Une reconstitution numérique pour tenter de faire la lumière sur le drame de Crépol information fournie par AFP 22/09/2025 à 11:00
Une reconstitution numérique de la soirée ayant mené à la mort du jeune Thomas, poignardé lors d'un bal à Crépol (Drôme) en novembre 2023, a débuté lundi à Valence, en présence des mis en cause, étape importante dans ce dossier où l'auteur des coups de couteau n'est pas identifié.
Les attentes de la famille de la victime "ne sont pas fixées sur cette reconstitution", a brièvement commenté leur conseil Me Alexandre Farelly en arrivant au Palais de justice de Valence. "C'est toute la procédure qui va permettre une condamnation", a-t-il ajouté, après bientôt deux ans d'enquête dans un dossier qui a suscité beaucoup d'émotion et de commentaires politiques.
Les juges d'instruction ont choisi de réaliser la reconstitution non pas dans le village drômois mais sous forme numérique, convoquant les 14 jeunes hommes mis en examen dans une salle du tribunal, pour une procédure qui va s'étaler sur une dizaine de jours.
Les nouvelles technologies permettent de recréer et visualiser en 3D une scène de crime sur la base de constatations ou de témoignages. Pour le dossier de Crépol, un expert judiciaire s'est préalablement rendu dans le village et a numérisé la scène, ainsi que l'emplacement de tout élément relevé pendant l'enquête jugé utile pour la reconstitution.
Les déclarations et témoignages recueillis au cours des prochains jours seront intégrés à ce canevas numérique.
"Mon intime conviction, c'est que c'est l'humain qui prédomine et qu'un mis en examen qui souhaite parler, qui souhaite dire la vérité ou qui souhaite se cacher derrière les contre-vérités, que ce soit une reconstitution physique ou une reconstitution numérique, le résultat sera le même", a estimé Me Farelly.
Lundi matin, neuf des mis en examen ont été extraits de leur établissement de détention provisoire pour participer à la procédure.
"Nous attendons de cette reconstitution qu'il y ait une individualisation des responsabilités. Nous abordons cette reconstitution sans défiance, avec une confiance raisonnée, simplement pour concourir la manifestation de la vérité et savoir ce qui a pu se jouer ce soir-là", a déclaré Me Guillaume Fort, avocat de plusieurs des mis en examen.
- Individualisation -
Les différents avocats de la défense ont abondé en ce sens à l'ouverture de la reconstitution.
Les quatorze mis en examen, dont certains étaient mineurs au moment des faits, le sont tous à ce stade pour "homicide volontaire et tentative d'homicides volontaires en bande organisée". Tous nient avoir porté le coup mortel.
"Aujourd'hui, on est dans une situation qui ne peut plus durer, qui consiste à reprocher à chacun des mis en examen la totalité des faits. Il faut (...) qu'on sache avec précision ce qui peut être reproché à chacun", a également fait écho Me Romaric Chateau.
"Savoir qui a pu porter ces coups de couteau ce soir-là. C'est toute l'utilité de ce type de reconstitution", a résumé Me Bilel Hakkar.
Ce dernier regrettait toutefois le nombre de participants à la reconstitution, trop limité selon lui. "Il y avait plus de 400 (témoins) ce soir-là, et donc matériellement c'est impossible, et les magistrats instructeurs ont décidé de limiter un peu drastiquement le nombre de personnes présentes", a-t-il observé.
Outre les mis en cause, une cinquantaine de parties civiles et leurs avocats sont également invités à suivre l'opération, même si tous ne feront pas le déplacement.
Dans la soirée du 19 novembre 2023, le "bal de l'hiver" de Crépol dégénère avec des affrontements entre des jeunes venus pour certains des quartiers populaires de Romans-sur-Isère et un groupe de locaux.
Dans un contexte confus, les premiers sortent des couteaux et blessent grièvement quatre personnes, dont Thomas, un lycéen de 16 ans amateur de rugby, qui décède dans l'ambulance.
Le dossier a été largement commenté dans les médias et dans la sphère politique. La droite et l'extrême droite s'étaient notamment emparées du meurtre pour dénoncer une insécurité croissante dans les campagnes, venue, selon elles, des banlieues sensibles.