Taux : le flou statistique américain pèse sur le vote de responsables de la Fed
information fournie par Boursorama avec Media Services 12/12/2025 à 16:44

Malgré les carences en données économiques récentes engendrées par le shutdown, la Réserve fédérale a décidé de baisser les taux directeurs, dans un vote disputé où deux camps s'affrontent.

( AFP / OLIVIER DOULIERY )

Le manque de données, notamment provoquée par la paralysie budgétaire ("shutdown"), et la nécessité de disposer de plus de perspective sont les raisons pour lesquelles deux responsables de la Réserve fédérale (Fed) ont voté en faveur d'un maintien des taux directeurs, finalement abaissés mercredi 10 décembre.

Fallait-il attendre d'autres chiffres de l'inflation?

Dans deux communiqués séparés publiés vendredi, le président de la Fed de Chicago, Austan Goolsbee, et celui de la Fed de Kansas City, Jeffrey Schmid, ont estimé que l'état de l'économie américaine, et en particulier une inflation qui reste trop élevée, aurait justifié de maintenir les taux inchangés.

Le Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) a décidé mercredi d'abaisser de 0,25 point de pourcentage les taux directeurs de la Fed, une décision qui n'a cependant pas été validée par trois des membres du comité, MM. Goolsbee et Schmid votant pour un maintien des taux alors que le troisième, Stephen Miran, nommé par le président américain Donald Trump, souhaitait une baisse de 0,50 point.

"Je pense que nous aurions dû attendre de disposer de plus de données, en particulier sur l'inflation, avant d'abaisser les taux", a ainsi déclaré M. Goolsbee dans son communiqué. Après avoir baissé jusqu'au début de l'année, l'inflation a repris de sa vigueur au cours de l'année, pour se rapprocher des 3% sur un an, notamment sous l'effet des droits de douane voulus par Donald Trump, s'éloignant ainsi de l'objectif de 2% de long terme voulu par la Fed.

M. Goolsbee a admis que cette reprise de l'inflation pouvait être temporaire, puisque liée aux droits de douane mais a jugé que des prix plus élevés pourraient "se montrer plus persistants qu'envisagé actuellement". Jeffrey Schmid estime par ailleurs que le marché de l'emploi, autre mission de l'institution aux côtés de l'inflation "même s'il ralentit, reste largement équilibré".

Toute hausse des anticipations et de l'incertitude liée à l'inflation pourrait annuler les résultats obtenus jusqu'ici, et "entraîner une hausse à long terme des taux d'intérêt appliqués à la dette de l'Etat américain", a-t-il ajouté.

Lors de sa conférence de presse mercredi, le président de la Fed, Jerome Powell, a jugé que les taux de se rapprochaient du taux d'équilibre, c'est-à-dire celui qui n'a pas d'influence sur l'activité économique, que ce soit pour la soutenir ou la ralentir. Il a précisé que, sauf changements macroéconomiques, la banque centrale ne prévoyait pour l'heure qu'une seule baisse de 2026.

Les analystes prévoient très largement un maintien des taux dans leur fourchette actuelle, comprise entre 3,50% et 3,75% lors de la première réunion de 2026, prévue fin janvier, selon l'outil de veille du groupe CME, FedWatch.