UE-Mercosur : le ministre brésilien de l'Agriculture soutient la grogne des fournisseurs de viande contre Carrefour
information fournie par Boursorama avec Media Services 26/11/2024 à 08:54

( AFP / DAMIEN MEYER )

"Il ne faut pas que Carrefour achète de viande brésilienne, que Carrefour cesse d'acheter de la viande brésilienne pour ses magasins au Brésil", a déclaré le ministre brésilien de l'Agriculture Carlos Favaro à la chaîne Globonews lundi 25 novembre.

En plein débat autour de l'accord UE-Mercosur, au Brésil, des entreprises du secteur de la viande ont décidé de ne plus approvisionner les magasins du groupe Carrefour dans le pays. Lundi 25 novembre, le ministre brésilien de l'Agriculture leur a apporté son soutien.

"Je suis heureux de l'attitude de nos fournisseurs. Si pour le peuple français, il ne faut pas que Carrefour achète de viande brésilienne, que Carrefour cesse d'acheter de la viande brésilienne pour ses magasins au Brésil", a déclaré le ministre Carlos Favaro à la chaîne Globonews. La controverse a débuté mercredi, quand le PDG de Carrefour, Alexandre Bompard, a écrit au syndicat agricole majoritaire FNSEA que la chaîne de supermarchés "ne vendra aucune viande provenant du Mercosur".

Une annonce liée à l'opposition de la France au projet d'accord commercial entre l'Union européenne (UE) et quatre pays du Mercosur - le Brésil, l'Argentine, l'Uruguay et le Paraguay -, sur fond de manifestations d'agriculteurs français qui craignent que cet accord n'ouvre la porte à une concurrence déloyale. Le groupe français avait néanmoins souligné que son refus de vendre de la viande issue des pays du Mercosur ne s'appliquait qu'aux magasins Carrefour en France. Mais cette annonce a suscité une vive indignation au Brésil, notamment de la part du puissant secteur de l'agro-négoce.

Carrefour Brésil "déplore profondément cette situation"

Dans un communiqué conjoint, plusieurs associations du secteur ont déclaré jeudi que "si Alexandre Bompard défend que le Mercosur n'est pas un fournisseur à la hauteur du marché français (...), il ne doit fournir Carrefour dans aucun autre pays", y compris le Brésil. Le géant brésilien JBS, numéro un mondial du secteur de la viande, ne s'est pas prononcé sur cette situation. Mais une source de cette entreprise a confirmé à l'AFP que JBS avait bien "suspendu totalement l'approvisionnement de viande bovine des magasins du groupe Carrefour au Brésil", en raison "de l'indignation de tout le secteur face à cette attaque contre les produits brésiliens".

"Malheureusement, la décision de suspendre l'approvisionnement de viande a un impact sur nos clients, notamment ceux qui ont confiance en nous pour ravitailler leurs foyers avec des produits de qualité", a affirmé lundi Carrefour Brésil. "Nous déplorons profondément cette situation et nous réaffirmons notre estime et notre confiance envers le secteur agricole brésilien, avec lequel nous avons toujours entretenu un solide partenariat", a également déclaré le groupe, qui compte 130.000 employés au Brésil.

Le président de la chambre des Députés du Brésil, Arthur Lira a fustigé lundi le "protectionnisme européen, surtout de France vis-à-vis du Brésil". "Ce n'est pas possible que le PDG d'un groupe important comme Carrefour ne se rétracte pas après des propos (qui impliquent) de ne plus acheter de protéines animales issues d'Amérique du Sud", a-t-il insisté, lors d'une conférence à Sao Paulo.