Trump exhorte les généraux à combattre "l'ennemi de l'intérieur"
information fournie par AFP 30/09/2025 à 18:12

Le président américain Donald Trump s'adresse à un parterre de généraux et amiraux réunis sur la base de Quantico en Virginie, le 30 septembre 2025. ( POOL / Andrew Harnik )

Dans un discours d'une rare violence politique, Donald Trump a appelé mardi les généraux et amiraux américains à se mobiliser contre "l'ennemi de l'intérieur", en attaquant les immigrés sans papiers, la presse et ses opposants.

L'initiative prise par le ministre de la Défense Pete Hegseth de rassembler les plus hauts gradés américains à Quantico, en Virginie, était déjà inhabituelle, la tonalité de la longue allocution du président américain l'a été encore plus.

Face à l'armée, les chefs d'Etat américains adoptent généralement une posture de "commandant en chef" détaché des considérations partisanes.

Rien de tel pour le républicain de 79 ans.

Les villes "gérées par les démocrates de la gauche radicale (...) San Francisco, Chicago, New York, Los Angeles, ce sont des endroits dangereux. Et nous allons les remettre en ordre une par une et ce sera quelque chose de très important pour certaines personnes dans cette salle. C'est aussi une guerre. C'est une guerre de l'intérieur", a dit Donald Trump dans une allocution par ailleurs décousue.

De hauts gradés américains écoutent un discours du président Donald Trump sur la base de Quantico (Virginie), le 30 septembre 2025 ( AFP / Jim WATSON )

"Nous devrions utiliser certaines de ces villes dangereuses comme terrain d'entraînement pour nos militaires", a-t-il encore ajouté.

Les hauts gradés sont restés impassibles pendant son discours, ce que Donald Trump n'a pas manqué de relever.

- Presse "vicieuse" -

"Je ne suis jamais entré dans une salle aussi silencieuse", a-t-il lancé. "Si vous avez envie d'applaudir, applaudissez", a-t-il encore dit, en ajoutant: "Et si vous n'aimez pas ce que je dis, vous pouvez quitter la salle - et dire au revoir à votre grade, à votre avenir".

Des militaires rassemblés avant un discours de Donald Trump à l'adresse des officiers supérieurs de l'armée réunis à la base du Corps des Marines de Quantico, en Virginie, le 30 septembre 2025 ( AFP / Jim WATSON )

Sa décision de déployer des militaires dans plusieurs villes, selon lui pour lutter contre la criminalité et à l'immigration illégale, a été très critiquée par l'opposition démocrate et par des associations de défense des libertés publiques.

Le président américain a aussi rappelé avoir signé un décret créant "une force de réaction rapide qui permet de réprimer les troubles à l'ordre public", constituée de militaires.

"Ce sera quelque chose de très important pour les gens dans cette pièce, parce que c'est l'ennemi de l'intérieur. Et il faudra s'en occuper avant que la situation ne devienne incontrôlable", a-t-il dit aux militaires.

Le milliardaire s'en est également pris plusieurs fois à la presse "vicieuse" et menteuse", ainsi qu'à son prédécesseur démocrate Joe Biden.

Le chef du Pentagone, renommé "ministère de la Guerre" par Donald Trump, avait auparavant affirmé que l'armée devait tourner le dos à des "décennies de déclin" dues selon lui aux politiques de diversité.

- Plus de barbes ni de cheveux longs -

Des militaires rassemblés lors d'un discours de Donald Trump à l'adresse des officiers supérieurs de l'armée réunis à la base du Corps des Marines de Quantico, en Virginie, le 30 septembre 2025 ( AFP / Jim WATSON )

"Nous sommes devenus le ministère du +woke+ mais plus maintenant", a promis Pete Hegseth, en assurant que le choix des militaires déployés pour combattre répondrait désormais "seulement au plus haut standard masculin".

L'ancien animateur de Fox News a aussi exigé qu'à l'avenir les militaires soient rasés de près, portent les cheveux courts et soient dans la meilleure forme physique.

Il est "inacceptable de voir des généraux et amiraux en surpoids", a-t-il lancé.

Le ministre de la Défense a déclaré vouloir faire table rase "des déchets idéologiques" légués par l'administration précédente, citant en exemple la lutte contre le réchauffement climatique, le harcèlement ou encore la promotion fondée sur la race ou le genre.

"Ensemble nous réveillons l'esprit guerrier", a renchéri Donald Trump.

- Limogés -

Le ministère de la Défense, habituellement plutôt préservé des interventions directement politiques, a été particulièrement marqué par son retour en janvier à la Maison Blanche.

Le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth, s'adresse aux officiers supérieurs de l'armée à la base du Corps des Marines de Quantico, à Quantico, en Virginie, le 30 septembre 2025 ( POOL / Andrew Harnik )

En mai, Pete Hegseth a ordonné des réductions importantes du nombre de plus hauts gradés dans l'armée, notamment une baisse d'au moins 20% du nombre de généraux et amiraux quatre étoiles en exercice.

Le Pentagone a également annoncé vouloir réduire d'au moins 5% ses effectifs civils.

Plusieurs responsables de l'armée américaine ont été poussés vers la sortie.

Le président américain a notamment limogé en février, sans donner d'explication, le chef d'état-major Charles "CQ" Brown.

Ont également été renvoyés la cheffe de la marine américaine, des Gardes-côtes américains, le vice-chef d'état-major de l'armée de l'air ou encore plusieurs avocats militaires de haut rang.