Une question de "survie" pour Tokyo : le sort de Taïwan ravive le spectre d'un affrontement entre Chine et Japon
information fournie par Boursorama avec Media Services 10/11/2025 à 16:31

Le Japon mene notamment une militarisation active de ses îles Senkaku, à l'extrême sud-ouest de l'archipel nippon, à moins de 200 kilomètres de Taiwan. Cette proximité avec le petit Etat insulaire, sous pression de Pékin, attise les tensions.

La Première ministre japonaise Sanae Takaichi et le président chinois Xi Jinping, à Gyeongju, le 31 octobre 2025 ( JAPAN POOL / JIJI PRESS / STR )

Une crise à Taiwan "si grave que nous devons envisager le pire". La nouvelle Première ministre du Japon a mis en garde face à la pression chinoise exercée sur l'île, évoquant la possibilité d'une intervention au titre de la la légitime défense". Cette déclaration a valu une réponse polémique d'un diplomate chinois : dans un message supprimé depuis sur X, le consul général de Chine à Osaka, Xue Jian a ainsi menacé samedi 8 novembre de "couper cette sale tête sans la moindre hésitation".

"Etes-vous prêt pour cela?", a-t-il écrit, sans nommer la Première ministre japonaise, Sanae Takaichi, mais en citant un article de presse relatant son intervention au Parlement vendredi. Nouvelle femme forte du Japon, Mme Takaichi y a déclaré que des attaques armées contre Taïwan pourraient justifier l'envoi de troupes japonaises pour défendre, au titre de la "légitime défense collective" prévue par une loi adoptée en 2015, l'île revendiquée par Pékin et soumise à des pressions chinoises militaire et diplomatique accrues.

Si une situation d'urgence à Taïwan implique "le déploiement de navires de guerre et le recours à la force, cela pourrait constituer une menace pour la survie du Japon, quelle que soit la manière dont on envisage les choses", a affirmé vendredi devant le Parlement la très conservatrice Première ministre japonaise arrivée au pouvoir le 21 octobre. La situation concernant Taïwan "est devenue si grave que nous devons envisager le pire", a ajouté Sanae Takaichi, de longue date fervente critique de la Chine.

Les îles Senkaku/Diaoyu en mer de Chine orientale sont revendiquées par le Japon et la Chine ( / )

Le message publié par le diplomate chinois sur X était "extrêmement inapproprié", a déclaré lundi Minoru Kihara, porte-parole du gouvernement japonais. "Nous avons vivement protesté et exigé la suppression immédiate" du post, a-t-il affirmé, ajoutant être "au courant de plusieurs autres propos inappropriés" tenus par cette personne. De son côté, Mme Takaichi a indiqué lundi au Parlement qu'elle n'avait aucune intention de revenir sur ses propos et a insisté sur le fait qu'ils étaient selon elle conformes à la position antérieure de Tokyo. Elle a toutefois ajouté qu'elle s'abstiendrait désormais de faire explicitement référence à des scénarios précis.

Pour Pékin, Tokyo envoie de "mauvais signaux"

Interrogé sur la publication du consul, le ministère chinois des Affaires étrangères a déclaré que Taïwan était une "partie indissociable du territoire chinois". "La Chine exhorte vivement le Japon à réfléchir à sa responsabilité historique sur la question de Taïwan (…) et à cesser d’envoyer de mauvais signaux aux forces séparatistes indépendantistes taïwanaises", a déclaré le porte-parole du ministre, Lin Jian, lors d’un point de presse régulier.

La "légitime défense collective" est prévue par une loi impopulaire de 2015 qui donne en théorie la possibilité aux soldats japonais d'appuyer un allié en difficulté dans un conflit à l'étranger, à condition qu'un danger clair menace sa survie. La Constitution japonaise d'après-guerre interdit au Japon d'employer les armes de façon offensive pour régler un contentieux international.