Un "mur" antidrones face à la Russie : de quoi parle t-on?
information fournie par Boursorama avec Media Services 02/10/2025 à 17:10

Face aux multiples incursions russes, les dirigeants européens cherchent à mettre en place un "mur" antidrones pour se protéger, mais le projet suscite interrogations et débat.

( AFP / GENYA SAVILOV )

Première étape : "capter" les menaces

La réponse de l'Otan à l'incursion d'une vingtaine de drones russes en Pologne a mis en évidence les lacunes de l'arsenal de l'alliance face à cette menace. Pour abattre trois de ces drones, l'Alliance a dû mobiliser des missiles coûteux

Le commissaire européen à la Défense, Andrius Kubilius, plaide depuis longtemps pour de nouvelles solutions face à cette menace, mais c'est la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, qui la première a évoqué l'idée d'un "mur de drones" le 10 septembre devant les eurodéputés.

Dans un premier temps, l'idée est de déployer davantage de capteurs, terrestres ou par satellite, le long de la frontière que l'Union européenne partage avec la Russie. L'Ukraine, experte en la matière, a déployé dès le début de la guerre, un système de capteurs acoustiques, a expliqué M. Kubilius. "Je pense que nous aussi pouvons faire cela assez rapidement" , a-t-il affirmé à l'AFP.

L'Ukraine participera à l'élaboration de ce mur antidrones en Europe, a confirmé son président Volodymyr Zelensky. Après près de quatre ans de guerre, Kiev a mis sur pieds une industrie de drones et de systèmes antidrones unique en Europe.

Selon un responsable européen, ce déploiement prendra au moins un an, avant la mise en oeuvre, plus tard, de capacités d'interception.

Pas de nouvelle "ligne Maginot"

Selon les experts, la technologie des drones évolue très rapidement, et les systèmes envisagés aujourd'hui risquent d'être obsolètes d'ici là.

"Nous savons également que la technologie évolue si rapidement que nous ne pouvons pas avoir une seule idée et croire que cela résoudra tous nos problèmes", a ainsi reconnu mercredi soir la Première ministre danoise Mette Frederiksen, dont le pays a été survolé par de mystérieux drones, peu avant un sommet des dirigeants européens à Copenhague.

Il faudra "tirer les leçons" de ce que l'Ukraine a su mettre en place, de façon très pragmatique, a souligné cette semaine la présidence française.

Pas question de construire une nouvelle "ligne Maginot", a averti de son côté le Premier ministre estonien Kristen Michal, cité par un responsable européen. La France avait construit avant la Seconde guerre mondiale une ligne de défense le long de sa frontière avec l'Allemagne qui s'est avérée totalement inutile et a été contournée.

"Je me méfie parfois des termes un peu rapides" comme les "dômes de fer" ou les "murs de drones, les choses sont plus sophistiqués, plus complexes en réalité", a souligné mercredi le président français Emmanuel Macron.

Qui va payer ?

Le "mur" antidrones a été longuement discuté mercredi par les dirigeants des 27 de l'UE, réunis à Copenhague. Et si beaucoup se sont dits favorables à sa mise en oeuvre, certains ont exprimé des "réserves".

Selon un responsable européen, l'Allemagne s'est par exemple interrogée sur le coût de cette opération, même si le sujet du financement n'était pas à l'agenda de la réunion mercredi. M. Kubilius s'est montré rassurant, évoquant une fourchette "de plusieurs milliards d'euros, pas de centaines de milliards".

D'autres pays, loin de la frontière russe, redoutent d'être laissés pour compte, selon un responsable européen. La Commission européenne, là aussi, a cherché à rassurer en promettant une stratégie à "360 degrés". "Lorsque nous parlons du mur antidrones, nous parlons de toute l'Europe, pas seulement d'un unique pays" , a également assuré jeudi M. Zelensky.

D'autres enfin s'interrogent sur la pertinence de confier à la Commission européenne le pilotage d'un projet de "mur" antidrones, alors que la défense est du ressort des Etats membres. Le sujet doit être à nouveau évoqué lors d'un prochain sommet européen fin octobre.