USA-La justice suspend l'interdiction des étrangers à Harvard voulue par Trump information fournie par Reuters 23/05/2025 à 18:24
(Actualisé avec décision de justice)
par Jonathan Stempel et Nate Raymond
La justice américaine a suspendu l'interdiction infligée à Harvard d'accueillir des étudiants étrangers, à la suite d'un recours déposé par la prestigieuse université américaine contre cette décision de Donald Trump.
De retour à la Maison blanche depuis janvier, le président américain accuse Harvard, institution vieille de 389 ans basée à Cambridge, dans le Massachusetts, d'être contrôlée par l'extrême gauche et de favoriser l'antisémitisme sur les campus.
Outre l'interdiction d'accueil de nouveaux étudiants étrangers, la mesure annoncée par l'administration Trump risquerait d'affecter des milliers d'étudiants déjà inscrits dans cette université, désormais contraints d'intégrer un autre établissement ou de perdre leur visa.
Dans un recours déposé devant un tribunal de Boston, Harvard qualifie la décision de la Maison blanche de "violation flagrante" de la Constitution américaine et des lois fédérales, ajoutant qu’elle a un "effet immédiat et dévastateur" sur l’université et plus de 7.000 étudiants titulaires d'un visa.
"D'un simple trait de plume, le gouvernement a tenté d'effacer un quart de la population étudiante de Harvard, les étudiants internationaux qui contribuent de manière significative à l'université et à sa mission", souligne l'établissement.
"Il s'agit du dernier acte en date du gouvernement, en représailles évidentes contre Harvard qui a exercé son droit au premier amendement pour rejeter les demandes du gouvernement de contrôler la gouvernance de Harvard, son programme d'études et l''idéologie' de son corps enseignant et de ses étudiants", déclare la direction de l'université.
"SANS SES ÉTUDIANTS ÉTRANGERS, HARVARD N'EST PAS HARVARD"
A la suite de ce recours, la juge Allison Burroughs, nommée par l'ancien président démocrate Barack Obama, a suspendu la mesure prise par l'actuelle administration républicaine. Elle a considéré que l'université avait apporté la preuve d'un préjudice potentiel dans l'attente de l'examen sur le fond de son recours.
Pour l'année scolaire en cours, près de 6.800 étudiants internationaux sont inscrits à Harvard, selon des données de l'université, soit 27% du nombre total des élèves.
Harvard a déclaré que la mesure l'obligerait à annuler l'admission de milliers de candidats et qu'elle avait semé le trouble dans "d'innombrables" programmes, cliniques, cours et laboratoires, à quelques jours de la remise des diplômes.
"Sans ses étudiants étrangers, Harvard n'est pas Harvard", martèle l'institution.
Abigail Jackson, porte-parole de la Maison Blanche, a dénoncé le recours en justice de la direction d'Harvard.
"Si Harvard se souciait autant de mettre fin au fléau des agitateurs anti-américains, antisémites et pro-terroristes sur son campus, elle ne se trouverait pas dans cette situation", a-t-elle déclaré.
"Harvard devrait consacrer son temps et ses ressources à la création d'un environnement sûr sur le campus au lieu d'engager des poursuites frivoles", a-t-elle ajouté.
La secrétaire à la Sécurité intérieure, Kristi Noem, a annoncé qu'elle mettait fin à la certification du programme de visiteurs étudiants et d'échanges de Harvard à compter de l'année universitaire 2025-2026.
Elle a déclaré que cette mesure était justifiée par le fait que l'université "encourage la violence, l'antisémitisme et la coordination avec le Parti communiste chinois".
(Jonathan Stempel à Chicago, Ted Hesson à Washington et Nate Raymond à Boston, rédigé par Luc Cohen, version française Elena Smirnova et Noémie Naudin, édité par Sophie Louet)