Ukraine-Witkoff, émissaire de Trump, s'est entretenu avec Poutine en Russie
information fournie par Reuters 11/04/2025 à 23:01

(Actualisé tout du long avec fin de la rencontre)

par Andrew Osborn

Steve Witkoff, émissaire spécial du président américain Donald Trump, s'est entretenu vendredi à Saint-Pétersbourg avec le président russe Vladimir Poutine au sujet des efforts visant à mettre fin à la guerre en Ukraine, alors que Donald Trump exhortait la Russie à "se mettre en mouvement".

Dans des images diffusées à la télévision officielle russe, Vladimir Poutine a salué Steve Witkoff dans la bibliothèque présidentielle de Saint-Pétersbourg au début de leur entretien. Les agences de presse russes ont par la suite indiqué que le rencontre avait duré plus de quatre heures.

L'entretien a permis d'aborder "les aspects d'un règlement ukrainien", a déclaré le Kremlin dans un communiqué.

Le quotidien russe Izvestia avait auparavant publié une vidéo montrant Steve Witkoff sortir d'un hôtel à Saint-Pétersbourg, accompagné de Kirill Dmitriev, chef du fonds souverain russe et représentant de Vladimir Poutine pour les questions d'investissements.

Kirill Dmitriev a qualifié les discussions de vendredi de "productives", selon l'agence de presse russe Tass.

Vladimir Poutine se trouvait à Saint-Pétersbourg ce vendredi pour ce que le Kremlin a qualifié de réunion "extraordinairement importante" au sujet de la marine militaire russe, objet d'un effort massif de modernisation et de développement.

Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, avait minimisé auprès des médias officiels russes l'importance de la rencontre avant qu'elle n'ait lieu, déclarant que la visite de l'émissaire américain n'était pas "capitale" et qu'aucune avancée majeure n'était à attendre.

Il s'agissait de la troisième rencontre entre Steve Witkoff et Vladimir Poutine depuis le début de l'année, organisée dans un climat de tensions entre les Etats-Unis, d'une part, et l'Iran et la Chine, d'autre part, deux pays avec lesquels la Russie entretient des relations de proximité.

WITKOFF À OMAN SAMEDI AU SUJET DE L'IRAN

Steve Witkoff doit se rendre samedi à Oman, où se trouveront des représentants de Téhéran, pour des discussions sur le programme nucléaire iranien alors que Donald Trump a menacé l'Iran d'une action militaire si la République islamique ne souscrit pas à un accord. La Russie a proposé sa médiation à plusieurs reprises pour tenter de parvenir à une solution diplomatique.

Les Etats-Unis et la Chine sont par ailleurs engagés dans une guerre commerciale à coups de droits de douane réciproques et massifs.

Donald Trump, après s'être engagé durant la campagne électorale aux Etats-Unis à mettre fin en 24 heures à la guerre en Ukraine déclenchée par l'invasion russe à grande échelle de février 2022, a donné des signes d'impatience face à la lenteur des discussions en vue d'un accord de paix malgré son rapprochement avec la Russie, évoquant de possibles sanctions secondaires des pays qui achètent du pétrole russe.

Les responsables ukrainiens ont envoyé ces derniers jours à Washington une liste de cibles que la Russie a selon eux frappées en violation du cessez-le-feu sur les infrastructures énergétiques dont les deux pays sont convenus le mois dernier, selon deux sources au fait de cette liste.

"La Russie doit se mettre en mouvement. Trop de gens MEURENT, des milliers par semaine, dans une guerre terrible et insensée - Une guerre qui n'aurait jamais dû avoir lieu, et qui n'aurait pas eu lieu si j'avais été président !!!", a écrit vendredi Donald Trump sur son réseau Truth Social.

Vladimir Poutine s'est dit prêt en principe à accepter un cessez-le-feu complet, tout en soulignant que des détails cruciaux de mise en œuvre restaient non résolus et que les causes profondes de la guerre n'avaient pas encore été traitées.

UNE RENCONTRE TRUMP-POUTINE ?

Le chef du Kremlin a notamment déclaré que l'Ukraine ne devait pas rejoindre l'Otan, que son armée devait être limitée et que la Russie devait obtenir l'intégralité des quatre régions ukrainiennes qu'elle revendique comme lui appartenant, même si elle ne les contrôle pas totalement.

Alors que Moscou contrôle un peu moins de 20% de l'Ukraine et que les forces russes continuent d'avancer sur le champ de bataille, le Kremlin estime que la Russie est en position de force pour négocier et que Kyiv doit faire des concessions.

L'Ukraine estime pour sa part que les conditions de la Russie équivaudraient à une capitulation.

Le Kremlin avait déclaré que Vladimir Poutine et Serge Witkoff pourraient discuter de la possibilité d'une rencontre entre le président russe et Donald Trump, qui se sont seulement entretenus par téléphone depuis le retour du dirigeant américain à la Maison blanche, en janvier.

Des délégations américaine et russe se sont par ailleurs rencontrées jeudi à Istanbul et ont chacune fait état de progrès vers une normalisation de l'activité de leurs représentations diplomatiques.

(Avec Lucy Papachristou et Anastasia Teterevleva, Erin Banco à New York, Ronald Popeski à Winnipeg, Gram Slattery et Simon Lewis à Washington, version française Bertrand Boucey et Benjamin Mallet)