Tunisie -Les soutiens de Saïed manifestent contre l'opposition information fournie par Reuters 17/12/2025 à 12:44
par Tarek Amara
Les partisans du président tunisien Kaïs Saïed se sont rassemblés mercredi dans la capitale pour dénoncer les "traîtres" de l'opposition après plusieurs semaines de manifestations qui ont mis en lumière des divisions politiques exacerbées.
De part et d'autre, ces rassemblements interviennent sur fond de crise économique aggravée, marquée par une forte inflation, des pénuries de produits de base et des services publics défaillants qui alimentent la colère populaire.
Des organisations de défense des droits de l'homme accusent Kaïs Saïed de mener une répression sans précédent contre l'opposition, en s'appuyant sur la justice et à la police pour étouffer les voix critiques. Kaïs Saïed rejette ces accusations, affirmant vouloir débarrasser le pays des "traîtres" et d'une élite qu'il juge corrompue.
Les manifestants réunis dans le centre de Tunis brandissaient des drapeaux tunisiens et scandaient des slogans en soutien à Kaïs Saïed.
"Nous sommes ici pour sauver la Tunisie des traîtres et des laquais coloniaux", a déclaré un manifestant, Saleh Ghiloufi.
Les adversaires de Kaïs Saïed considèrent que les arrestations de dirigeants de l'opposition, d'organisations civiles et de journalistes illustrent le virage autoritaire pris depuis qu'il s'est arrogé des pouvoirs exceptionnels en 2021 pour gouverner par décrets.
Un tribunal tunisien a condamné la semaine dernière la figure de l'opposition Abir Moussi à 12 ans de prison, ce que ses détracteurs considèrent comme une nouvelle étape vers un pouvoir personnel renforcé.
Une cour d'appel a infligé le mois dernier des peines allant jusqu'à 45 ans de prison à des dizaines de dirigeants de l'opposition, d'hommes d'affaires et d'avocats pour complot visant à renverser Saïed.
Très largement élu en 2019, Kaïs Saïed a depuis consolidé son pouvoir, suscitant l'inquiétude de ses opposants et de ses partenaires internationaux, qui déplorent que la Tunisie s'éloigne des valeurs démocratiques.
L'Union générale tunisienne du travail (UGTT), principal syndicat de Tunisie, a appelé début décembre à une grève générale le 21 janvier, une première depuis l'arrivée au pouvoir du président Kaïs Saïed.
(Tarek Amara; version française Nicolas Delame, édité par Sophie Louet)