Ukraine-Une attaque russe fait neuf morts, appels à sanctionner Moscou information fournie par Reuters 17/05/2025 à 14:47
(Actualisé avec nouvelle déclaration de Zelensky, calendrier potentiel d'échange de prisonniers)
par Pavel Polityuk
Le président ukrainien Volodimir Zelensky a appelé samedi à des sanctions plus sévères contre Moscou alors qu'une attaque de drone russe a tué neuf passagers d'un bus dans la région de Soumy, dans le nord-est de l'Ukraine, quelques heures après la tenue des premiers pourparlers de paix en trois ans de guerre.
Ces pourparlers organisés vendredi à Istanbul
ont tourné court
, une source ukrainienne accusant la délégation russe d'avoir présenté des demandes inacceptables pour conclure un cessez-le-feu, tandis que la partie russe s'est dite "satisfaite" et prête à maintenir le contact.
Commentant l'attaque de drone dans la région de Soumy, Volodimir Zelensky a déclaré sur X : "Toutes les personnes décédées étaient des civils. Et les Russes ne pouvaient pas ne pas comprendre quel type de véhicule ils visaient. Il s'agit d'un assassinat délibéré de civils."
La police ukrainienne a publié des photos d'une camionnette bleu foncé presque détruite dont le toit a été arraché et les vitres soufflées.
"Il faut faire pression sur la Russie pour qu'elle cesse les massacres. Sans sanctions plus sévères, sans pression accrue, la Russie ne cherchera pas de véritable diplomatie", a dit Volodimir Zelensky.
Le président ukrainien a également déclaré que la Russie avait envoyé à Istanbul une délégation "faible et mal préparée", sans mandat significatif, alors que des mesures concrètes sont nécessaires pour mettre fin à la guerre.
Cette rencontre de moins de deux heures a pour l'essentiel abouti à un accord en vue d'un échange d'un millier de prisonniers de guerre de chaque côté qui, selon le chef du renseignement militaire ukrainien Kyrylo Budanov, pourrait avoir lieu dès la semaine prochaine.
"Nous attendons des sanctions fortes contre la Russie de la part des États-Unis, de l'Europe et de tous nos partenaires. La diplomatie doit se mettre en branle", a dit Volodimir Zelensky.
MACRON SE DIT "SÛR" QUE TRUMP "VA RÉAGIR"
Le président américain Donald Trump, qui a poussé Moscou et Kyiv à organiser des pourparlers de paix, avait prévenu avant la réunion d'Istanbul que "rien ne pourrait se produire" tant qu'il n'aurait pas rencontré directement son homologue russe Vladimir Poutine.
Samedi, le ministre britannique des affaires étrangères, David Lammy, a accusé Moscou de masquer ses intentions après les pourparlers d'Istanbul, qui ont duré moins de deux heures.
"Une fois de plus, nous assistons à une volonté de brouiller les choses de la part de la Russie et à un refus de prendre au sérieux la paix durable qui est maintenant nécessaire en Ukraine", a-t-il déclaré à Reuters au Pakistan. "Une fois de plus, la Russie n'est pas sérieuse."
"A quel moment devons-nous dire (au président russe Vladimir) Poutine que trop c'est trop ?", a ajouté David Lammy.
Le président français, Emmanuel Macron, a lui aussi souligné samedi que les discussions à Istanbul avaient été infructueuses.
"Aujourd'hui qu'avons-nous ? Rien (...). Face au cynisme du président Poutine, je crois que - je suis sûr même - que le président Trump, soucieux de la crédibilité des Etats-Unis d'Amérique, va réagir", a-t-il dit lors d'un déplacement en Albanie.
Les États-Unis et l'Union européenne ont précédemment fait planer la menace de nouvelles sanctions visant les secteurs financier et énergétique russes, mais n'ont fait aucune annonce concrète.
Vladimir Poutine avait lui-même appelé à la tenue de négociations directes en Turquie, plutôt que de répondre à la proposition de cessez-le-feu de 30 jours avancée par Washington et soutenue par Kyiv et ses alliés européens.
"QUI SIGNERA DU CÔTÉ UKRAINIEN ?"
Mais le président russe a snobé la réunion d'Istanbul alors que Volodimir Zelensky l'avait mis au défi de le rencontrer et que Donald Trump s'était dit prêt à participer à la réunion.
Le Kremlin a déclaré samedi qu'une rencontre était possible entre Vladimir Poutine et Volodimir Zelensky, qui ne se sont pas rencontrés depuis décembre 2019, mais seulement à condition que certains accords soient conclus au préalable.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, n'a pas précisé quels accords seraient nécessaires.
"Lors de la signature des documents sur lesquels les délégations doivent se mettre d'accord, la chose principale et fondamentale pour nous reste de savoir qui exactement signera ces documents du côté ukrainien" , a-t-il dit, alors que Vladimir Poutine a précédemment contesté la légitimité de Volodimir Zelensky en tant que président.
Après l'annonce par Kyiv de l'attaque de samedi, l'agence de presse russe Tass, citant une déclaration du ministère de la Défense, a fait état pour sa part de frappes de drones contre une zone de stockage de matériel militaire ukrainien dans la région de Soumy.
Selon une source des services de sécurité de Kyiv, des drones ukrainiens ont par ailleurs frappé un dépôt de munitions en Crimée, péninsule occupée par la Russie depuis 2014, provoquant une puissante explosion dans des entrepôts où étaient stockés du matériel militaire, des armes et du carburant.
Reuters n'a pas pu vérifier de manière indépendante les informations ukrainiennes et russes.
(Lidia Kelly à Melbourne, Pavel Polityuk et Tom Balmforth à Kyiv, Charlotte Greenfield à Islamabad et Dmitry Antonov à Moscou ; version française Benjamin Mallet)