Travail : l'emploi confirme son dynamisme avec près de 120.000 créations dans le privé au troisième trimestre information fournie par Boursorama avec Media Services 13/12/2022 à 11:58
Les fortes créations d'emplois n'entraînent pas cependant une baisse du taux de chômage qui se stabilise à 7,3-7,4% depuis le début de l'année, du fait d'une augmentation parallèle de la population active avec la hausse du nombre d'apprentis et le retour d'inactifs sur le marché du travail.
En France, l'emploi confirme son dynamisme, restant pour l'instant insensible au ralentissement de la croissance et aux prévisions moroses. Près de 120.000 créations nettes dans le privé ont en effet été comptabilisées au troisième trimestre.
Selon l'estimation définitive publiée ce mardi 13 décembre par l'Insee, l'emploi a augmenté de 0,6% après 0,4% au deuxième trimestre. L'Institut de la statistique a même revu à la hausse d'un tiers son estimation provisoire du 8 novembre qui était de 90.000 emplois. "Cette révision confirme le très fort dynamisme du marché du travail. C'est quand même surprenant alors même que la croissance n'est que de 0,2 point au troisième trimestre et qu'on n'écarte pas la possibilité d'une récession l'année prochaine", s'étonne Mathieu Plane, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).
Ces chiffres sont presque trois fois supérieurs aux prévisions de l'institut qui tablait sur 44.000 créations d'emplois dans sa note de conjoncture du 6 octobre. "Dans nos modèles macro-économiques traditionnels, avec 0,2 point de croissance, on ne crée pas d'emploi. Là on en crée 120.000", constate Mathieu Plane.
"Une déconnexion entre le ressenti des ménages et celui des entreprises"
Sur un an, la hausse atteint 2,2%. Fin septembre 2022, l'emploi dépasse son niveau d'avant la crise sanitaire, fin 2019, de 4,4% (+885.000 emplois). Par secteur, c'est toujours le dynamisme du tertiaire marchand (+0,7% au troisième trimestre, soit +85.300 emplois) qui explique l'essentiel de la hausse totale de l'emploi salarié", selon l'Insee.
Mais l'emploi continue d'augmenter aussi dans l'industrie (+0,5%, soit +16.400 emplois) et la construction (+0,2%, soit +3.200 emplois). Et l'intérim est reparti à la hausse : +1,9% (soit +14.900 emplois) après deux trimestres de baisse.
"Il y a une déconnexion entre le ressenti des ménages inquiets pour leur pouvoir d'achat et celui des entreprises qui affichent une certaine confiance dans l'avenir en continuant d'embaucher en dépit de la hausse des taux d'intérêt, des prix de l'énergie, etc...", constate Mathieu Plane.
Certes, comme le rappelle Yves Jauneau, responsable de la division synthèse et conjoncture du marché du travail à l'Insee, "le lien entre l'activité et l'emploi ne se fait pas forcément tout de suite". "Le marché de l'emploi est par nature soumis à moins de fluctuations, notamment car 90% des salariés sont en CDI ou fonctionnaires", souligne-t-il.
"Le plein emploi est à portée de main", selon Olivier Dussopt
Par ailleurs, "les contrats d'alternance, et notamment d'apprentissage, continuent de nettement contribuer à cette dynamique", pour un tiers depuis l'avant crise, selon l'Insee. Le nombre de contrats d'apprentis signés a plus que doublé depuis 2019 et va dépasser les 800.000 cette année.
Autres explications possibles, selon Yves Jauneau : "de la rétention de main d'oeuvre" d'entreprises qui ont du mal à recruter; une réduction de l'emploi non déclaré avec le chômage partiel pendant la crise ou encore un effet à plus long terme des ordonnances travail (moindre peur d'embaucher avec le plafonnement des indemnités prud'homales)...
Ces fortes créations d'emplois n'entraînent pas cependant une baisse du taux de chômage qui se stabilise à 7,3-7,4% depuis le début de l'année, du fait d'une augmentation parallèle de la population active avec la hausse du nombre d'apprentis et le retour d'inactifs sur le marché du travail.
La question est de savoir si ce décalage entre activité économique et emploi va pouvoir durer encore longtemps au risque d'une forte perte de productivité de l'économie française. L'OFCE n'y croit pas, prévoyant 175.000 destructions d'emplois l'année prochaine et un taux de chômage remontant à 8% fin 2023. L'Insee publiera se prochaine note de conjoncture jeudi. Le gouvernement est plus optimiste. "Le plein emploi est à portée de main et c'est notre premier objectif", a réagi ce mardi sur Twitter le ministre du Travail, Olivier Dussopt.