Trump lance une attaque désinhibée contre l'ONU et l'Europe
information fournie par AFP 23/09/2025 à 23:42

Le président américain Donald Trump s'adresse à l'Assemblée générale de l'ONU, le 23 septembre 2025 à New York. ( AFP / TIMOTHY A. CLARY )

Donald Trump a lancé mardi une attaque en règle contre l'ONU et l'Europe, mettant en avant sa vision anti-immigration et climatosceptique, et opéré un revirement majeur en estimant que l'Ukraine pouvait gagner la guerre contre la Russie.

En 2018, le discours plein de vantardise du président américain avait suscité des rires parmi les délégués réunis pour l'Assemblée générale de l'ONU à New York.

Cette fois-ci, c'est dans un silence presque complet que le milliardaire de 79 ans a assuré qu'il méritait un prix Nobel pour avoir mis fin à "sept guerres", en faisant une liste hétéroclite de conflits pour certains déjà anciens.

Ce "n'est possible que si vous arrêtez (le) conflit" entre Israël et les Palestiniens, a réagi par la suite le président français, Emmanuel Macron.

La plupart des dirigeants occidentaux n'ont plus le coeur à rire depuis le retour au pouvoir du républicain, dont les assauts protectionnistes et nationalistes secouent le monde entier.

Un diplomate européen a estimé auprès de l'AFP qu'après ce discours, "les Européens devraient s'inquiéter de futures ingérences américaines dans (leurs) affaires intérieures".

- Panne d'escalier et de téléprompteur -

"Quel est le but des Nations unies?" Le président américain a reproché à l'ONU de ne pas l'avoir aidé dans ses entreprises de médiation.

Le président américain Donald Trump devant l'Assemblée générale des Nations Unies au siège de l'ONU à New York, le 23 septembre 2025 ( AFP / ANGELA WEISS )

"Les deux choses que j'ai eues des Nations unies, c'est un escalier mécanique défaillant et un téléprompteur défaillant", a-t-il ironisé, en référence à des problèmes techniques lors de son arrivée.

Cela n'a guère fait sourire la Maison Blanche, qui a appelé à "renvoyer immédiatement" toute personne susceptible d'avoir provoqué l'arrêt intempestif de cet escalier mécanique.

Donald Trump, qui a lancé une grande opération d'expulsions d'immigrés en situation irrégulière, a reproché à l'ONU de "financer une attaque contre les pays occidentaux et leurs frontières" avec ses programmes d'aide aux migrants.

"Il est temps de mettre fin à l'expérimentation ratée des frontières ouvertes (...) Vos pays vont en enfer!" a-t-il déclaré.

Il a aussi attaqué les pays européens pour leurs politiques de soutien aux énergies renouvelables, affirmant que le changement climatique était la "plus grande arnaque" jamais vue.

Donald Trump, qui a exposé au monde entier ses griefs récurrents contre les "pathétiques" éoliennes ou contre son prédécesseur Joe Biden "l'endormi", est passé assez rapidement sur les conflits qui ensanglantent la planète.

Il a déclaré que la reconnaissance d'un Etat de Palestine constituerait une "récompense" pour les "atrocités" commises par le Hamas, après que la France s'est ajoutée à quelque 150 pays s'inscrivant déjà dans ce mouvement historique.

Pour le président français cependant, qui s'est entretenu avec Donald Trump en présence de quelques journalistes dont l'AFP, la solution militaire "ne fonctionne pas" pour vaincre le Hamas à Gaza.

Le président américain doit aussi organiser une réunion avec les dirigeants de plusieurs pays musulmans (Qatar, Arabie saoudite, Indonésie, Turquie, Pakistan, Egypte, Emirats arabes unis et Jordanie).

- Entretien Trump-Zelensky -

Il a en outre reproché à l'Inde et à la Chine d'être "les premiers soutiens financiers" de la machine de guerre russe en Ukraine.

A cet égard, le dirigeant républicain, qui a rencontré son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, a opéré peu après un revirement majeur en jugeant que Kiev pourrait "regagner son territoire dans sa forme originelle et peut-être même aller plus loin" face à la Russie.

"Cela fait trois ans et demi que la Russie mène sans direction claire une guerre qu'une Vraie Puissance Militaire aurait remportée en moins d'une semaine", a écrit le président américain sur son réseau Truth Social, estimant que le pays de Vladimir Poutine "ressemblait beaucoup à un +tigre de papier+".

Il a aussi jugé que les pays de l'Otan devraient abattre les appareils russes violant leur espace aérien, après trois incursions de drones ou avions de combat russes sur le territoire de l'Alliance en moins de deux semaines.

S'exprimant peu après, le président ukrainien s'est satisfait de ce "grand tournant". Il a aussi estimé que la Chine pourrait, si elle le voulait, contraindre la Russie à mettre fin à la guerre en Ukraine.

Ce conflit a dominé une session ministérielle du Conseil de sécurité, en pleine impasse des efforts diplomatiques pour mettre fin à l'invasion russe.

Plus tôt mardi, s'exprimant avant Donald Trump, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, avait tenté de promouvoir une conception diamétralement opposée de l'ordre mondial, appelant à réaffirmer "l'impératif du droit international", "la centralité du multilatéralisme" et "renforcer la justice et les droits humains".