Union européenne : Viktor Orban s'oppose à une adhésion de l'Ukraine et s'appuie sur une consultation organisée en Hongrie
information fournie par Boursorama avec Media Services 26/06/2025 à 13:27

L'adhésion de l'Ukraine, un processus long et complexe, nécessite l'unanimité des 27 à chaque étape.

Viktor Orban à Bruxelles, en Belgique, le 26 juin 2025. ( AFP / NICOLAS TUCAT )

"La Hongrie ne soutient pas cette adhésion", a martelé jeudi 26 juin Viktor Orban, à son arrivée à un sommet européen à Bruxelles. Le Premier ministre hongrois a brandi les résultats d'une consultation organisée dans son pays pour légitimer sa position, alors qu'il bloque le processus depuis des mois.

"Je suis arrivé ici avec un mandat fort. Ma voix est devenue plus forte et plus virile" , a lancé le dirigeant nationaliste aux journalistes.

Le gouvernement avait envoyé en avril des bulletins aux Hongrois sur le sujet, une méthode sans effet légal qu'il utilise depuis 2015 pour justifier ses positions anti-UE. Selon les résultats officiels, plus de 95% des personnes ayant participé ont rejeté l'entrée dans l'Union de l'Ukraine voisine. Mais seulement 2,3 millions d'habitants, soit moins d'un tiers des électeurs hongrois, ont répondu à ce questionnaire par correspondance et en ligne.

"C'est au nom de plus de deux millions de Hongrois que je dirai aujourd'hui lors des négociations que la Hongrie ne soutient pas cette adhésion", a souligné Viktor Orban, alors que ce processus, long et complexe, exige l'unanimité des 27 États membres à chaque nouvelle étape.

Une pure "manipulation de l'opinion publique"

Pour Kiev, cette consultation est une pure "manipulation de l'opinion publique" sur fond "d'hystérie anti-ukrainienne" visant à détourner l'attention des "échecs" du Premier ministre hongrois, mal placé dans les sondages avant les législatives du printemps 2026. Les bulletins de vote "ont été assortis de messages agressifs incitant à la haine envers tout ce qui touche à l'Ukraine", a déploré le ministère ukrainien des Affaires étrangères dans un communiqué publié en début de semaine.

Dans le document explicatif, le gouvernement brandissait en effet plusieurs menaces : "la perte des fonds européens destinés à notre pays, qui seraient entièrement reversés à l'Ukraine", "l'arrivée massive de main d'œuvre ukrainienne bon marché" aux dépens des Hongrois, ou encore l'apparition de réseaux criminels organisés ukrainiens et même d'épidémies faute de vaccination suffisante en Ukraine.

Viktor Orban, qui entretient depuis des années des relations compliquées avec Kiev, figure parmi les rares dirigeants européens proches du Kremlin et fustige régulièrement les sanctions européennes contre la Russie. Parallèlement, il est opposé à toute aide militaire à Kiev, qui se bat depuis 2022 contre l'invasion russe, et à son adhésion à l'UE, qui "ruinerait" selon lui le bloc, tout en accusant son voisin de porter atteinte aux droits de la minorité hongroise.

Les négociations ont officiellement débuté le 25 juin 2024. Dans un numéro diplomatique désormais célèbre remontant à fin 2023, le dirigeant s'était brièvement absenté lors des discussions au sommet des dirigeants des Vingt-Sept, le temps que ses homologues décident d'ouvrir les pourparlers avec Kiev. Mais depuis le retour de son "ami" Donald Trump aux Etats-Unis, il durcit le ton.