Ukraine: situation "difficile" pour le réseau électrique au lendemain de frappes russes
information fournie par AFP 09/11/2025 à 14:34

Frappe russe contre un immeuble à Dnipro, le 8 novembre 2025 ( UKRAINIAN EMERGENCY SERVICE / Handout )

Des dizaines de milliers de personnes restaient privées de courant dimanche en Ukraine au lendemain de frappes russes massives sur le réseau électrique et gazier du pays, tandis qu'une riposte ukrainienne a provoqué des interruptions dans plusieurs régions russes.

La Russie multiplie depuis des semaines les bombardements sur les infrastructures énergétiques et le réseau ferroviaire ukrainien, faisant craindre un hiver difficile. L'Ukraine vise de son côté régulièrement des dépôts et raffineries de pétrole et d'autres installations en Russie.

"Les équipes de réparation poursuivent les travaux de reconstruction après les frappes russes d'hier", a indiqué dimanche le vice-Premier ministre ukrainien en charge de la reconstruction, Dmytro Kouleba.

Selon lui, les frappes russes de samedi ont provoqué des "destructions considérables" et au moins 100.000 personnes sont toujours sans électricité, eau et chauffage dans la région de Kharkiv (nord-est).

Les autorités d'autres régions ont également fait état de coupures et de travaux de réparation en cours, sans préciser le nombre de foyers affectés.

L'attaque de samedi, qui a impliqué plus de 450 drones et 45 missiles, a été "l'une des plus graves pour le secteur énergétique depuis le début de la guerre", a relevé à la télévision le vice-ministre de l'Energie, Artyom Nekrassov.

Selon lui, les forces russes tentent désormais "de frapper simultanément les installations de production, les systèmes de transport et de distribution d'électricité", rendant complexes les réparations.

"Une partie très importante de la production a été touchée", a-t-il ajouté, qualifiant la situation sur le réseau de "difficile".

Conséquence: dans la plupart des régions du pays, des coupures d'urgence ont dû être mises en place pour la population mais aussi pour l'industrie et les entreprises, selon M. Nekrassov.

Les frappes russes de samedi ont aussi fait au moins quatre morts.

- "Réduite à zéro" -

Le groupe électrique Centerenergo, qui gère trois centrales, dont une en territoire occupé par la Russie, et 15% des besoins du pays selon son site internet, a averti samedi que sa capacité de production a été "réduite à zéro".

Funérailles de Kostiantyn Guzenko, soldat et photographe de 28 ans, à Kiev, le 7 novembre 2025 ( AFP / Genya SAVILOV )

Comme lors de chaque vague de frappes, le ministère russe de la Défense avait affirmé samedi avoir visé "des entreprises du complexe militaro-industriel ukrainien et des installations gazières et énergétiques qui soutiennent leurs opérations".

En Russie, des frappes ukrainiennes ont touché dimanche plusieurs régions frontalières, provoquant également des coupures de courant.

Dans la région de Belgorod, régulièrement visée par des tirs ukrainiens, le gouverneur Viatcheslav Gladkov a rapporté sur Telegram que "le réseau d'approvisionnement en électricité et en chauffage a subi de graves dégâts" dans la capitale régionale éponyme.

"Plusieurs rues sont touchées par des problèmes de courant (...) Plus de 20.000 habitants sont privés d'électricité", a-t-il ajouté.

Dans la région de Koursk, également frontalière de l'Ukraine, "un incendie s'est déclaré dans l'une des installations énergétiques du village de Korenevo", laissant 10 localités sans électricité, a annoncé sur Telegram le gouverneur Alexandre Khinshteïn.

Et dans la région de Voronej, un incendie s'est déclaré dans une installation assurant le chauffage, selon le gouverneur Alexandre Goussev.

L'Ukraine comme la Russie ont rapporté avoir abattu plusieurs dizaines de drones ennemis au cours de la nuit.

Des frappes russes massives sur l'énergie en Ukraine avaient déjà eu lieu les hivers précédents, plongeant par moments des millions de personnes dans le noir.

La campagne de cette année, plus puissante, fait craindre un rude hiver à venir. Le directeur du Centre ukrainien de recherche sur l'énergie, Oleksandre Khartchenko, a averti cette semaine que le pays court un "risque significatif" de coupures de chauffage.