Taïwan-Donald Trump exhorte Sanae Takaichi à éviter l'escalade avec Pékin-sces
information fournie par Reuters 27/11/2025 à 10:48

par Tamiyuki Kihara, Yukiko Toyoda et Tim Kelly

Le président américain Donald Trump a exhorté mardi la Première ministre japonaise Sanae Takaichi de ne pas aggraver son contentieux avec la Chine, ont indiqué des sources proches du dossier, alors qu'il tente de préserver une fragile trêve commerciale avec Pékin.

Sanae Takaichi a provoqué le plus intense différend diplomatique avec la Chine depuis des années en déclarant devant le Parlement qu'une hypothétique attaque de Pékin contre Taïwan qui menacerait le Japon justifierait une réaction militaire.

Cette déclaration a provoqué la colère de Pékin, qui a incité ses ressortissants à se dispenser de se déplacer dans l'archipel.

Le ministère chinois de la Défense a d'ailleurs prévenu jeudi en des termes vifs que Tokyo s'exposerait à des mesures de rétorsion.

"L'Armée populaire de libération dispose de capacités puissantes et de moyens fiables pour vaincre tout ennemi envahisseur. Si la partie japonaise ose franchir la ligne, ne serait-ce que d'un demi-pas (...), elle paiera inévitablement un prix douloureux", a déclaré lors d'un point presse le porte-parole du ministère, Jiang Bin.

Donald Trump a déclaré mardi, lors d'un appel téléphonique avec Sanae Takaichi, qu'il ne souhaitait pas voir la situation s'aggraver, ont indiqué deux sources gouvernementales japonaises, qui ont requis l'anonymat en raison de la sensibilité du dossier.

TAÏWAN REDOUTE D'ÊTRE SACRIFIÉ

Donald Trump n'a toutefois formulé aucune exigence spécifique, selon l'une des sources. Tokyo a affirmé que les propos de Sanae Takaichi reflétaient la position habituelle du gouvernement.

Jeudi, le secrétaire général du Cabinet, Minoru Kihara, a refusé de commenter les détails de cet "échange diplomatique" lors d'un point presse régulier.

Cette conversation s'est déroulée après un entretien entre Donald Trump et son homologue chinois Xi Jinping, qui a déclaré au dirigeant américain que le retour de Taïwan dans le giron chinois était central pour la vision de Pékin de l'ordre mondial, selon l'agence officielle Xinhua.

Donald Trump, qui prévoit de se rendre à Pékin en avril, n'a pas précisé publiquement si la question de Taïwan, qui refuse de revenir dans le giron chinois, avait été abordée, affirmant plutôt que les deux premières économies mondiales entretiennent des liens "extrêmement solides" et sont proches de finaliser un vaste accord commercial.

"La relation des États-Unis avec la Chine est très bonne, et c'est aussi très bon pour le Japon, qui est notre cher et proche allié", a déclaré Donald Trump dans un communiqué de la Maison blanche en réponse à des questions de Reuters.

"Nous avons signé de merveilleux accords commerciaux avec le Japon, la Chine, la Corée du Sud et de nombreuses autres nations, et le monde est en paix. Gardons-le ainsi !"

Certains responsables à Tokyo redoutent depuis longtemps que Donald Trump ne réduise son soutien à Taïwan pour faciliter un accord commercial avec Pékin.

"Pour Donald Trump, ce qui compte le plus, ce sont les relations États-Unis-Chine", estime Kazuhiro Maejima, professeur de politique américaine à l'université Sophia. "Le Japon a toujours été traité comme un outil ou une carte pour gérer cette relation."

(Tamiyuki Kihara, Yukiko Toyoda et Tim Kelly à Tokyo; Trevor Hunnicutt à Washington; version française Nicolas Delame, édité par Blandine Hénault)