Syrie: cinq jihadistes tués par des frappes américaines selon une ONG
information fournie par AFP 20/12/2025 à 19:32

Une semaine après une attaque qui a coûté la vie à trois Américains en Syrie, les Etats-Unis ont annoncé avoir frappé dans la nuit de vendredi à samedi des "bastions" du groupe jihadiste Etat islamique (EI), tuant au moins cinq de ses membres selon une ONG.

Alors que "plus de 70 cibles" ont été visées sur l'ensemble du pays, le président américain Donald Trump a parlé de "très lourdes représailles" à l'attaque, imputée par Washington à l'EI, qui avait tué deux militaires et un interprète américains le 13 décembre dans la région désertique de Palmyre.

"Nous frappons très fort contre des bastions de l'EI", a-t-il écrit sur son réseau Truth Social.

L'opération, qui a débuté à 16H00 heure de Washington (21H00 GMT, minuit en Syrie), a impliqué des avions de chasse, des hélicoptères et de l'artillerie, a précisé le commandement militaire américain pour le Moyen-Orient, le Centcom.

- "Incursion israélienne" -

L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a indiqué qu'au moins cinq membres de l'EI avaient été tués dans les frappes dans la province de Deir Ezzor (est). Parmi eux figure "le chef d'une cellule" de l'EI chargée des drones, a ajouté cette ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Les frappes ont visé des cellules de l'EI dans les régions de Homs (centre), Raqa (nord) et Deir Ezzor, d'après une source sécuritaire syrienne.

La Jordanie voisine a dit avoir apporté son soutien à cette opération visant à "empêcher les organisations extrémistes d'exploiter" le sud de la Syrie pour lancer des attentats "menaçant la sécurité de ses voisins et de la région". L'armée jordanienne s'est inquiétée de "la reconstruction des forces" de l'EI.

Israël, qui partage aussi une frontière avec la Syrie, a de son côté affirmé avoir "appréhendé" mercredi dans le sud de ce pays un "terroriste présumé affilié" à l'EI qui a été amené en Israël.

L'agence de presse officielle syrienne a fait état d'une "incursion israélienne" mercredi dans "plusieurs villages" de la région frontalière de Quneitra, sans parler d'arrestation.

L'attaque contre les Américains a été menée par un membre des forces de sécurité syriennes, mettant dans l'embarras le pouvoir à Damas, qui tente de se rapprocher des Etats-Unis et s'est joint récemment à la coalition internationale antijihadiste dirigée par Washington.

Après avoir dissous les organes militaires et sécuritaires de Bachar al-Assad qu'il a renversé il y a un an, le président par intérim Ahmad al-Chareh a intégré au sein de la nouvelle armée les groupes islamistes qui lui étaient alliés, dont des jihadistes étrangers.

C'est la première fois qu'une telle attaque est rapportée en Syrie depuis sa prise de pouvoir.

Le gouvernement syrien "réitère son solide engagement à combattre l'EI et à s'assurer qu'il ne bénéficie d'aucun refuge sur le territoire syrien", a affirmé le ministère des Affaires étrangères dans une déclaration publiée sur X peu après les frappes américaines, sans les commenter.

- "10 opérations" -

Pendant la guerre en Syrie, déclenchée en 2011 par des manifestations prodémocratie, l'EI avait contrôlé de vastes territoires, dont la région de Palmyre, avant d'être défait par la coalition internationale en 2019.

Malgré sa défaite, ses combattants repliés dans le vaste désert syrien continuent épisodiquement de mener des attaques.

Le Centcom a affirmé que depuis l'attaque du 13 décembre contre les troupes américaines, "les Etats-Unis et leurs forces alliées ont mené 10 opérations en Syrie et en Irak --où l'EI avait aussi contrôlé des territoires--, aboutissant à la mort ou au placement en détention de 23 terroristes".

Les forces américaines en Syrie sont notamment déployées dans les zones sous contrôle kurde dans le nord, ainsi que dans la base d'Al-Tanf, près de la frontière jordanienne.

Le retour au pouvoir de Donald Trump, sceptique de manière générale sur les déploiements de soldats américains à l'étranger, pose la question du maintien de cette présence militaire.

Le Pentagone avait annoncé en avril que les Etats-Unis réduiraient de moitié le nombre de soldats américains en Syrie, dont l'effectif total actuel n'est pas officiellement connu.