Ukraine: la diplomatie bat son plein, les frappes russes aussi information fournie par AFP 25/11/2025 à 20:29
Donald Trump a déclaré mardi qu'un accord visant à mettre fin à la guerre en Ukraine était "très proche" alors que les frappes russes se poursuivent sans répit sur Kiev.
"Ce n'est pas facile", a affirmé le président américain à la Maison Blanche, mais "je pense que nous sommes très proches d'un accord". "Nous verrons bien".
Plusieurs dirigeants européens se montrent plus sceptiques, le président français Emmanuel Macron déplorant l'absence "de volonté russe d'avoir un cessez-le-feu" après près de quatre ans de guerre.
La porte-parole de la Maison Blanche Karoline Leavitt a reconnu sur X qu'"il restait à régler quelques détails sensibles mais pas insurmontables, qui demanderont des discussions supplémentaires entre l'Ukraine, la Russie et les Etats-Unis".
Au coeur des négociations, le projet de plan américain dont une version initiale jugée très favorable à Moscou a été amendée à l'issue de pourparlers dimanche à Genève entre délégations américaine, ukrainienne et européennes.
La dernière mouture est "significativement meilleure" pour Kiev, a reconnu mardi auprès de l'AFP une source proche du dossier.
"L'Ukraine, les Etats-Unis et les Européens ont rendu la proposition américaine fonctionnelle (...) et elle est désormais significativement meilleure" pour Kiev, a-t-elle dit.
Signe de l'intense activité diplomatique, le secrétaire américain à l'Armée de terre, Dan Driscoll, s'est entretenu avec une délégation russe à Abou Dhabi.
"Les pourparlers se déroulent bien et nous restons optimistes", a déclaré un porte-parole, le lieutenant-colonel Jeff Tolbert, sans autre détails.
- Habitants évacués -
Une pluie de drones et missiles s'est abattue sur Kiev dans la nuit de lundi à mardi, faisant au moins sept morts.
Certains ont trouvé refuge dans le métro de la capitale tandis que retentissaient les sirènes d'alerte dans tout le pays.
Les habitants de plusieurs immeubles résidentiels ont été évacués de leurs appartements en flammes. Au petit matin, de la fumée s'élevait encore au-dessus des toits.
Le chef de la diplomatie ukrainienne, Andriï Sybiga, a dénoncé sur X les frappes russes, estimant qu'elles montraient "la réponse terroriste (du président russe Vladimir) Poutine à la proposition de paix des Etats-Unis et du président Trump".
- "Enfin, une chance" -
Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan.
La dernière version permet notamment à l'Ukraine de conserver une armée de 800.000 hommes, contre 600.000 militaires dans la première version du plan. "Il n'y est pas question de plafond, c'est à peu près le nombre actuel", selon la même source proche du dossier sous couvert d'anonymat.
Certaines questions parmi les plus sensibles, telles que les questions territoriales, pourront être "discutées à un niveau présidentiel", a-t-elle poursuivi.
Kiev espère à présent organiser une visite du président Zelensky aux États-Unis "dès que possible en novembre pour finaliser les étapes restantes et parvenir à un accord avec le président Trump", a déclaré sur X le secrétaire du Conseil de sécurité ukrainien Roustem Oumerov, qui a fait part d'une "entente" générale sur les paramètres d'un accord.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a de son côté déclaré mardi que la Russie attendait des Etats-Unis qu'ils présentent la nouvelle version de leur proposition.
Les pays de la "Coalition des volontaires" soutenant l'Ukraine se sont réunis mardi après-midi en visio-conférence.
En ouverture, le président français a affirmé qu'il y avait "enfin une chance de réaliser de vrais progrès vers une bonne paix" entre l'Ukraine et la Russie.
"Mais la condition absolue pour une bonne paix, c'est une série de garanties de sécurité très robustes, et pas des garanties uniquement sur le papier", a-t-il prévenu.
Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio devait se joindre à cette réunion, a-t-il précisé.
Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, a cependant averti que le chemin vers un règlement du conflit en Ukraine est "encore long" et "difficile".
Et Emmanuel Macron a déploré le fait qu'il n'y avait "aujourd'hui clairement pas de volonté russe d'avoir un cessez-le-feu", appelant à "continuer de mettre la pression" sur la Russie.
- Fatigue -
Sur le front, l'armée russe qui contrôle près d'un cinquième du territoire ukrainien, continue sa lente progression le long de la ligne Est, revendiquant ces derniers jours la prise de plusieurs villages.
Ivan Zadontsev, sergent dans les forces ukrainiennes, accueille les négociations avec scepticisme. "Nous sommes fatigués de la guerre", a-t-il dit mardi à l'AFP, mais il redoute la "mauvaise paix" esquissée dans la proposition américaine initiale.