Trump envoie la Garde nationale à Los Angeles après des manifestations anti-expulsions
information fournie par Reuters 08/06/2025 à 23:54

(Actualisé avec arrivée de la garde nationale)

par Sandra Stojanovic et Omar Younis

Les soldats de la Garde nationale américaine envoyés à Los Angeles, dans l'Etat de Californie, par le président Donald Trump sont arrivés sur place dimanche.

L'administration américaine avait annoncé samedi l'envoi de 2.000 soldats de la Garde nationale après des heurts entre les forces de l'ordre et des manifestants opposés aux expulsions massives de personnes sans-papiers lancées par Donald Trump.

Des images montraient une dizaine de membres de la Garde nationale se rassembler dimanche devant un bâtiment fédéral du centre de Los Angeles où des personnes arrêtées vendredi lors de raids des services de l'immigration avaient été transportées.

Le bâtiment est situé près de la mairie de Los Angeles, où des manifestations sont prévues dimanche.

Des membres de la Garde nationale ont également été déployés dans le quartier de Paramount, dans la banlieue du sud-est de Los Angeles, où des agents de sécurité fédéraux ont affronté samedi des manifestants.

Une manifestation organisée dans le quartier de Boyle Heights a rassemblé quelque 200 personnes dimanche à midi (19h00 GMT).

"Ces manifestations de la gauche radicale, organisée par des instigateurs et des fauteurs de trouble qui sont souvent rémunérés, ne seront pas tolérées", a écrit dimanche Donald Trump sur son réseau Truth social.

Le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, a qualifié cette décision de "volontairement incendiaire". Donald Trump déploie la Garde nationale "non pas parce qu'il y a une pénurie de forces de l'ordre, mais parce qu'ils veulent un spectacle", a-t-il dénoncé sur le réseau social X. "N'utilisez jamais la violence. Exprimez-vous pacifiquement", a ajouté le gouverneur.

De son côté, Donald Trump a déclaré sur son réseau social Truth que si Gavin Newsom et la maire de Los Angeles Karen Bass, tous deux démocrates, n'étaient pas capables de faire face aux manifestations, "alors le gouvernement fédéral interviendra et résoudra le problème des émeutes et des pillards, de la manière dont il doit être résolu !"

Le secrétaire à la Défense, Pete Hegseth, a prévenu que le Pentagone était prêt à mobiliser les Marines en service actif du

Camp Pendleton, situé à proximité, "si les violences se poursuivent".

À Paramount, en banlieue de Los Angeles, des manifestants, certains brandissant des drapeaux du Mexique, ont affronté des dizaines de membres des forces de sécurité en uniforme vert munis de masques à gaz, alignés sur une route jonchée de chariots de supermarché renversés. Les autorités ont commencé à arrêter certains manifestants, ont dit des témoins à Reuters.

La police de Los Angeles a indiqué sur X que "plusieurs personnes ont été arrêtées pour ne pas s'être dispersées après plusieurs avertissements". Elle n'a pas donné d'autres détails.

"RÉSISTANCE ORGANISÉE"

"Maintenant, ils savent qu'ils ne peuvent pas aller n'importe où dans ce pays où se trouve notre peuple, et essayer d'enlever nos travailleurs, notre peuple - ils ne peuvent pas le faire sans une résistance organisée et féroce", a déclaré un manifestant, Ron Gochez, 44 ans.

Une première série de manifestations a débuté vendredi soir, après que des agents des services de l'immigration et des douanes ont mené des opérations de contrôle dans la ville et arrêté au moins 44 personnes pour des infractions présumées à la législation sur l'immigration.

Le département de la Sécurité intérieure a fait état dans un communiqué d'environ "1.000 émeutiers" lors des manifestations vendredi. Reuters n'a pas été en mesure de confirmer ces chiffres.

Angelica Salas, directrice exécutive de l'organisation de défense des droits des immigrés Chirla, a déclaré que les avocats n'avaient pas eu accès aux personnes arrêtées vendredi, ce qu'elle a qualifié de "très inquiétant"

Donald Trump s'est engagé à expulser un nombre record de personnes en situation irrégulière et à verrouiller la frontière entre les États-Unis et le Mexique. La Maison blanche s'est fixée pour objectif d'arrêter au moins 3.000 migrants par jour.

Cependant, des personnes résidant légalement dans le pays, certaines avec un statut de résident permanent, ont été arrêtées par les autorités, donnant lieu à des recours en justice.

L'ICE, le département de la Sécurité intérieure et la police de Los Angeles n'ont pas répondu aux demandes de commentaires.

(Reportage Sandra Stojanovic et Omar Younis, avec la contribution de Lucia Mutikani, Alexandra Ulmer, Michael Martina et Idrees Ali, rédigé par Alexandra Ulmer et Lucia Mutikani ; version française Kate Entringer et Camille Raynaud)