Ukraine: Washington juge son plan "bon" pour les deux parties, Zelensky veut une "paix digne"
information fournie par AFP 20/11/2025 à 23:10

Vladimir Poutine dans un poste de commandement en un lieu inconnu, selon des images diffusées par le Kremlin le 20 novembre 2025 ( RUSSIAN PRESIDENTIAL PRESS OFFICE / - )

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a plaidé jeudi en faveur d'une "paix digne", après un entretien avec un haut responsable américain qui lui a présenté le plan de Washington pour mettre fin à l'invasion russe, présenté par la Maison Blanche comme "bon" pour les deux parties.

"L'Ukraine a besoin de paix. (...) Une paix digne, afin que les conditions soient respectueuses de notre indépendance, de notre souveraineté et de la dignité du peuple ukrainien", a indiqué M. Zelensky dans son adresse quotidienne diffusée sur les réseaux sociaux, après s'être entretenu avec le secrétaire américain à l'Armée, Daniel Driscoll.

Le dernier plan présenté par Washington semble donner surtout satisfaction aux ambitions de Moscou, alors que l'armée ukrainienne, moins nombreuses et moins équipée, peine à contenir la poussée russe sur le front.

La présidence ukrainienne avait indiqué peu avant que M. Zelensky prévoyait de discuter "dans les prochains jours" avec son homologue américain Donald Trump des "possibilités diplomatiques disponibles et des principaux points nécessaires à la paix".

"Nous sommes prêts à travailler de manière constructive avec la partie américaine et nos partenaires en Europe et dans le monde entier afin de parvenir à la paix", avait-elle ajouté.

"Le président (Trump) soutient ce plan. C'est un bon plan à la fois pour la Russie et pour l'Ukraine et nous pensons qu'il est acceptable pour les deux parties", a toutefois assuré jeudi la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt.

Le président Vladimir Poutine s'est de son côté rendu jeudi "dans l'un des postes de commandement du groupement de troupes Ouest" selon le Kremlin - qui n'a pas précisé si ce poste ce trouvait en Russie ou en Ukraine.

Le commandant du groupement de troupes Ouest, Sergueï Kouzovlev, a pu lui annoncer devant les caméras de la télévision russe la prise de Koupiansk, l'un des bastions ukrainiens dans l'est du pays.

La ville, qui comptait 55.000 habitants avant la guerre, avait été occupée pendant plusieurs mois en 2022 par l'armée russe avant d'être reprise par les troupes ukrainiennes.

- Progression russe -

Selon le chef de l'état-major, Valéri Guérassimov, les troupes russes "continuent d'étendre leur zone de contrôle" dans les régions de Dnipropetrovsk (centre-est), où elles ont pénétré cet été, et de Zaporijjia (sud), où elles ont avancé ces dernières semaines.

Il a aussi fait état d'une "offensive qui se déroule avec succès" à Pokrovsk, un noeud logistique clef pour l'armée ukrainienne qui pourrait tomber prochainement, et à Siversk, une ville qui n'avait pas connu de combats depuis 2022.

"Les troupes (...) avancent pratiquement sur tous les fronts", s'est félicité le général Guérassimov.

Protesters have already pushed back on the idea of recognising Russia's annexation of Crimea ( GETTY IMAGES NORTH AMERICA / SEAN GALLUP )

Selon des éléments fournis à l'AFP par une source proche du dossier, les propositions américaines présentées à l'Ukraine s'approchent des conditions maximalistes avancées précédemment par la Russie et rejetées dans le passé par Kiev qui n'y voit qu'une capitulation de facto.

Ce texte comporte 28 propositions, selon des médias américains:

Il prévoit la "reconnaissance de (l'annexion de) la Crimée et d'autres régions prises par la Russie", qui contrôle presque 20% du territoire ukrainien, a indiqué la source de l'AFP à Kiev.

Moscou a déjà réclamé par le passé que Kiev lui cède les régions de Donetsk et Lougansk dans l'est, et de Kherson et Zaporijjia dans le Sud, qu'elle contrôle partiellement et dont elle revendique l'annexion depuis septembre 2022, en plus de la péninsule de Crimée annexée en 2014.

Selon des médias américains, le plan exige aussi de l'Ukraine qu'elle reconnaisse le russe comme deuxième langue officielle et que les droits de l'Eglise orthodoxe dépendante du patriarcat de Moscou soient réinstaurés.

- "Concessions difficiles mais nécessaires" -

Les propositions prévoient aussi "la réduction de l'armée ukrainienne à 400.000 personnes", soit à peine plus de la moitié de ses effectifs et l'abandon de toutes ses armes à longue portée, selon le haut responsable.

Des soldats ukrainiens se reposent non loin de la ligne de front dans la région de Dnipropetrovsk en Ukraine le 14 juin 2025 ( AFP / Florent VERGNES )

La Russie est en outre farouchement opposée à toute présence de troupes de l'Otan en Ukraine ainsi qu'à l'adhésion de Kiev dans l'Alliance.

Kiev réclame pour sa part des garanties de sécurité de la part des Occidentaux, dont des troupes européennes sur son sol, ce que prévoit d'interdire le plan américain, selon des médias.

Kiev estime que ces propositions ont été préparées par la Russie et approuvées par les Américains, a déclaré à l'AFP le haut responsable à Kiev, soulignant que ce que la Russie était censée faire en retour n'était "pas clair".

D'après le média américain Axios, Washington et Moscou ont travaillé en secret à son élaboration, ce que le Kremlin a refusé de commenter.

La présidence ukrainienne s'est dite néanmoins prête à "travailler de manière constructive avec la partie américaine et (ses) partenaires en Europe et dans le monde entier afin de parvenir à la paix".

Selon elle, une conversation entre Volodymyr Zelensky et Donald Trump à ce sujet est prévue "dans les prochains jours".

"Les deux parties devront accepter de faire des concessions difficiles mais nécessaires", a de son côté déclaré le secrétaire d'Etat américain, Marco Rubio, plaidant pour un "échange d'idées sérieuses et réalistes".

Le Kremlin a déclaré n'avoir aucun commentaire à ce sujet.

Les alliés européens de l'Ukraine ont de leur côté insisté pour que tout accord inclue les positions de l'UE et de Kiev.

"Pour qu'un plan fonctionne, il faut que les Ukrainiens et les Européens soient impliqués", a déclaré jeudi la cheffe de la diplomatie de l'UE, Kaja Kallas.