Tensions en mer de Chine méridionale : un navire de guerre échoué au centre d'une brouille entre Chine et Philippines information fournie par Boursorama avec Media Services 07/08/2023 à 11:49
Pékin revendique la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale malgré les prétentions rivales des Philippines, du Vietnam ou de la Malaisie, faisant fi d'un jugement international de 2016 en sa défaveur.
La tension monte dans la poudrière de la mer de Chine méridionale : un incident entre les Philippines et la Chine a eu lieu ce week-end autour du Sierra Madre, un ancien navire philippin datant la Seconde Guerre mondiale, échoué sur un atoll.
Les garde-côtes et les milices maritimes chinoises ont prétendument tiré au canon à eau sur des bateaux affrétés par l'armée philippine et escortés par les garde-côtes philippins pour ravitailler leurs soldats stationnés à bord de Sierra Madre.
Voici ce qu'il faut savoir sur le navire.
• Quelle est son histoire ?
Ce navire de la République des Philippines, Sierra Madre, nom d'une chaîne montagneuse des Philippines, est l'ancien navire de débarquement américain USS LST-821, entré en service en 1944. Il a servi à ravitailler le front du Pacifique avant le largage de bombes atomiques sur le Japon qui ont mis fin à la guerre en 1945.
Déclassé en 1946 et rebaptisé USS Harnett County, il a ensuite été réactivé durant la guerre du Vietnam servant notamment de base flottante pour hélicoptères de combat, selon l'Institut naval américain. L'année suivante, il est cédé à la marine philippine puis rebaptisé Dumagat avant de prendre le nom de Sierra Madre.
• Pourquoi est-il échoué ?
La Chine a pris possession en 1994 du récif Mischief, revendiqué par les Philippines, transformé en île artificielle pour lui servir de base militaire. Quelques années plus tard, le Sierra Madre a été sciemment échoué par l'armée philippine dans les eaux peu profondes de l'atoll Second Thomas. Déclaré en service actif par la marine philippine, le navire est depuis gardé par une petite garnison de soldats philippins vivant à son bord.
L'atoll Second Thomas est situé dans les îles Spratleys, à environ 200 kilomètres à l'ouest de l'île philippine de Palawan et à plus de 1.000 kilomètres de l'île chinoise de Hainan, la plus proche de la Chine continentale.
• Que s'y passe-t-il ?
Pékin revendique la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale, qui comprend l'atoll Second Thomas, malgré les prétentions rivales des Philippines, et y déploie des centaines de navires pour patrouiller dans ces eaux et essaimer sur ces récifs, faisant fi d'un jugement international de 2016 en sa défaveur.
Manille affirme que les garde-côtes et les navires de la marine chinoise perturbent régulièrement la navigation de navires philippins et leurs opérations de réapprovisionnement de sa garnison. Les garde-côtes philippins redoutent que la Chine ne cherche à occuper l'atoll Second Thomas si le détachement militaire quittait les lieux.
• Quels enjeux ?
La mer de Chine méridionale est considérée comme une poudrière où une erreur de calcul ou un accident pourrait potentiellement déclencher un conflit armé. Les Philippines sont mal équipées militairement , mais sont liées aux Etats-Unis, alliés de longue date en vertu d'un pacte de défense mutuelle, vieux de plusieurs décennies.
Les États-Unis n'ont aucune revendication territoriale dans ces eaux qui drainent chaque année des milliers de milliards de dollars d'échanges commerciaux mais, au grand dam de Pékin, ils persistent à y mener leurs propres patrouilles, invoquant la liberté de navigation.