Salaires : une hausse de 4,5% en moyenne en 2023, dans le sillage de l'inflation
information fournie par Boursorama avec Media Services 14/09/2023 à 09:30

Les niveaux d'augmentation sont exceptionnels : les salaires n'ont augmenté que de 0,6% en moyenne par an entre 1996 et 2018 selon l'Insee.

( AFP / MYCHELE DANIAU )

L'inflation devrait être quasiment compensée par les hausses de salaires en 2023, selon plusieurs études récentes et des experts contactés par l' AFP. Mais le ralentissement économique pourrait gripper les augmentations dès 2024. Les hausses de salaire sont attendues à 4,5% en moyenne en 2023, d'après une enquête publiée jeudi 13 septembre par le cabinet de recrutement PageGroup.

Une étude du cabinet de ressources humaines LHH publiée fin août indiquait, elle, que la moitié des salaires en France connaîtront en 2023 une augmentation supérieure à 4,7% et que 93% des entreprises "ont prévu des mesures salariales" cette année.

Ces niveaux sont exceptionnels: les salaires n'ont augmenté que de 0,6% en moyenne par an entre 1996 et 2018 selon l'Insee. Ils viennent compenser une hausse des prix à la consommation attendue à 5% en moyenne pour l'ensemble de 2023, après 5,2% en 2022, toujours selon l'Institut national de la statistique. Une augmentation surtout sensible sur les prix des produits alimentaires (+11% sur un an en août).

"Avant, on avait une inflation d'énergie, maintenant on a une inflation de supermarché" , relève Benoît Serre, vice-président de l'Association nationale des directeurs de ressources humaines (ANDRH), qui pointe "un peu plus de fébrilité chez les dirigeants parce que l'inflation continue". Et comme l'an dernier les prix avaient progressé nettement plus vite que les salaires, "sur deux ans, on n'a pas rattrapé pour la population moyenne le niveau de l'inflation" , explique à l' AFP Laurent Blanchard, directeur général de PageGroup France.

Le directeur du département analyses et prévisions de l'OFCE, Éric Heyer, estime le décrochage des salaires par rapport aux prix à deux points de pourcentage. Pour cet économiste, les employeurs ont aujourd'hui "des marges pour augmenter les salaires sans avoir à répercuter (ces hausses) sur les prix" et sans pour autant provoquer une spirale inflationniste.

Pouvoir de négociation "inégal"

Face à l'inflation, les hausses de rémunération ont plus souvent que par le passé pris la forme d'augmentations générales et des "mesures salariales complémentaires" ont été prises par 60% des entreprises, relève LHH. Parmi elles, la prime de partage de la valeur a été versée par 45% des entreprises pour un montant médian déclaré de 775 euros, précise ce cabinet.

Les augmentations générales des ouvriers, employés, techniciens et agents de maîtrise (OETAM), qui ont pour certains bénéficié des hausses du Smic intervenues au 1er janvier et au 1er mai 2023, sont supérieures à 4,6% dans la moitié des cas, contre 4% pour les cadres, selon le cabinet Deloitte. En tenant compte des dispositifs de rémunération variable et de l'épargne salariale, les augmentations médianes sont de 7,0% et 3,0% respectivement pour les OETAM et les cadres.

Le pouvoir de négociation reste toutefois très inégal selon les salariés. PageGroup relève ainsi que 40% d'entre eux "ont le sentiment de ne pas avoir eu leur salaire revalorisé au cours des deux dernières années".

Et selon une enquête réalisée par le cabinet Robert Half, "45% des femmes et 48% des 45-65 ans déclarent n'avoir perçu aucune augmentation au cours des douze derniers mois" , contre seulement 35% des hommes en général et 30% des 18-34 ans.

Alors que débutent les négociations annuelles dans les entreprises sur les hausses de salaire pour 2024, le ralentissement conjoncturel pourrait limiter les augmentations à venir. "Qui dit 'ralentissement marqué' dit 'destruction d'emplois et augmentation du chômage'", auquel cas le rapport de force changerait "en défaveur des salariés", note Eric Heyer.

"Le nombre de créations d'emploi est un peu moins dynamique depuis trois, quatre mois", constate de son côté Laurent Blanchard, de PageGroup. Le directeur de cabinet de recrutement ajoute toutefois que le taux de chômage, supérieur à 7% pour l'ensemble de la population, "est plutôt à 4%", dans les métiers qualifiés, pour lesquels les entreprises sont prêtes à accorder des augmentations importantes afin de fidéliser des salariés. Une tendance qui devrait selon lui perdurer.