Ukraine-Rome et Madrid pas prêtes à soutenir le projet de l'UE d'augmenter l'aide militaire
information fournie par Reuters 17/03/2025 à 19:23

par Lili Bayer et Andrew Gray

Rome et Madrid ont signifié lundi ne pas être prêtes à soutenir la proposition de l'Union européenne (UE) de doubler l'aide militaire à l'Ukraine à 40 milliards d'euros cette année en faisant contribuer chaque Etat membre selon son poids économique.

Les dirigeants de l'UE affirment qu'il est vital de continuer d'appuyer l'Ukraine sur le front alors que le retour de Donald Trump à la Maison blanche a marqué un revirement dans la politique américaine à l'égard de la guerre russo-ukrainienne, Washington reprochant désormais à Kyiv d'être à l'origine du conflit tout en adoptant un ton plus conciliant avec Moscou.

Le président américain a déclaré qu'il allait s'entretenir avec son homologue russe Vladimir Poutine mardi au sujet de la fin du conflit.

Après une réunion lundi à Bruxelles avec les ministres des Affaires étrangères des 27 Etats membres, la haute représentante de l'UE pour la politique étrangère, l'Estonienne Kaja Kallas, a déclaré que la proposition avait reçu un "large soutien politique" et que les discussions devaient désormais porter sur les détails.

Les pays du nord et de l'est de l'Europe ont apporté leur soutien au projet, selon des diplomates.

Mais certaines capitales du sud se montrent plus réticentes, signe des divisions entre les pays proches géographiquement de la Russie - qui ont plus contribué à l'aide ukrainienne - et ceux plus éloignés.

L'Estonie, le Danemark et la Lituanie font partie des meilleurs élèves avec une aide équivalente à 2% de leur PIB entre janvier 2022 et décembre 2024, selon le think thank Kiel Institute for the World Economy.

Au contraire, l'Italie, la Slovénie, l'Espagne, le Portugal, la Grèce et Chypre ont contribué à hauteur de moins de 0,5% de leur PIB.

La Hongrie du Premier ministre russophile Viktor Orban occupe la dernière position du classement.

EN ATTENDANT TRUMP ET POUTINE

Avant le sommet, les ministres de l'Italie et de l'Espagne - respectivement troisième et quatrième économies du bloc européen - ont déclaré qu'il était trop tôt pour prendre une décision définitive quant à un doublement de l'aide militaire à l'Ukraine. Paris a aussi soulevé des interrogations, selon des diplomates.

Le ministre italien des Affaires étrangères Antonio Tajani a déclaré que le projet devra être discuté en profondeur à la vue des prochains développements.

"Nous attendons le coup de téléphone entre Trump et Poutine pour voir s'il y a des avancées quant à un accord de cessez-le-feu", a-t-il dit, ajoutant que l'Italie devait aussi trouver des fonds pour augmenter ses propres dépenses de défense.

"Il y a beaucoup de dépenses à gérer", a ajouté Antonio Tajani.

Son homologue espagnol, Jose Manuel Albares a abondé : "Nous verrons comment évolue le débat, mais à ce point il n'y a pas encore de décision."

Le ministre espagnol des Affaires étrangères a aussi réitéré que Madrid avait déjà confirmé fournir 1 milliard d'euros en aide militaire à Kyiv cette année.

L'Espagne n'a pas eu à "attendre que la Haute Représentante (Kaja Kallas) fasse une proposition" pour montrer à Kyiv qu'elle pouvait compter sur son soutien, a ajouté Jose Manuel Albares.

La Slovaquie a déclaré ne pas vouloir s'opposer au projet tout en refusant d'y contribuer, selon trois diplomates européens.

La Slovaquie comme la Hongrie ne fournissent pas d'aide militaire à l'Ukraine, mais selon les dirigeants de l'UE, les contributions se font sur la base du volontariat et leur opposition ne devrait pas être un frein.

"Nous ne nous laisserons pas entraîner dans cette affaire et nous ne laisserons pas l'argent des contribuables hongrois servir à financer des livraisons d'armes à l'Ukraine", a écrit sur X le ministre hongrois des Affaires étrangères, Peter Szijjarto.

(Reportage de Lili Bayer et Andrew Gray à Bruxelles, Angelo Amante à Rome et Inti Landauro à Madrid; version française Zhifan Liu, édité par Benjamin Mallet)