Tsahal bombarde le sud de Beyrouth, Paris dénonce une violation "inacceptable" de la trêve information fournie par Reuters 29/03/2025 à 03:29
L'armée israélienne a mené vendredi un bombardement aérien massif sur un bâtiment qu'elle dit appartenir au Hezbollah à Hadath, dans la banlieue sud de Beyrouth, pour la première fois depuis la conclusion d'un cessez-le-feu entre la milice libanaise et l'Etat hébreu le 26 novembre dernier.
Les autorités israéliennes ont déclaré avoir agi en représailles à des tirs de roquettes vendredi matin depuis le territoire libanais contre la Galilée, dans le nord d'Israël - tirs imputés au Hezbollah, qui dément pour sa part être à l'origine de cette attaque comme de celle du 22 mars.
L'armée israélienne a déclaré sur X avoir visé dans le sud de Beyrouth une "infrastructure de drones de l'unité 127 du Hezbollah", unité chargée des attaques de drones et de missiles de croisière contre Israël.
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré ensuite qu'Israël interviendrait sans relâche en quelque endroit du territoire libanais pour répondre aux menaces et assurer le respect du cessez-le feu. "Nous ne tolérerons aucun tir contre nos communautés", a-t-il dit.
Cette frappe est intervenue alors que le président libanais, Joseph Aoun, était en visite à Paris, son premier déplacement dans un pays occidental depuis son élection en janvier.
Lors d'une conférence de presse commune avec son homologue libanais, le président français Emmanuel Macron a dénoncé une "violation du cessez-le-feu" sans fondement.
"Les frappes inacceptables sur Beyrouth encore ce matin et le regain de tension observé de part et d'autre de la ligne bleue marquent aujourd'hui un tournant, (...) cette tension est profondément inefficace et injuste", a-t-il déclaré.
"Les frappes du jour, le non-respect du cessez-le-feu sont des actions unilatérales qui trahissent une promesse donnée et qui font le jeu du Hezbollah", a-t-il martelé, ajoutant que rien ne justifiait "à ce stade" cette escalade.
"Tout indique qu'il ne s'agit pas du Hezbollah. (...) L'armée libanaise est en train de mener une enquête", a abondé Joseph Aoun, en référence aux tirs signalés vendredi matin par Tsahal contre la Galilée.
Le président libanais a condamné "toute tentative détestable de ramener le Liban dans un tourbillon de violence".
BOMBARDEMENTS AU LIBAN-SUD
Emmanuel Macron a précisé qu'il s'entretiendrait au téléphone de la situation avec le président américain Donald Trump, ainsi qu'avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu dans les prochaines 48 heures - cet échange était prévu avant le bombardement de vendredi.
La détonation a été entendue dans plusieurs quartiers de la capitale libanaise et une épaisse colonne de fumée noire s'élevait du lieu visé. Un drone de Tsahal avait auparavant mené trois frappes "limitées" sur le site, des tirs de semonce selon des sources sécuritaires.
Tsahal, par la voix de son porte-parole arabophone Avichay Adraee, avait ordonné dans la matinée à la population de quitter la zone, provoquant un début de panique comme au plus fort de l'escalade militaire de l'automne dernier.
Le bâtiment visé, identifié sur une carte par Avichay Adraee, se trouve à proximité de deux établissements scolaires.
Le ministère libanais de l'Education avait demandé aux directeurs de tous les établissements scolaires et universitaires de la banlieue sud de Beyrouth et d'Hadath de suspendre les cours et d'évacuer élèves et personnels.
Ces ordres d'évacuation étaient quasi quotidiens au plus fort des combats entre Tsahal et le Hezbollah à partir de septembre dernier, jusqu'à l'accord de cessez-le-feu du 26 novembre, entré en vigueur le lendemain.
L'armée israélienne a bombardé vendredi des "cibles du Hezbollah" au Liban-Sud à la suite des tirs de roquettes contre la Galilée. Dans un communiqué, un responsable du Hezbollah accuse Israël de "créer des prétextes (...) pour poursuivre son agression contre le Liban".
"A ce stade nous n'avons pas eu d'information signalant des frappes du Hezbollah ou des activités militaires au Sud", a souligné Emmanuel Macron.
"L'armée israélienne doit se retirer au plus vite des cinq positions qu'elle continue d'occuper en territoire libanais afin de permettre à l'armée libanaise de s'y déployer et aux populations civiles de rentrer chez elles", a-t-il ajouté.
La présidence libanaise précise sur X que Joseph Aoun a été informé de la frappe sur Beyrouth lors d'une réunion à l'Elysée avec les présidents français, syrien, chypriote et le Premier ministre grec, et qu'il a "transmis cette information aux participants de la réunion".
(Reportage Tala Ramadan, Jana Choukeir à Dubaï; Maya Gebeily et Laïla Bassam à Beyrouth, James Mackenzie à Jérusalem; John Irish à Paris, rédigé par Tala Ramadan et Jana Choukeir; version française Sophie Louet et Bertrand Boucey, édité par Blandine Hénault)