Testées par la Russie, l'Otan et l'UE cherchent la riposte antidrones
information fournie par AFP 15/10/2025 à 20:34

Le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth (g) et secrétaire général de l'Otan, Mark Rutte, avant un sommet des ministres de la Défense de l'Otan à Bruxelles, le 15 octobre 2025 ( AFP / NICOLAS TUCAT )

L'Otan et l'UE ont cherché mercredi les moyens de renforcer leur défense antidrones, après de multiples incursions russes dans le ciel européen.

L'Alliance atlantique va "mettre en oeuvre un certain nombre de mesures supplémentaires antidrones qui renforceront, élargiront et accélèreront notre capacité à (les) contrer", a déclaré Mark Rutte devant la presse, à l'issue d'une réunion des ministres de la Défense de l'Otan à Bruxelles.

Quelques heures plus tard, les ministres de la Défense de l'UE ont discuté de leur côté d'un projet de "mur" antidrones, présenté le mois dernier par la Commission européenne.

Interrogé sur le risque de cacophonie entre les deux institutions bruxelloises, la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas et le secrétaire général de l'Otan ont assuré du contraire.

"Il n'y a aucun risque de double emploi avec l'Otan, nous nous complétons mutuellement", a-t-elle assuré devant la presse avant un dîner de travail des ministres de l'UE.

La Commission européenne veut rendre son "mur" antidrones, rebaptisé Initiative européenne pour les drones, pleinement opérationnel d'ici à 2027, selon la "feuille de route" qu'elle présentera jeudi avant un sommet européen prévu la semaine prochaine.

De son côté, l'Alliance a annoncé déjà tester des "systèmes intégrés" capables de mieux "détecter, suivre et neutraliser les menaces aériennes", selon M. Rutte.

"Nous fournirons aux nations un catalogue de solutions efficaces, qui ont fait leurs preuves", a expliqué mercredi l'amiral français Pierre Vandier, commandant suprême pour la transformation de l'Otan.

Des tests auront notamment lieu la semaine prochaine dans plusieurs pays européens, notamment en Estonie selon son ministre de la Défense Hanno Pevkur.

Les ministres ont également discuté à l'Otan de leur soutien militaire à l'Ukraine. Dès son arrivée au siège de l'Otan, le secrétaire américain à la Défense Pete Hegseth a encouragé les pays européens et le Canada à en faire plus, dans le cadre du programme Purl. Cette initiative, lancée par Washington, permet à Kiev d'acheter des armes américaines financées par les Européens.

- Paix par la force -

"On obtient la paix quand on est fort, pas quand on use de grandes phrases ou qu'on fait la leçon. On l'obtient lorsqu'on dispose de capacités réelles et solides que les adversaires respectent", a-t-il lancé.

Dans le cadre du programme Purl, Kiev a déjà reçu deux tranches d'aide pour environ deux milliards de dollars, financés par les Pays-Bas, et plusieurs pays scandinaves.

L'Allemagne et le Canada se sont engagés à en financer deux autres, à hauteur de 500 millions de dollars chacun, et Kiev espère que deux autres tranches seront rapidement finalisées.

M. Rutte a assuré que plus de la moitié des 32 pays de l'Otan avaient déjà répondu à l'appel, sans toutefois préciser pour quels montants.

En début d'après-midi, le ministre ukrainien de la Défense Denys Chmygal a lui aussi appelé les alliés européens à participer à cette initiative, et de manière générale à renforcer leur soutien militaire.

L'Ukraine aura besoin de pas moins de 120 milliards de dollars l'an prochain pour son effort de guerre, dont la moitié qu'elle sera en mesure de financer elle-même. "Nous serons en mesure de construire jusqu'à 10 millions de drones si nos partenaires s'engagent à fournir les fonds nécessaires", a assuré Denys Chmygal.

- 5.600 drones -

Pour le seul mois de septembre, l'Ukraine a été frappée par quelque 5.600 drones et 180 missiles, a-t-il encore souligné, alors que les pays de l'Otan entendent profiter de l'expérience de l'Ukraine dans la guerre antidrones.

Image diffusée le 19 septembre 2025 par l'armée de l'air suédoise montrant un avion de chasse russe MIG-31 volant au-dessus de la mer Baltique après avoir violé l'espace aérien estonien ( HANDOUT / Forsvarsmakten )

L'intrusion d'une vingtaine de drones russes en septembre dans l'espace aérien polonais avait contraint l'Otan à en abattre trois, une première depuis sa création en 1949.

Quelques jours plus tard, les chasseurs de l'Otan avaient escorté trois MiG russes hors du ciel estonien, après une intrusion ayant duré 12 minutes, un record.

L'Otan envisage aussi d'affiner ses règles d'engagement en donnant davantage de flexibilité à son commandement militaire, et de simplifier les règles, qui reposent sur des systèmes différents.

Un directeur tactique de l'Awacs de l'Otan évalue la situation aérienne et de surface à bord d'un avion de surveillance lors d'un vol au-dessus de l'espace aérien polonais dans le cadre de la nouvelle mission "Eastern Sentry" de l'Alliance, le 19 septembre 2025 ( AFP / JOHN THYS )

"Lorsque les choses se compliquent, lorsque les F-35 sont en vol, vous devez vous assurer que tout le monde comprend clairement quelles sont les règles", a expliqué le ministre néerlandais de la Défense Ruben Brekelmans.