Simplification : à l'approche du déploiement de la facture électronique, les PME françaises ne sont pas toutes prêtes information fournie par Boursorama avec Media Services 29/09/2025 à 14:06
La France n'est pas pionnière en la matière : la facture électronique existe en Italie depuis 2019 et au Mexique depuis 2014.
Au plus tard le 1er septembre 2027, toutes les enteprises françaises devront émettre et recevoir leurs factures de manière dématérialisée. Une mesure de simplification qui doit leur faire gagner du temps et faciliter les paiements. Mais les PME ne sont pas toutes prêtes.
Le 1er septembre 2026, toutes les entreprises devront recevoir leurs factures de manière dématérialisée, et les grandes entreprises et entreprises de taille intermédiaire (ETI) devront également les émettre ainsi. Et un an plus tard, à partir du 1er septembre 2027, toutes les entreprises, même les plus petites, devront à la fois émettre et recevoir leurs factures électroniquement .
La France n'est pas pionnière en la matière : la facture électronique existe en Italie depuis 2019 et au Mexique depuis 2014, par exemple. Elle a beaucoup "d'aspects positifs", souligne Dominique Périer, en charge du sujet au Conseil national de l'ordre des experts-comptables (Cnoec). Pour le fisc d'abord, qui connaîtra désormais l'évolution des rentrées de TVA au jour le jour , "un vrai enjeu pour l'économie", selon Dominique Périer.
Mais aussi pour les entreprises, en simplifiant leur tâches comptables et en les aidant à "retrouver de la trésorerie", avec des paiements accélérés. La réforme leur évitera aussi certaines escroqueries.
"Mettre au carré"
Pour Damien Charrier, président du Cnoec, la facture électronique "n'est pas une contrainte administrative, mais un véritable levier de compétitivité et de sécurisation ".
Corollaire de la réforme, les fraudes à la TVA devraient devenir plus difficiles. "Ça va mettre au carré tous ceux qui dissimulaient", sourit Michel Picon, président de l'organisation patronale U2P (entreprises de proximité).
Le plus compliqué pour les petites entreprises pas forcément "geek" sera l'obligation de s'équiper d'une "plateforme de dématérialisation partenaire" (PDP), rebaptisée en juillet plus simplement "plateforme agréée" (PA). Celles-ci sont déjà 108 à essayer de capter la clientèle des entreprises françaises. "Les gens sont un peu paumés", remarque Michel Picon.
Selon un baromètre de l'institut de sondages Opinionway, 39% des entreprises de moins de 250 salariés déclarent être opérationnelles ou avoir déjà engagé un plan pour passer à la facture électronique, mais 3 sur 10 estiment n'être "pas du tout prêtes" . Et seules 21% savent déjà quelle PA choisir, mais une sur deux n'en connaît encore aucune.
Outre le ministère de l'Économie, dont le site fournit de nombreuses informations, les experts-comptables ont lancé une campagne nationale intitulée "Dépêchez-vous de prendre le temps", pour inciter les entreprises à préparer la réforme en prenant rapidement conseil auprès d'eux. Ils animent aussi le site "Ma facture-Mon expert".
Michel Picon, également agent général d'assurance dans le Gard, indique à l' AFP qu'il compte lui-même sur son expert-comptable pour le conseiller.
"Une complication momentanée"
Au cabinet de recrutement A.U Conseil RH à Amiens, c'est la "super assistante" de la dirigeante, Gaelle Uhlrich, qui est en charge du sujet. "Elle suit tous les webinaires et formations qu'elle peut", remarque cette dernière.
Raphaël Frémin, dirigeant de Nettpro France, entreprise de nettoyage de locaux professionnels en Île-de-France, a commencé depuis quelques mois à envoyer des factures électroniques à ses clients, via une plateforme leader du secteur. Comme elles sont assorties d'un lien de paiement, il constate "qu'elles sont payées plus vite".
"On est une minorité" à avoir pris les devants de la réforme, observe-t-il, mais "c'est mieux que de tous sauter dans le bain en même temps".
Gaelle Uhlrich s'interroge néanmoins sur l'impact écologique de "toutes ces données stockées sur des serveurs".
À l'U2P, Michel Picon voit la facturation électronique comme "un mal nécessaire" pour les entreprises, "une complication momentanée" , comme le prélèvement à la source.
Il la compare aussi à la mise en place ces dernières années de la Déclaration sociale nominative (DSN) : l'employeur transmet désormais électroniquement d'un coup les informations du salarié aux organismes sociaux (Urssaf, CPAM, caisses de retraite, etc.) au lieu d’un imprimé différent pour chaque caisse auparavant. "Ca a créé de la perturbation au début, mais maintenant personne ne voudrait revenir en arrière", selon lui.