Sommet en Amazonie pour lancer la COP30 sur fond de doutes sur une coopération mondiale
information fournie par Reuters 06/11/2025 à 06:03

par Valerie Volcovici et Lisandra Paraguassu

Des dizaines de dirigeants mondiaux se réunissent jeudi dans la ville brésilienne de Belem, considérée comme la "porte d'entrée" de l'Amazonie, pour un sommet organisé en amont de la Conférence annuelle de l'Onu sur le climat, avec l'espoir d'effectuer des progrès en dépit de doutes croissants à l'égard d'une coopération multilatérale sur les questions climatiques.

Les négociations mondiales pour lutter contre le changement climatique ont débuté il y a trois décennies, une période durant laquelle les pays sont parvenus tant bien que mal à réduire plus qu'attendu les émissions de gaz à effet de serre, mais pas suffisamment pour empêcher la perspective de ce que les scientifiques présentent comme un réchauffement climatique extrême à travers le monde dans les prochaines décennies.

Pour cette 30e édition de la Conférence onusienne sur le climat (COP30), la présidence brésilienne du sommet a programmé les discours successifs, pendant deux jours, de plusieurs dizaines de hauts représentants mondiaux, dont 53 chefs d'Etat.

Ne figurent pas parmi eux les dirigeants de quatre des cinq économies mondiales les plus polluantes - Chine, Etats-Unis, Inde et Russie -, seule la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s'étant déplacée au Brésil.

Toutefois, Pékin, New Delhi et Moscou ont décidé d'envoyer des délégations, ce qui n'est pas le cas de Washington. L'administration climatosceptique du président américain Donald Trump n'a envoyé aucun représentant.

Certains disent penser que l'absence des Etats-Unis pourrait permettre aux autres pays de discuter plus librement des mesures à entreprendre sans qu'un acteur unique ne domine les débats.

"Sans la présence des Etats-Unis, nous pouvons imaginer qu'une vraie conversation multilatérale aura lieu", a commenté Pedro Abramovay, vice-président des programmes d'Open Society Foundations et ancien ministre de la Justice du président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva.

Lula a noué des discussions sur le sujet avec des dirigeants hors d'Amérique latine, a-t-il souligné, citant la Chine, l'Afrique, l'Asie du Sud-Est et l'Europe.

RÉDUIRE LES ÉMISSIONS DE MÉTHANE, "COMBAT ESSENTIEL"

Il est prévu que le président brésilien prenne part jeudi à des réunions bilatérales avec son homologue français Emmanuel Macron et avec le Premier ministre britannique Keir Starmer. Il s'est notamment entretenu mercredi, à la veille du sommet, avec le vice-Premier ministre chinois et avec Ursula von der Leyen.

"Dans une période où beaucoup de gens prétendent que le multilatéralisme est mort, je pense qu'il y a un nouvel espace pour un multilatéralisme qui n'est pas construit de haut en bas - en partant des pays les plus puissants vers les pays les plus pauvres", a déclaré Pedro Abramovay à Reuters.

Le Brésil a exhorté les pays à ne plus chercher à effectuer de nouvelles promesses, mais plutôt à remplir les centaines d'engagements déjà pris dans l'objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre et de financer des solutions salvatrices face au changement climatique.

Parmi les mesures décidées par le passé, la réduction des émissions mondiales de méthane d'au moins 30% d'ici 2030 par rapport aux niveaux de 2020 - un accord conclu lors de la COP26 à Glasgow en 2021 - n'est pas sur la bonne voie, alors que ces émissions ont continué de grimper depuis lors.

Réduire les émissions de méthane est décrit par Emmanuel Macron comme un "combat essentiel" dans la lutte contre le réchauffement climatique. "Dix ans après l'Accord de Paris, on a maintenant les technologies" pour "agir rapidement et efficacement" contre le charbon et le méthane, a déclaré le président français la semaine dernière. "Il y a plus de consensus, il faut aller très vite et très fort".

Au cours du sommet, Lula espère convaincre les pays industrialisés de promettre des contributions au Fonds international pour la conservation des forêts tropicales ("Tropical Forest Forever Facility"), dont la création a été annoncée par son gouvernement en amont de la COP30.

Le président brésilien, qui a promis de la part de Brasilia un premier investissement d'un milliard de dollars, a d'ores et déjà essuyé un refus de la Grande-Bretagne. Si celle-ci a aidé à mettre sur pied le projet, elle a fait savoir mercredi qu'elle ne donnerait pas d'argent.

La Chine a exprimé son intention de contribuer au fonds, sans donner pour l'heure de montant quelconque.

(Reportage de Valerie Volcovici et Lisandra Paraguassu à Belem, avec la contribution de William James; version française Jean Terzian)