Stop ou encore ? La formation du gouvernement suspendue au choix des Républicains
information fournie par AFP 04/10/2025 à 18:02

Le Premier ministre Sébastien Lecornu dans la cour de l'hôtel Matignon le 3 octobre 2025 ( POOL / ALAIN JOCARD )

Le Premier ministre Sébastien Lecornu est entré dans la dernière ligne droite pour former son gouvernement, mais il se heurte encore samedi aux réticences des Républicains de Bruno Retailleau, qui attendent des garanties avant de confirmer leur participation.

Coup de bluff ou réelle menace de claquer la porte du gouvernement ? Le patron de LR et ministre de l'Intérieur sortant continue de mettre la pression.

A ce stade, la présence de LR dans la future équipe gouvernementale n'est pas assurée: le parti gaulliste attend toujours du locataire de Matignon une "feuille de route" qui intègre ses demandes.

Or, selon plusieurs sources LR, ce document n'était pas parvenu sur le bureau des dirigeants du parti samedi après-midi... Un contretemps susceptible de repousser quelque peu l'annonce du gouvernement.

"Nous nous reparlerons ce soir - députés, sénateurs, Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez - pour déterminer notre participation ou non au gouvernement", a précisé dans la matinée la sénatrice et porte-parole LR Agnès Evren.

Dans l'après-midi néanmoins, faute de réponse de Matignon, la droite n'avait pas officiellement confirmé d'horaire pour cette réunion prévue en visioconférence.

"On attend toujours le texte définitif du Premier ministre", s'agace un parlementaire LR. Le même commence à douter de la possibilité de nommer un gouvernement avant dimanche soir... "Ou alors c'est un gouvernement sans nous", alerte-t-il.

Depuis quelques jours, Les Républicains, qui ont intégré l'exécutif il y a un an avec la nomination de Michel Barnier, font planer le suspense.

Ainsi, Bruno Retailleau avait fustigé jeudi lors d'une visio avec les parlementaires le manque d'engagements de Sébastien Lecornu sur l'immigration: "il n'y a rien de rien", avait-il lancé, manifestement irrité de ne pas voir satisfaite sa demande de confier à Beauvau "toute la politique de visas", de revoir l'aide médicale d'État (AME) ou de rétablir le délit de séjour irrégulier.

- Un geste de Lecornu ? -

Une exaspération qu'il a manifestée publiquement peu après avoir été reçu à Matignon, dans les colonnes du Figaro, où il a prévenu que la participation des Républicains au prochain gouvernement n'était "à ce stade (...) pas acquise du tout".

Le Premier ministre a adressé un premier geste en direction de LR, en confirmant, via son entourage, la baisse dès 2026 d'un impôt de production honni des entreprises, la CVAE, pour 1,1 milliard d'euros.

Cela suffira-t-il à la droite ? Réduction de la dépense publique, absence d'augmentation d'impôt, revalorisation du travail, contrôle de l'immigration... Les exigences de LR sont nombreuses.

À moins de six mois des municipales de mars, c'est toujours le même dilemme pour Bruno Retailleau qui avance sur une ligne de crête entre le besoin de se différencier de la macronie et d'un gouvernement impopulaire et celui de conserver la visibilité offerte par son ministère pour renforcer ses ambitions élyséennes.

"Il est lui-même très interrogatif : si on est +macronisé+, on est mort", remarque un sénateur LR. "Mais je pense qu'on ira vers un accord", veut-il croire.

Dans cette hypothèse, la question du casting se posera très rapidement... Et là aussi, LR a ses exigences. Selon plusieurs sources au parti, Bruno Retailleau a demandé qu'un tiers des futurs ministres soient issus de sa famille politique.

La future équipe penchera-t-elle plus à droite que la précédente ? Un premier signal s'est fait sentir samedi: le ministre sortant de l'Aménagement du territoire et de la Décentralisation, François Rebsamen, a annoncé qu'il ne rempilerait pas, arguant notamment de ses "convictions d'homme de gauche".

Quant à Eric Lombard, ministre démissionnaire de l'Economie perçu comme l'un des hommes du dialogue avec la gauche, il s'est fendu d'un message sur X pour plaider en ce sens. Selon lui, il existe bien "des pistes de compromis possibles avec plusieurs forces de gauche" sur le budget, a-t-il insisté.