Ukraine: progrès dans les discussions, les Européens proposent une force multinationale
information fournie par AFP 15/12/2025 à 23:23

Le président allemand Frank-Walter Steinmeier (d) accueille le président ukrainien Volodymyr Zelensky au palais présidentiel de Bellevue, le 15 décembre 2025 à Berlin ( AFP / RALF HIRSCHBERGER )

Volodymyr Zelensky s'est félicité lundi de "progrès" dans les négociations avec les Etats-Unis pour mettre fin à la guerre avec la Russie, les Européens avançant de leur côté la proposition d'une force multinationale pour garantir la paix en Ukraine.

Donald Trump s'est lui montré très optimiste, après s'être entretenu avec le président ukrainien et plusieurs dirigeants européens.

"Nous sommes plus proches aujourd'hui que nous n'avons jamais été" d'un accord mettant fin à la guerre avec la Russie, a dit le président américain dans le Bureau ovale, ajoutant s'être récemment entretenu avec le président russe Vladimir Poutine, sans plus de précisions.

Dimanche et lundi, le président ukrainien a négocié à Berlin avec les émissaires américains Steve Witkoff et Jared Kushner, gendre de Donald Trump, pour tenter d'aboutir à un compromis sur un plan pouvant mettre fin aux combats.

Au coeur des discussions, la protection qu'obtiendra l'Ukraine des Américains après un éventuel cessez-le-feu pour dissuader Moscou de lancer une nouvelle invasion.

M. Zelensky a parlé de "progrès", le chancelier allemand Friedrich Merz a lui loué des propositions américaines "remarquables", tandis que les Etats-Unis ont dit offrir des garanties de sécurité "très fortes" mais néanmoins acceptables, selon eux, pour la Russie.

Celles-ci seraient semblables à celles de l'article 5 du traité de l'Otan, qui prévoit une assistance militaire des alliés. Mais l'Ukraine ne rejoindrait pas l'Alliance, conformément à ce que réclame Moscou depuis des années.

Les dirigeants des principaux pays européens - notamment l'Allemagne, la France et la Grande-Bretagne - et de l'UE ont fait part dans la soirée de leur proposition d'une "force multinationale pour l'Ukraine" qui serait "composée de contributions de nations volontaires, et soutenue par les États-Unis", et de soutenir de manière "durable" une armée ukrainienne de 800.000 hommes, selon une déclaration transmise par le gouvernement allemand.

Ils évoquent aussi "un mécanisme de surveillance et de vérification du cessez-le-feu dirigé par les États-Unis".

Le document souligne qu'il appartient "désormais à la Russie de montrer sa volonté d'œuvrer en faveur d'une paix durable".

- "Vraie chance" -

Les pourparlers de Berlin offrent une "vraie chance pour un processus de paix", a estimé Friedrich Merz, jugeant qu'un cessez-le-feu avant Noël ne dépendait "plus que de la Russie".

En outre, les négociateurs américains devaient participer lundi soir à un dîner de travail avec M. Zelensky, de nombreux dirigeants européens, dont le Premier ministre britannique et le président français, ainsi que les principaux responsables de l'UE et de l'Otan.

Ce format Ukraine-USA-Europe constitue une première depuis la présentation d'un plan américain en novembre, jugé trop favorable à Moscou sur le Vieux continent.

Un différend de fond demeure cependant: la question des concessions territoriales de l'Ukraine réclamée par la Russie.

"Il existe des questions complexes, en particulier celles concernant les territoires (...). Pour le dire franchement, nous avons encore des positions différentes" avec les Etats-Unis, a dit M. Zelensky

Le document publié par les Européens lundi soir n'aborde pas cette question épineuse, insistant sur le fait que les "frontières internationales ne doivent pas être modifiées par la force".

Moscou réclame comme préalable à l'arrêt des combats que l'Ukraine lui cède des territoires restés sous son contrôle dans le bassin du Donbass (est), et la proposition américaine initiale poussait en ce sens. Une ligne rouge pour Kiev.

Dimanche, M. Zelensky disait vouloir convaincre les Etats-Unis de soutenir un cessez-le-feu fondé sur un gel de la ligne de front, et non sur la cession de cette région.

Au-delà des considérations territoriales, le Donbass est la portion la mieux défendue du front, avec ses villes-forteresses et de centaines de kilomètres de tranchées et de champs de mines. Les troupes russes y avancent, mais au prix de pertes très importantes depuis presque quatre ans.

- Avoirs russes -

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (2e d) et le secrétaire du Conseil national de sécurité et de défense d'Ukraine, Roustem Oumerov (d), quittent la chancellerie à Berlin, après des entretiens avec des représentants du gouvernement américain, le 15 décembre 2025 ( AFP / John MACDOUGALL )

La venue de M. Zelensky à Berlin est accompagnée de mesures de sécurité très importantes, avec des tireurs d'élite sur les toits du quartier gouvernemental, bloqué par la police.

En parallèle, l'UE cherche à enfin s'entendre sur un recours aux dizaines de milliards d'avoir russes gelés, essentiellement en Belgique, pour aider l'armée ukrainienne et la reconstruction. Mais le blocage demeure, notamment car le gouvernement belge craint des représailles.

Des tireurs d'élite de la police en position sur un toit aux abords de la chancellerie à Berlin, lors de la visite du président ukrainien Volodymyr Zelensky, le 15 décembre 2025 ( AFP / RALF HIRSCHBERGER )

M. Merz a pressé ses partenaires d'agir, soulignant que l'Ukraine était un rempart contre la menace russe.

Faute d'accord, "la capacité d'action de l'Union européenne sera gravement compromise", a martelé le chancelier qui craint que les Européens se montrent "incapables" d'agir à un "moment aussi crucial de (leur) histoire".

Volodymyr Zelensky a appelé à ce que ces avoirs "servent pleinement" à la défense de l'Ukraine.

- Objections russes -

Photo prise par le service de presse de la 24e brigade mécanisée des forces armées ukrainiennes, le 28 novembre 2025 et publiée le 1er décembre 2025, montre des bâtiments résidentiels détruits dans la ville de Kostiantynivka, dans la région de Donetsk ( 24th Mechanized Brigade of Ukrainian Armed Forces / OLEG PETRASIUK )

Le Kremlin a dit lundi attendre d'être informé par Washington des résultats des pourparlers de Berlin, tout en promettant la veille de "fortes objections".

La présidence ukrainienne, affaiblie par un scandale de corruption, reste sous pression, l'armée reculant et les bombardements russes plongeant la population régulièrement dans le froid et le noir.