Ukraine : la Norvège refuse d'être la principale garante d'un prêt européen en sa faveur information fournie par Boursorama avec Media Services 12/11/2025 à 15:05
Jens Stoltenberg, ministre norvégien des Finances, a fait savoir ce mercredi que son pays ne serait pas le garant exclusif d'un éventuel prêt à l'Ukraine. Ce prêt doit s'appuyer sur des avoirs russes gelés.
Afin de financer sur les deux prochaines années son appui budgétaire et militaire à l'Ukraine face à l'invasion de la Russie, la Commission européenne envisage d'utiliser une partie des avoirs russes gelés pour fournir à Kiev un prêt de 140 milliards d'euros .
L'Ukraine ne rembourserait ce prêt que si la Russie lui payait des réparations de guerre.
Cette solution se heurte notamment aux réserves de la Belgique où se trouve l'essentiel de ces fonds et qui redoute de se retrouver seule en première ligne en cas de problème.
Arguant que le pays scandinave, gros producteur d'hydrocarbures, s'est considérablement enrichi grâce à l'envolée du prix du gaz provoquée par la guerre en Ukraine, deux économistes norvégiens ont suggéré que la Norvège se porte garante d'un tel prêt.
Des discussions en cours au sein de l'UE
L'idée a reçu le soutien de certains responsables politiques norvégiens et étrangers, de diplomates et de commentateurs.
" Certaines idées ont circulé selon lesquelles la Norvège garantirait la totalité du montant (...), il n'en est pas question ", a réagi le ministre des Finances, Jens Stoltenberg.
"Mais que nous puissions, d'une manière ou d'une autre, apporter une contribution, cela reste à examiner en fonction de ce que proposera l'UE", a-t-il dit au micro de la chaîne NRK depuis Bruxelles, où il devait participer à une réunion avec ses homologues européens.
Jens Stoltenberg a aussi fait valoir que les discussions étaient toujours en cours sur cette question au sein de l'Union européenne .La question doit être mise sur la table lors du Conseil européen en décembre.
Aider l'Ukraine via des versements financiers directs
La Norvège, pays membre de l'Otan qui partage une frontière avec la Russie dans l'Arctique, n'appartient pas à l'UE mais a jusqu'à présent suivi une ligne proche de celle de Bruxelles dans le dossier ukrainien.
Dans leur tribune publiée en octobre, les économistes Håvard Halland et Knut Anton Mork qualifient la Norvège de "profiteur de guerre" qui a empoché 109 milliards d'euros de revenus gaziers supplémentaires du fait du conflit en Ukraine .
Grâce à sa note AAA -la plus élevée qui soit chez les agences financières- et à son fonds souverain de quelque 1.800 milliards d'euros (le plus gros du monde), la Norvège "pourrait, à e lle seule, assumer la responsabilité liée à une nouvelle dette ukrainienne, sans que cela n'entame sa note de crédit ", affirment-ils.
" Il n'est évidemment pas question pour la Norvège d'utiliser son fonds de pension comme garantie pour des dispositifs encore en discussion dans différents organes et qui ne sont pas finalisés ", a déclaré le Premier ministre, Jonas Gahr Støre, devant le Parlement norvégien ce mercredi.
Le Premier ministre norvégien a souligné l'importance de ne pas établir un précédent sur l'usage des avoirs russes, qui pourrait un jour se retourner contre les intérêts norvégiens.
" Nous savons bien que le fonds pétrolier norvégien (nom d'usage du fonds souverain, ndlr) est investi partout dans le monde, et nous tenons à ce que cet argent y soit en sécurité ", a-t-il ensuite expliqué à la chaîne TV2 . Il a aussi dit préférer que la Norvège poursuive son aide à l'Ukraine via des versements financiers directs.
Oslo a prévu de fournir une aide civile et militaire de plus de 23 milliards d'euros à Kiev sur la période 2023-2030, dont 7 milliards en 2025 puis en 2026.