TAUX-Vers une année 2026 plus difficile pour les obligations US
information fournie par Reuters 30/12/2025 à 13:17

(Crédits: Adobe Stock)

par Davide Barbuscia

Les investisseurs sur les obligations américaines pourraient connaître un environnement de marché plus difficile l'an prochain alors que des rendements plus faibles sont attendus à mesure que la Réserve fédérale (Fed) freine ses baisses de taux d'intérêt, après une année 2025 exceptionnelle pour cette classe d'actifs.

La Fed a réduit cette année de 75 points de base ses taux, alimentant la hausse du prix des obligations souveraines. La réduction des taux directeurs fait baisser les rendements et rend plus attractif les titres plus anciens.

Du côté de la dette d'entreprises, la résilience de l'économie américaine a soutenu les bénéfices et fait tomber à un niveau historiquement bas la prime exigée par les investisseurs pour détenir des obligations d'entreprises plutôt que des bons du Trésor américain.

Le rendement total de l'indice Morningstar US Core Bond TR YSD, qui suit les obligations d'État et d'entreprises de qualité investissement libellés en dollars avec des échéances supérieures à un an, a atteint 7,3% en 2025, le plus élevé depuis 2020.

Beaucoup s'attendent à ce que les conditions de marché restent relativement similaires en 2026, mais les rendements totaux, qui incluent le paiement des coupons et les fluctuations de prix, pourraient avoir du mal à égaler les performances de 2025.

L'assouplissement monétaire de la Fed devrait être de moindre ampleur en 2026, les opérateurs anticipant des baisses de taux de l'ordre de 60 points de base cette année.

Par ailleurs, les mesures de relance budgétaire découlant de la vaste loi "One Big Beautiful Bill" du président Donald Trump, qui devraient stimuler la croissance économique en 2026, pourraient empêcher les rendements des bons du Trésor à long terme de chuter autant que cette année, estiment certains investisseurs.

"Je pense que l'année prochaine sera plus délicate", souligne Jimmy Chang, directeur des investissements du Rockefeller Global Family Office.

"Les rendements des obligations à court terme continueront de baisser car la Fed procédera probablement à une ou deux nouvelles baisses de taux au minimum. Parallèlement, une reprise économique pourrait faire grimper les rendements des obligations à long terme (...) ce qui pourrait impacter négativement les rendements totaux."

PERSPECTIVES POUR 2026

Le rendement des Treasuries à 10 ans a chuté de plus de 40 points de base cette année pour s'établir autour de 4,1%, les baisses de taux de la Fed et les inquiétudes croissantes concernant le marché du travail aux Etats-Unis ayant poussé le prix des obligations, qui évolue à l'inverse des rendements, à la hausse.

La plupart des acteurs de marchés s'attendent à ce que le taux américain à 10 ans reste sur son niveau actuel ou soit légèrement supérieur d'ici la fin de l'an prochain.

Les analystes de JPMorgan prévoient ainsi un rendement à 4,35% fin 2026, ceux de BofA Securities à 4,25%.

Du côté du crédit, l'écart de rendement, ou "spread", entre les titres d'entreprises notés investissement (présentant un faible risque de défaut) et les bons du Trésor américain s'établit autour de 80 points de base, soit à peu près le même niveau qu'en début d'année et près d'un plus bas depuis 1998.

Le rendement global des obligations de qualité investissement, mesurés par l'indice ICE BofA US Corporate,

.MERC0A0 s'établit à près de 8%, contre 2,8% l'an dernier.

Selon JPMorgan, ce rendement pourrait diminuer à 3% en 2026 en raison d'un montant plus important d'émissions de dette d'entreprises technologiques.

D'autres se montrent toutefois plus optimistes sur les perspectives du marché obligataire.

En charge de la stratégie d'investissement chez Manulife John Hancock Investments, Emily Roland reste positive sur les obligations de meilleure qualité pour 2026 alors qu'elle anticipe un ralentissement de l'économie et une baisse de taux de la Fed plus agressive que ce que prévoit le marché.

"Le marché obligataire ne semble pas anticiper la désinflation et le ralentissement de la croissance que nous prévoyons pour 2026", souligne-t-elle. "Fondamentalement, selon nous, les obligations devraient davantage progresser."

(Rédigé par Davide Barbuscia à New York ; version française Blandine Hénault ; édité par Augustin Turpin)