US-Fintechs et entreprises de cryptomonnaies misent sur des licences bancaires pour croître
information fournie par Reuters 18/03/2025 à 12:30

Les entreprises américaines spécialisées dans les technologies financières ("fintechs") et dans les cryptomonnaies cherchent à obtenir des licences bancaires pour étendre leurs activités sous l'administration Trump jugée plus favorable à l'industrie, ont déclaré à Reuters une demi-douzaine de dirigeants du secteur.

Les entreprises qui cherchaient à se développer et à gagner en crédibilité auprès des clients voient une opportunité sous la présidence de Donald Trump d'obtenir des licences que les régulateurs étaient auparavant lents ou réticents à délivrer.

"Nous avons constaté beaucoup plus d'intérêt. Nous travaillons actuellement sur plusieurs demandes", a rapporté Alexandra Steinberg Barrage, associée au sein du cabinet d'avocats Troutman Pepper Locke.

Deux autres sources ont rapporté que les réflexions autour de la demande de licence bancaires s'accéléraient.

Une licence bancaire, impliquant davantage de contrôle réglementaire, confère une plus grande légitimité et élargit le champ des activités possibles pour une société tout en réduisant le coût d'emprunt en permettant de puiser dans les dépôts, a rappelé Carleton Goss, associé du cabinet d'avocats Hunton Andrews Kurth.

Ce regain d'activité intervient alors que le nombre de nouvelles licences bancaires accordées par les régulateurs américains a chuté depuis la crise financière, atteignant son niveau le plus bas avec seulement quatre demandes approuvées en 2023, selon S&P Global.

Entre 2010 et 2023, les régulateurs n'ont approuvé en moyenne que cinq nouvelles demandes de licence bancaire par an, contre 144 par an entre 2000 et 2007, ont écrit Alexandra Steinberg Barrage et d'autres juristes spécialisés dans la réglementation dans une lettre ouverte récente qui souligne que le processus, long, est souvent finalement abandonné par les demandeurs.

La chute des demandes s'explique par la lourdeur des réglementations mais aussi la faiblesse des taux d'intérêt qui ont comprimé les bénéfices des banques, réduisant l'attrait pour le statut. D'autant que les régulateurs ont renforcé les règles pour les banques travaillant avec les fintechs à la suite de l'effondrement de Synapse Financial Technologies.

POLITIQUE DE DÉRÉGULATION

Mais la politique de dérégulation voulue par Donald Trump pourrait soutenir la demande de licence qui avait déjà augmenté sous sa première présidence, a rappelé Nathan Stovall, directeur de la recherche sur les institutions financières chez S&P Global Market Intelligence.

L'administration "encourage les régulateurs à ajuster leur appétit pour le risque et à adopter une ligne plus favorable à la croissance", a indiqué Nigel Moden, responsable mondial des banques et des marchés de capitaux chez EY. "Cela pourrait conduire à une ouverture du marché à une plus grande concurrence."

Travis Hill, président en exercice de la Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC), a déclaré que l'agence encouragerait davantage d'entreprises à obtenir des licences bancaires dans les mois à venir afin d'assurer un "pipeline" sain de nouveaux entrants dans le secteur.

La gouverneure de la Réserve fédérale américaine (Fed), Michelle Bowman, qui a été nommée par Donald Trump au poste de vice-présidente chargée de la supervision, a insisté sur la nécessité d'accélérer sur l'approbation de nouvelles licences bancaires.

Les experts du secteur estiment que l'examen minutieux de l'octroi des licences bancaires est une étape nécessaire pour la stabilité financière, mais ils pensent que le processus de traitement de ces demandes pourrait être plus rapide alors que le coût pour une société est de l'ordre de 20 à 50 millions de dollars, selon deux sources juridiques.

L'accès au capital et le respect des lois contre le blanchiment d'argent et de la loi sur le secret bancaire figurent parmi les principaux défis auxquels sont confrontées les entreprises qui demandent une licence.

Les États-Unis, qui comptent plus de 4.500 banques, devrait voir leur nombre d'établissements bancaires diminuer au global avec la reprise attendue des fusions et acquisitions parmi les prêteurs régionaux, même si de nouveaux entrants font leur apparition.

(Reportage de Nupur Anand à New York, reportage supplémentaire de Saeed Azhar, version française Bertrand De Meyer, édité par)