Trump maintient la pression sur la Fed, plus encline à baisser les taux
information fournie par AFP 22/08/2025 à 22:04

Jerome Powell, le 30 juillet 2025 à Washington ( AFP / Mandel NGAN )

Le président de la Réserve fédérale (Fed) s'est montré vendredi ouvert à une prochaine baisse des taux d'intérêt, une détente réclamée à cor et à cri par Donald Trump qui ne desserre pas la pression sur les banquiers centraux américains.

Les Etats-Unis approchent du moment où la Fed devra baisser ses taux d'intérêt pour soutenir l'emploi, a estimé Jerome Powell depuis les rencontres annuelles de Jackson Hole, dans le Wyoming (ouest).

Son discours était très attendu.

Le patron de l'institution monétaire, qui approche de la fin de son mandat, est sans cesse invectivé par le président américain qui veut voir les taux d'intérêt diminuer rapidement.

Le chef de l'Etat cherche aussi à remodeler le comité qui fixe ces taux (FOMC), afin d'y placer des personnes davantage en phase avec sa vision de l'économie.

Donald Trump a ainsi assuré vendredi qu'il était prêt à destituer l'une des gouverneures de la Fed, Lisa Cook.

Lisa Cook, membre du conseil des gouverneurs de la Réserve fédérale américaine, le 25 juin 2025 à Washington. ( AFP / SAUL LOEB )

Première femme afro-américaine nommée à ce poste, Mme Cook est accusée par un proche du républicain d'avoir falsifié des documents pour obtenir un prêt immobilier.

"Ce qu'elle a fait est très mal donc je la virerai si elle ne démissionne pas", a déclaré M. Trump lors d'un point presse à Washington.

- "Changé d'avis" -

Depuis le Wyoming, M. Powell s'est gardé de tout commentaire politique, se cantonnant aux frontières de son mandat: fixer les taux d'intérêt de façon à ce que l'inflation reste stable (autour de 2%) et que le plein-emploi soit assuré.

Le président américain Donald Trump brandit un décret sur les droits de douane, le 2 avril 2025 à la Maison Blanche, à Washington ( GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Andrew Harnik )

Or les droits de douane mis en place par Donald Trump depuis son retour à la Maison Blanche bousculent l'économie américaine.

Une dégradation "rapide" du marché du travail n'est pas à exclure et pourrait "justifier d'ajuster la politique" monétaire, a relevé Jerome Powell.

Avec cette formule, le président de la Fed s'est clairement montré "dovish" - l'expression désignant en anglais les banquiers centraux adeptes de taux plus bas, selon Ryan Sweet, d'Oxford Economics.

"Jerome Powell dit à sa manière qu'il a changé d'avis depuis juillet et penche désormais en faveur d'une baisse en septembre", considère aussi Heather Long, économiste pour la banque Navy Federal Credit Union.

- "Situation délicate" -

Dans l'intervalle, un rapport officiel a montré que les créations d'emploi avaient fondu ces derniers mois. La publication a été dénigrée par Donald Trump qui a limogé la directrice du service statistique, suscitant la stupeur de ses opposants et d'économistes de tous bords.

La Fed se trouve dans une "situation délicate", d'après M. Powell, car les nouvelles taxes sur les produits importés commencent dans le même temps à être répercutées sur les prix payés par les consommateurs, au risque de raviver l'inflation.

En théorie, le risque d'une poussée d'inflation incite les banquiers centraux à laisser a minima leurs taux directeurs inchangés. Mais s'ils estiment qu'il faut soutenir l'activité pour éviter des licenciements, ils tendent à l'inverse à baisser les taux, qui guident le coût du crédit pour les entreprises et les particuliers.

Le président de la Réserve fédérale ne s'engage jamais fermement sur une décision future, décidée à huis clos entre les 12 membres du FOMC. Une de ses missions consiste toutefois à gérer les attentes des marchés, en indiquant dans quelle direction les prochaines décisions de la banque centrale pourraient aller.

En l'espèce, son discours a convaincu les marchés qu'il était favorable à une baisse de taux lors de la prochaine réunion de la Fed, programmée dans moins d'un mois.

Wall Street a applaudi ses propos. Et davantage d'investisseurs anticipent désormais une détente des taux en septembre, selon l'outil de veille de CME, FedWatch: ils sont désormais une large majorité (autour de 85%).

Donald Trump a lui déclaré depuis la Maison Blanche que Jerome Powell méritait le surnom qu'il lui a donné de "Trop tard". Il fallait selon lui baisser les taux "il y a un an".