Trump déverse menaces et rage à l'Onu, sauf à l'égard d'Israël
information fournie par Reuters 24/09/2025 à 07:11

Donald Trump, Tayyip Erdogan et Marco Rubio assistent à une réunion multilatérale lors de la 80e Assemblée générale des Nations unies, à New York City

Le président américain Donald Trump a déversé un flot de menaces et de colère mardi devant l'Assemblée générale des Nations unies, s'en prenant tour à tour aux pays qui encouragent l'immigration et la transition énergétique ou encore à la Russie en raison de la guerre en Ukraine, tout en réaffirmant son soutien inconditionnel à Israël.

Au lendemain de la reconnaissance de l'Etat de Palestine par une dizaine de pays occidentaux, dont la France, la Grande-Bretagne et le Canada, Donald Trump a une nouvelle fois présenté cette initiative diplomatique comme une "trop grande récompense" pour le Hamas.

Il a affirmé que la libération immédiate de tous les otages encore détenus par le groupe islamiste était le seul moyen de mettre fin au conflit, sans s'étendre davantage sur le sujet ni évoquer l'après-guerre.

"Nous devons arrêter la guerre à Gaza immédiatement. Nous devons immédiatement négocier la paix", a-t-il dit au cours d'un discours de près d'une heure.

Virulent, Donald Trump a sévèrement critiqué l'Onu, qu'il a accusée de ne l'avoir soutenu dans aucun de ses efforts de paix, tout en revendiquant avoir mis fin à lui seul à sept conflits et sauvé "des millions de vies" grâce à ses médiations entre la Thaïlande et le Cambodge, l'Inde et le Pakistan, ou encore le Rwanda et la République démocratique du Congo depuis son retour à la Maison blanche.

Le président américain a redit sa déception que son "excellente relation personnelle" avec son homologue russe Vladimir Poutine ne lui ait pas permis de mettre fin au conflit en Ukraine, alors qu'il pensait que c'était "le plus facile à résoudre".

Il a menacé la Russie de nouveaux droits de douane si elle ne cesse pas son invasion de l'Ukraine, quand bien même le commerce entre les deux pays est pratiquement inexistant, ce qui ne devrait pas trop inquiéter Moscou.

HARO SUR L'IMMIGRATION ET L'ÉCOLOGIE

Donald Trump a surtout assorti cette énième menace de conditions qui la rendent inopérante, comme l'exigence que les pays européens adoptent exactement les mêmes sanctions que les États-Unis à l'encontre de la Russie ou des pays qui, selon Donald Trump, financent la guerre en achetant du pétrole russe : la Chine et l'Inde.

"Si la Russie n'est pas prête à conclure un accord pour mettre fin à la guerre, les États-Unis sont tout à fait disposés à imposer une série de droits de douane très élevés, qui mettraient fin à l'effusion de sang, je pense, très rapidement", a-t-il affirmé.

Mais pour que ces mesures soient efficaces, "les nations européennes, vous tous qui êtes réunis ici, devraient se joindre à nous pour adopter exactement les mêmes mesures".

Donald Trump devait s'entretenir un peu plus tard dans la journée avec le président ukrainien Volodimir Zelensky.

Dans un discours d'une heure devant un parterre de dirigeants étrangers, Donald Trump a vanté la grandeur et la puissance des États-Unis, affirmant que son pays vit son plus grand âge d'or grâce à ses politiques économiques et de lutte contre l'immigration.

Se présentant en sauveur du monde, il a appelé avec insistance les autres pays - en particulier européens - à adopter la même fermeté à l'égard des immigrés, qu'il a assimilés dans leur ensemble à des criminels et qu'il s'est félicité d'expulser massivement et de dissuader de continuer à venir aux États-Unis.

"Cela détruit vos pays", a-t-il lancé aux autres dirigeants présents dans la salle. "Vous devez faire quelque chose à ce sujet sur la scène internationale."

Le président américain s'est montré tout aussi vindicatif à l'égard des politiques de transition énergétique, présentant une nouvelle fois le changement climatique comme une "escroquerie" destinée selon lui à fragiliser les pays industrialisés.

Affirmant qu'il ne peut y avoir de prospérité sans énergies fossiles, il a accusé la Chine de vendre des éoliennes tout en utilisant chez elle le charbon et le nucléaire pour produire de l'électricité. Seule l'Allemagne, à laquelle il a fait crédit d'avoir réduit son soutien aux énergies vertes ces dernières années, a eu droit à un satisfecit de sa part.

(Reportage de Gram Slattery et Michelle Nichols ; version française Tangi Salaün, édité par Nicolas Delame)