorité de 219 sièges face à 213 sièges pour les démocrates à la Chambre des représentants et de 53 sièges contre 47 au Sénat. Pour remporter le Sénat, les démocrates devraient conserver leurs sièges dans des États très disputés comme la Géorgie, le Michigan et le Minnesota, tout en gagnant du terrain dans des territoires détenus par les républicains tels que la Floride et la Caroline du Nord.
Historiquement, le parti du locataire de la Maison blanche perd des sièges à la Chambre des représentants lors des élections de mi-mandat.
En 2018, à l'occasion des "midterms" de la première présidence de Donald Trump, les démocrates ont ainsi remporté la majorité à la Chambre des représentants en obtenant 41 sièges. Ils ont ensuite contrôlé l'administration Trump et lancé deux procédures de destitution à l'encontre du président.
"Je pense que la victoire des modérés dans les grands États qui élisent souvent des gouverneurs républicains est beaucoup plus importante que celle d'un candidat d'extrême gauche à New York", a déclaré Matt Bennett, vice-président de Third Way, un groupe de réflexion centriste démocrate.
À l'approche de 2026, Donald Trump a pressé les législateurs des États à majorité républicaine de redessiner les cartes électorales de leurs circonscriptions afin d'augmenter les chances de son camp de garder le contrôle de la Chambre des représentants. Les États redessinent généralement leurs cartes électorales tous les dix ans pour tenir compte des nouvelles données du recensement.
Le référendum en Californie sur la "proposition 50" était une réponse directe au redécoupage électoral du Texas par les républicains, visant à leur permettre de décrocher jusqu'à cinq sièges supplémentaires.
"RIEN N'EST ACQUIS"
"L'adoption de la proposition 50 est une victoire importante pour (le gouverneur de Californie, Gavin) Newsom et les démocrates, car elle permet de neutraliser le Texas. Cependant, la lutte partisane est loin d'être terminée", a déclaré Kate Maeder, stratège politique chez KMM Strategies, une société basée en Californie.
"Il nous faudra encore nous battre pour ces cinq sièges à conquérir. Rien n'est acquis, mais nous avons clairement un avantage."
Les dirigeants démocrates au Congrès, tous deux originaires de New York, ont gardé leurs distances avec Zohran Mamdani. Le chef du parti à la Chambre des représentants, Hakeem Jeffries, a notamment attendu la veille du début du scrutin pour lui apporter son soutien tandis que celui du Sénat, Chuck Schumer, ne l'a pas soutenu et a refusé de dire s'il avait voté pour lui.
Dans une note du 28 octobre, le comité de campagne des républicains de la Chambre des représentants s'est engagé à "rendre Zohran Mamdani célèbre dans les circonscriptions clés lors des élections de novembre", exposant une stratégie visant à faire des scrutins les plus disputés un enjeu national en y associant les démocrates au nouveau maire de New York.
PELOSI ET OCASIO-CORTEZ ÉGALEMENT CIBLÉES
Mike Marinella, le porte-parole du Comité national républicain du Congrès, a déclaré mardi que les électeurs sanctionneraient les démocrates l'année prochaine pour avoir cédé à un "socialiste radical (...) et à la frange d'extrême gauche".
Selon Erin Maguire, stratège politique républicaine au sein du cabinet de conseil Axiom Strategies, Zohran Mamdani sera un adversaire de taille pour les républicains au cours de l'année à venir.
Ces derniers ont également mis en avant l'ancienne présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi (Californie), ainsi que la députée Alexandria Ocasio-Cortez (New York) afin de nuire aux candidats démocrates dans les circonscriptions disputées.
"Cela ne fonctionnera pas dans tous les districts, car aucun message ne fonctionne partout", explique Erin Maguire. "Mais tous les comités le savent et ajustent leur stratégie dans chaque district pour faire passer le message."
(Reportage Nolan D. McCaskill, avec James Oliphant, version française Benjamin Mallet, édité par Blandine Hénault)